samedi 10 avril 2010

Hongrie: le chef de l'extrême droite porte le keffieh palestinien

"Le Jobbik prétend qu'Israël, prévoyant sa défaite inéluctable au Proche-Orient, cherche à "acheter" la Hongrie - par l'intermédiaire "d'Allemands qui s'appellent Samuel", selon M. Vona - afin de disposer d'une position de repli en Europe."


Même en Hongrie, les Palestiniens deviennent "la référence" ...

Extraits de la tribune de Joëlle Stolz correspondante du Monde à Vienne (L'inquiétant héritage de la "souffrance hongroise")

"Tandis que le parti Fidesz du chrétien conservateur Viktor Orban (57 % des intentions de vote) met à l'honneur la couronne de Saint-Etienne, premier roi de Hongrie, le jeune chef du Jobbik, Gabor Vona, [photo, à droite avec un gardien du parti] arbore le keffieh palestinien : la Hongrie serait-elle aussi un "territoire occupé", victime d'une injustice historique ?

Le Jobbik prétend qu'Israël, prévoyant sa défaite inéluctable au Proche-Orient, cherche à "acheter" la Hongrie - par l'intermédiaire "d'Allemands qui s'appellent Samuel", selon M. Vona - afin de disposer d'une position de repli en Europe.

La Hongrie fut pourtant le premier pays communiste à aborder la question alors largement taboue à l'Est de l'extermination des juifs, rappelait un colloque organisé, début février, par l'Institut culturel français de Budapest. Elle a adopté, le 22 février, une loi qui réprime la négation de l'Holocauste. Mais 4 % seulement des jeunes Hongrois connaissent le sens de ce mot, et la presse de droite imprime des tirades antisémites d'une virulence inouïe, appelant une "police culturelle" à éliminer des bibliothèques les oeuvres de ces "traîtres à la patrie" que sont les écrivains juifs ou libéraux. Même les modérés considèrent que la "souffrance hongroise" prime les autres, les "juifs" ayant à leurs yeux joué un rôle majeur dans l'oppression communiste, comme dans les dérives, depuis, du libéralisme.

En dénonçant Israël et le traité de Trianon, le Jobbik trouve un écho au-delà des frontières. "Ném ! Ném ! Soha !", figure sur des tee-shirts vendus au bord des routes de Transylvanie, région de Roumanie où vit une dynamique communauté hongroise."
Gardien du parti Novvik

Photos: BNP allies draw up “enemies of Hungary” list

- Hungary: the writing on the wall, par Karl Pfeifer
- Projection d'un film nazi de propagande antisémite à Budapest

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

* LE MYTHE D'ARAFAT

Les émeutiers à la tête du mouvement de la révolte prétendument spontanée qui a récemment secoué l’opinion publique hongroise sont principalement membres de certaines forces d’opposition situées très clairement à l’extrême-droite du prisme politique hongrois.

A savoir : le Parti de la justice et de la vérité (Miep) d’Istvan Csurka (au discours obsessionnellement antisémite, parti fondé en 1993) , le parti Jobbik (parti politique dirigé par David Kovacs) et le Mouvement de la jeunesse des 64 Comtés de la Hongrie historique (mouvement dirigé par Laszlo Toroczkai, transfuge autrefois débarqué du Miep par Istvan Csurka…).

Soit des mouvements politiques résiduels (et sans représentation parlementaire, n’ayant pas même assez de voix aux élections de 2002 et 2006 pour entrer au parlement de Budapest…) d’extrême droite, très largement composés de skinheads et de hooligans des clubs de foot de Budapest. Tous partis qui ont un programme commun assez clair : non à l’Union européenne, non à l’OTAN et non aux droits des minorités nationales de Hongrie (en particulier slovaques, roms et juifs).

Nostalgiques du régime autoritaire protofasciste de l’entre-deux guerres, admirateurs de l’Amiral Miklos Horthy et – surtout – du Dictateur plus clairement fasciste et antisémite Ferenc Szalasi, leur programme politique est clairement antioccidental, teinté d’antisémitisme et ultranationaliste. Ces partis politiques et leurs adhérents ne cachent guère leur nostalgie irrédentiste de la Grande Hongrie, telle qu’elle existait à l’époque de l’Empire austro-hongrois sous le nom de Transleithanie (ou Royaume de Hongrie).

Le problème dans les revendications ouvertement nationalistes de ces manifestants (et tout le problème pour la stabilité géopolitique de l’Europe centrale et de tout l’espace danubien), c’est que les "64 comtés" en question de l’ancien Royaume de Hongrie couvrent en fait une bonne partie de l’actuelle Croatie, de la Slovaquie, de la Roumanie ainsi que des bouts non négligeables des actuelles Autriche, Serbie et Ukraine.

Voilà donc un programme de révision des frontières qui - s’il venait jamais à être mis en application - aurait en tout cas de quoi redessiner totalement la carte de la moitié de l’Europe : l’Europe centrale, une région du continent Europe où la question des minorités et la tracé des frontières inter-étatiques ne sont, contrairement à ce qu’on pense généralement à ce sujet en Europe occidentale, ni consensuels ni encore réglés, quinze ans seulement après la fin du communisme.