"Pour les gars de El País, la judéophobie espagnole est une affaire internationale."
Les statistiques sur l'antisémitisme en Espagne sont certainement préoccupantes, mais ce qui est encore plus préoccupant est la façon dont la rédaction du quotidien classe cette information. Il me semble que si l'on parle d'antisémitisme en Espagne il est approprié et logique de faire paraître l'article dans la rubrique "Espagne". Mais pour les gars de El País, la judéophobie espagnole est une affaire internationale :
Je déduis que :
1) Pour le quotidien, les Juifs espagnols ne sont pas suffisamment espagnols et/ou que la haine envers les Juifs espagnols de la part de non-Juifs espagnols n'a rien à voir avec l'Espagne.
2) Que El País s'emmêle les pinceaux avec les termes israélien, juif et israélite [Nous avons, hier, relevé la même confusion dans la presse belge].
[Définitions reprises du Larousse
Israélien, enne, adj. et n. De l'Etat d'Israël, de ses habitants.
Juif, ve, n. 1. (Avec une majuscule) Personne appartenant à la communauté israélite, au peuple juif. 2. Personne qui professe la religion judaïque. adj. Relatif aux Juifs, aux juifs.
Israélite, adj. et n. 1. Relatif à l'Israël biblique, à son peuple. 2. Juif. Communauté israélite.]
Par conséquent, on peut être israélite et espagnol et, c'est évident, juif et espagnol, bien que le journal du groupe de presse Prisa ait des doutes à ce sujet. La honte.
- L'antisémitisme reste élevé en Europe, surtout en Espagne
- Espagne - El País : Nazis et Juifs bras dessus bras dessous
- El País fait la leçon à l'ambassadeur d'Israël en Espagne
- Réflexions d'Enrique Krauze sur Gaza
1 commentaire :
Les juifs espagnols se sont tus ...
ils paraissent avoir choisi, depuis l’Inquisition de " los Reyes
Catolicos " la stratégie du silence, faire le moins de bruit possible, se fondre dans la société. Et bien c’est un échec cinglant ! Ils ne se font toujours pas accepter et cet épisode médiatique est là pour le rappeler.
Comment expliquer cette haine cyclique contre les juifs ?
Certains avancent que c’est en raison d’un niveau culturel bas (?)
Il est évident que la culture, la civilisation et l’histoire juive ont été effacées de la mémoire collective.
Une autre raison parait être celle d’un antisémitisme refoulé et perpétuellement latent qui n’attend que l’opportunité de l’actualité pour rejaillir. Ainsi, la deuxième Intifada a fourni le prétexte parfait à l’explosion d’une nouvelle vague
d’antisémitisme.
Certains journalistes, ont donc saisi l’occasion qui se présentait à eux pour diaboliser les juifs, Israël, les sionistes, mettant le tout dans un même sac d’accusation.
Après plusieurs siècles d'oubli consécutifs à l'expulsion des juifs d'Espagne, ce pays a redécouvert, voici quelque cent cinquante ans, la diaspora judéo-espagnole et le lien historique avec les descendants des exilés de 1492. De nombreuses ambiguïtés ponctuent depuis lors les étapes du rapprochement hispano-juif.
Rencontres et évitements ; nostalgie envers une culture survivant hors des frontières et visées néo-coloniales en Méditerranée ; solidarité affichée à l'égard des " Espagnols sans patrie ", mais refus de rapatriements aux heures sombres des pogroms et de la Shoah : d'innombrables ambiguïtés ponctuent les étapes du rapprochement hispano-juif, jusqu'au sauvetage des juifs par Franco durant la Seconde Guerre mondiale.
La " question juive " s'est nourrie en Espagne d'affrontements parlementaires à propos de la liberté religieuse, des échos de l'affaire Dreyfus ou encore de l'édition des Protocoles des sages de Sion. Paradoxe : la marginalisation des Chuetas de Majorque, la persistance d'un antijudaïsme populaire, la création, en 1941, d'un Fichier juif se sont conjuguées avec l'exaltation de Sefarad.
Aujourd'hui se dessinent de nouveaux enjeux politiques et mémoriels : statut de la judaïcité espagnole issue d'immigrations récentes, réappropriations du legs médiéval, dialogue avec les différentes instances du judaïsme mondial.
A LIRE / L'Espagne contemporaine et la question juive, les fils renoués de la mémoire et de l'histoire.
de Danielle Rozenberg.
Presses universitaires du Mirail-Toulouse , Toulouse/collection Tempus/Parution : décembre 2006.
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