"Derrière de procédé se cache une évidence inquiétante : le méchant, c’est le Juif. Procédé odieux qui porte un nom : "antisémitisme". L’autre, l’adversaire, n’est plus combattu sur le terrain des idées, seul légitime, mais est essentialisé, et d’une manière insidieuse et profondément raciste. Mais certains, visiblement, ont pris l’habitude détestable de traquer le racisme anti-musulmans y compris là où il n’y a en réalité que critique de l’emprise politique de l’islam sur la société civile, tout en recourant eux-mêmes à des procédés incontestablement antisémites, donc racistes."
Contexte: Journal belge : "le sulfureux (mais hyper drôle !) Dieudonné"
Source: Les carnets de Nadia Geerts
"L’hebdomadaire satyrique Pan [Demelenne MacCarthyse] consacre cette semaine un articulet à Claude Demelenne. On sait depuis longtemps que la rédaction de Pan ne voit pas d’un bon œil, c’est le moins qu’on puisse dire, les critiques de l’islam radical, qu’elle est prompte à assimiler à de l’ "islamophobie" ou à du racisme à peine voilé. Soit. Je déplorerai toujours cette manie du raisonnement binaire, qui ne laisse aucune place à la nuance, mais là n’est pas l’essentiel. Pan, en effet, conclut son article par cette phrase :
"Prophètes du péril islamique aux incessantes lamentations, Jérémie Demelenne et son compère Elie (Alain) Destexhe – qui ne rate pas une occasion non plus de crier haro sur les ‘barbus’ – vont finir par passer pour les Dupond-Dupond du Mossad."
La "judaïsation" des prénoms n’est pas nouvelle sur la toile. Suite à ses prises de positions anti "barbus" après la manifestation de soutien à Gaza, le comédien Sam Touzani avait déjà été rebaptisé "Samuel ". Son crime ? Avoir manifesté en faveur de la Palestine, et s’être alarmé de la tonalité religieuse, voire islamiste et antisémite de certains slogans. Pour certains, dès lors, le diagnostic était clair : Sam Touzani était pro-israélien (une absurdité pour tous ceux qui le connaissent un tant soit peu, notamment dans son soutien à la cause palestinienne), "sioniste", donc juif… Une équation simpliste qui fait de tout critique de l’islam radical un Juif.
Rebelotte aujourd’hui avec Claude Demelenne et Alain Destexhe, rebaptisés Jérémie et Elie, et ce alors que rien, dans l’article en question, ne permet de penser qu’ils auraient de quelconques affinités avec Israël ou le judaïsme (et quand bien même !). Simplement, ils critiquent l’islamisme.
Derrière de procédé se cache une évidence inquiétante : le méchant, c’est le Juif. Procédé odieux qui porte un nom : "antisémitisme". L’autre, l’adversaire, n’est plus combattu sur le terrain des idées, seul légitime, mais est essentialisé, et d’une manière insidieuse et profondément raciste. Mais certains, visiblement, ont pris l’habitude détestable de traquer le racisme anti-musulmans y compris là où il n’y a en réalité que critique de l’emprise politique de l’islam sur la société civile, tout en recourant eux-mêmes à des procédés incontestablement antisémites, donc racistes."
Ce site est dédié aux millions d'Européens qui, malgré d'incessantes campagnes de désinformation, ne croient pas que les Juifs ne sont capables que du pire; ne dissimulent pas leur antisémitisme dans le langage de l'antisionisme; et savent qu'Israël représente ce qu'il y a de meilleur dans une démocratie.
1 commentaire :
Pendant une petite trentaine d’années après la découverte des camps d’extermination, le souvenir brûlant du nazisme avait empêché une telle assimilation abusive de l’antisémitisme au racisme ordinaire. Puis, à partir de 1967, dans le contexte d’une politique israélienne qui, aux yeux de beaucoup, faisait passer le juif du statut de victime à celui d’occupant et d’oppresseur, on a eu vite fait d’oublier les enseignements de l’Histoire. C’est ainsi, par exemple, que le MRAP, né après la guerre comme Mouvement « contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix », est devenu, sans changer de sigle, le Mouvement « contre le Racisme et pour l’Amitié entre les peuples ».
Or, qu’on le veuille ou non, la haine antisémite n’est pas un « exemple parmi tant d’autres » de la haine raciste, elle possède des caractères propres et irréductibles : entre autres, elle se nourrit d’une diabolisation qui pousse d’emblée à l’élimination. Le raciste méprise, hait, expulse, tue parfois. L’antisémite moderne, lui, est toujours tenté « d’aller jusqu’au bout », comme le dit Adorno, c’est-à-dire jusqu’à la destruction totale, car il croit sérieusement qu’il en va de sa propre survie. Il n’est que de se pencher sur un certain discours arabe extrémiste pour constater la persistance, à travers le temps et les latitudes, de l’archétype du juif empoisonneur, malfaisant et comploteur résumé par Les Protocoles des Sages de Sion. L’objet de la détestation antisémite, ce n’est pas tel ou tel défaut supposé du juif, c’est l’être même du juif démoniaque.
Passer à côté de cette spécificité, c’est suivre une logique du nivellement conduisant tout droit à parler d’alarmisme face à l’inquiétude juive, voire à dénigrer l’entêtement de ces juifs (comme au Moyen Age…) qui persistent à arguer de la singularité de leur passé. Minimisant, banalisant les éléments objectifs de leur histoire, on a alors la tentation de les suspecter de particularisme hautain, de manque de solidarité et, à la limite, de… racisme !
Depuis plusieurs décennies, dans certains milieux « insoupçonnables d’antisémitisme », on s’est permis de prononcer le qualificatif de sioniste sur le ton d’une quasi-injure, presque équivalente à fasciste, alors que de tous temps des juifs de gauche et d’extrême gauche, laïcs, démocrates et pacifistes, s’en sont réclamés. Ce faisant, on s’est laissé aller, par solidarité avec la cause palestinienne, à cautionner toutes les dérives sémantiques. Celles-ci ont atteint leur paroxysme quand le sionisme fut officiellement assimilé au racisme par les instances onusiennes. Délire verbal loin d'être dépassé aujourd’hui, et avec lequel les pays arabes ont voulu encore renouer en 2001 à la Conférence internationale de Durban, sans que la voix de beaucoup de chrétiens se fasse entendre.
À une époque où l’idéologie de la globalisation tend à relativiser, voire à dévaloriser toutes les prétentions nationales, le sionisme ne peut faire figure que de monstre anachronique et politiquement incorrect. On fait semblant d’oublier que ses origines remontent au XIXe siècle, comme celles des patriotismes de tant de nations. On focalise les récriminations sur cette nation-là, sur cet Etat-là, en acceptant et parfois en reprenant les arguments des « antisionistes » pour qui c’est la légitimité d’Israël elle-même qui est mise en question, pour qui c’est son existence même qui fait scandale. Ainsi donc, les juifs, diabolisés comme comploteurs internationaux lorsqu’ils étaient dispersés et apatrides, le sont aujourd’hui parce qu'ils ont réussi à fonder un Etat-nation.
Enregistrer un commentaire