Suisse: une note des Affaires étrangères sur Israël jugée trop sévère

"Le document, qui tient sur une page et demie A4, mentionne les relations avec d’autres Etats comme l’Iran ou la Syrie, mais ne stigmatise apparemment le non-respect du droit international que pour Israël."

C’est sur fond de tensions que le voyage de cinq parlementaires en Israël s’achève. Car quelques jours plus tôt, une séance de la Commission de politique extérieure du National s’est révélée très animée, vient de révéler le SonntagsBlick. Objet du courroux: une "note" du Département fédéral des affaires étrangères sur le Proche-Orient. La majorité de la commission l’a jugée trop technique, et surtout partiale et sévère envers Israël. Elle a demandé au DFAE de revoir sa copie.

Le sujet est sensible. Le DFAE jugé "anti-israélien" ? La critique revient régulièrement sur le devant de la scène. Selon la note, dont le journal dominical publie un extrait, le DFAE souligne qu’Israël et la Suisse entretiennent de bonnes relations "mais que l’approfondissement de la coopération bilatérale est parfois rendu difficile par le fait qu’Israël ne s’en tient pas au respect du droit international". Voilà la phrase qui a fait bondir des parlementaires, de droite essentiellement. Le document, qui tient sur une page et demie A4, mentionne les relations avec d’autres Etats comme l’Iran ou la Syrie, mais ne stigmatise apparemment le non-respect du droit international que pour Israël. Comment le DFAE se justifie-t-il ? "Nous demandons à Israël exactement ce que nous demandons à tous les Etats de la planète: le plein respect du droit international, en particulier du droit international humanitaire", répond simplement le porte-parole, Adrian Sollberger. Contactée, l’ambassade d’Israël en Suisse ne souhaite pas réagir pour l’instant.


Carlo Sommaruga (PS/GE), lui, parle de "machination". La discussion sur la politique suisse au Proche-Orient a été mise à l’ordre du jour sur demande de Mario Fehr (PS/ZH) et le DFAE n’a pu fournir qu’un document peu abouti dans un délai rapide, dit-il. "C’est le lobby pro-israélien qui a fait un croc-en-jambe à Micheline Calmy-Rey pour empêcher la discussion, déjà inscrite à l’ordre du jour, sur la suite à donner au rapport Goldstone", dénonce-t-il. Le rapport porte sur les violations du droit international perpétrées par les parties au conflit dans le cadre des opérations menées à Gaza avant, pendant ou après la période allant du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Le Genevois juge que la fuite dont a bénéficié le SonntagsBlick a pour seul but d’empêcher qu’une discussion sérieuse ait lieu.

Martine Brunschwig Graf (PLR/GE), elle, souligne que le "document technique» a surtout été jugé 3insuffisant sur le plan politique et manquant de perspective". Les parlementaires attendaient une approche plus globale de la politique suisse au Proche-Orient. A propos d’Israël, la Genevoise affirme que la Suisse a, à plusieurs reprises, pris des "positions déséquilibrées". «Je n’approuve de loin pas toutes les positions du gouvernement israélien actuel. Néanmoins, une simple statistique des résolutions votées au Conseil des droits de l’homme montre qu’il y a dans ce conseil une position déséquilibrée à l’égard de l’Etat d’Israël. La Suisse a contribué à ce déséquilibre. J’attends du Conseil fédéral – et du DFAE – qu’il prenne conscience que l’on ne peut prétendre jouer un rôle de facilitateur dans la région dès lors que notre pays est vu comme partial. Il y a un lien de confiance à restaurer", commente-t-elle.

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