jeudi 8 octobre 2009

Espagne - El País : Nazis et Juifs bras dessus bras dessous

"Intéressante sans doute, par son caractère véridique, la surprenante alliance d’une partie du peuple juif avec ses bourreaux."

[Nous rappelons: "Les comparaisons d'Israël à l'apartheid - ou les comparaisons plus radicales et de nos jours plus fréquentes aux nazis - ont fait irruption en Europe de l'Ouest et dans le monde arabe dans les années 1970, et maintenant on les trouve partout." (Paul Berman)]

Cette traduction d'un article ahurissant d'Eugenio Suárez parue dans le journal El País ("Nazis y judíos revueltos", Nazis et Juifs bras dessus bras dessous) sur le livre écrit il y a deux ans par un certain Benito Cabo intitulé "Le Dossier Sion" fait le bonheur de plusieurs blogs "antisionistes".

L'article serait "la réponse du journal El Pais aux pressions sionistes", en l'occurrence la publication d'un rapport de l'ADL (Espagne: un antijudaïsme virulent en hausse).
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"Nazis et Juifs bras dessus bras dessous
Par Eugenio SUÁREZ, El Pais (Esp) le 21/09/2009 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Il y a 70 ans débutait la guerre mondiale et un de ses chapitres collatéraux les plus terrifiants fut l’extermination des Juifs. Penser au mot nazi évoque immédiatement son contraire : Juif. Pour sa rareté – du moins pour moi – je crois intéressant de rendre compte d’un livre curieux qui n’ayant pas rencontré d’écho médiatique à ce jour, n’a été tiré qu’en un nombre restreint d’exemplaires. Comme il en faut pour tous les goûts ["hay gente pa tó"], je me permets de le signaler à nouveau au nom de la curiosité qu’il peut susciter.

Il traite de circonstances qui sont restées secrètes ou connues de très peu de gens, de pactes, d’accords et de communauté d’intérêts entre Hitler et les Juifs sionistes. Le livre, sous forme romancée, comporte des documents en annexe avec de solides références sur les faits présentés. Son titre : El expediente Sión [Le dossier Sion], publié par les éditions Depha en 2007. Son auteur : Benito Cabo, un Asturien d’Avilés, licencié en droit de la Complutense [université de Madrid], qui réside et travaille à Madrid. Voilà pour les références.

Le récit commence avec l’affrètement d’un vieux bateau nommé Sparta, qui quitta en 1941 le port roumain de Constantza avec à bord 769 Juifs Roumains qui aspiraient – moyennant un prix très élevé – à se rendre au port de Haïfa en Palestine. Deux années s’étaient donc écoulé depuis l’éclatement du conflit et la signature du pacte germano-soviétique suivis par le déclenchement des hostilités entre l’Allemagne et l’URSS. Connaissant l’antisémitisme nazi que j’ai vécu à la fin de cette guerre en qualité de correspondant de presse à Budapest, j’avais vu, soit dit en passant, des choses de manière très directe lorsque j’avais hébergé certains de ces êtres sans défense avec une étoile jaune cousue sur leurs vêtements.

Le navire se nommait en réalité Struma comme le confirme la documentation, il battait pavillon panaméen ; et l’odyssée de sa cargaison humaine en Méditerranée pendant 74 jours, est relatée avec minutie dans le livre. Comment est-il possible que près d’un millier de Juifs aient tenté l’aventure d’atteindre la terre promise d’Israël en cette période et dans de telles conditions ? Lorsque, après un voyage difficile, ils furent en vue de la terre de Palestine, les autorités britanniques – haïes par les Arabes et par les Juifs – qui exerçaient un dur protectorat (je suis allé là bas) soupçonnant la manœuvre, refusèrent la permission d’accoster et le bateau renta alors de rallier Istanbul. Là bas, les Turcs, cédant à une exigence anglaise, le refoulèrent implacablement. Et, terme d’un périple difficile de plus de deux mois, à dix milles d’Istanbul, un sous marin russe tira une torpille qui coula le navire. Une seule personne en réchappa, dont le nom apparait dans le livre et qui vit maintenant aux Etats Unis.

LA grille d’’interprétation proposée par le récit est incroyable et en même temps vraisemblable. Les Juifs sionistes entrent en contact avec les autorités allemandes via l’ambassadeur d’Allemagne à Ankara, Franz Von Papen, ex-chancelier de la république de Weimar et allié fidèle d’Hitler.

La proposition était simple : l’Allemagne soutient l’installation des Juifs en Palestine, où un commando spécial attaquera la cité portuaire d’Haïfa ; les Juifs de toute l’Europe afflueraient en Israël pour fonder un Etat autonome et une base allemande qui couperait l’alimentation en pétrole arabe, neutraliserait le canal de Suez et les forces britanniques se retrouveraient enfermées dans un piège mortel. De son côté, Rommel empêcherait la retraite des troupes britanniques, le tout réalisé avant l’intervention des Etats Unis sur le continent européen. Le Royaume Uni se verrait obligé de demander ou d’accepter la paix et l’armée allemande aurait les mains libres pour affronter le véritable ennemi : la Russie soviétique. Le Führer avait approuvé le projet, faisant la distinction entre sionistes et Juifs en général, voués à l’extermination selon son idéologie politique.

Je ne veux pas gâcher l’intérêt du récit, vraiment passionnant, à part le phénomène contagieux qui n’a pas épargné l’auteur et qui consiste à employer des mots vulgaires pour décrire des situations érotiques non nécessaires et qui affaiblissent une partie de la narration.

Intéressante sans doute, par son caractère véridique, la surprenante alliance d’une partie du peuple juif avec ses bourreaux."

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Combien d'autres surprises !

En 1920, Wilhem Filderman est devenu le représentant de l'"American Jewish Joint Distribution Committee" en Roumanie et en 1923, a été élu président de l'Union des juifs de Roumanie. Entre les deux guerres mondiales, il a combattu l'antisémitisme, et a travaillé pour la réalisation effective d'une pleine citoyenneté pour les Juifs. Filderman également publié un certain nombre de livres contre l'antisémitisme. Il est opposé à une politique nationale juive et une fête juive distincte. En 1927 Filderman est élu membre du Parlement roumain sur la liste du parti libéral. Il est aussi le président de la communauté juive de Bucarest (1931-33), et dans la même période, il est devenu président de la Fédération des communautés juives. En 1937, pendant la période de règne dictatorial du Roi Carol II , quand tous les groupes politiques ont été dissous, la Fédération des communautés a également repris les fonctions de la représentation politique des Juifs. Quand l'Europe élargie a été constituée (1929), il a été élu par la Fédération des communautés en tant que délégué non-sioniste à son congrès de Zurich.

Après Septembre 1940, lorsque Ion Antonescu ( le « Pétain » roumain) a pris la direction du pays, Filderman intervint avec lui en tant que représentant de la Fédération, à plusieurs reprises afin d'obtenir la révocation de mesures sérieuses, telles que le port du badge jaune, la déportation de Juifs roumains vers les camps nazis en Pologne, etc . Au début de 1942, la Fédération est dissoute. Bien que Filderman n'avait plus aucun statut officiel, il a continué à adresser des mémorandums à caractère personnel aux autorités roumaines, dénonçant les mesures raciales. Il est membre du Conseil clandestin juif, formé de représentants des principaux courants juifs, quand il exprime son opposition à la taxe spéciale de quatre milliards de lei roumains exigé des Juifs par le régime Antonescu. Il fut envoyé en Transnistrie (Mars 1943), puis de revint après trois mois, grâce à l'intervention du nonce du pape et les ambassadeurs suisses et suédois. De retour à Bucarest, il a immédiatement signalé au gouvernement roumain, la terrible situation des déportés en Transnistrie et demande leur retour, qui a été obtenu à la fin de la même année.

Après la guerre, il redevient président de la Fédération des communautés et de l'Union des juifs de Roumanie et le représentant du Comité paritaire de discipline. Peu de temps après, cependant, il entra en conflit avec les communistes juifs, qui voulaient que les institutions juives s'affilient à leur parti. Filderman a été arrêté en 1945 et libéré seulement après une grève de la faim de cinq jours. Par la suite il a été maintenu en résidence surveillée pendant trois semaines. Il était de plus en plus attaqué dans la presse communiste. En 1948, il a secrètement quitté la Roumanie, après avoir été informé qu'il serait à nouveau arrêté (cette fois sur des accusations d'espionnage au profit de la Grande-Bretagne), et s'installe à Paris. Selon sa volonté, ses archives ont été transférées à Yad Vashem.

BIBLIOGRAPHIE: *

Curierul Israelit (Oct. 30, 1932); T. Lavi, in: Yad Vashem Studies , 4
(1960), 261–316. Curierul Israelit (Oct. 30, 1932); Lavi T., in: Yad Vashem Studies, 4 (1960), 261-316.

* Theodor Lavi