mercredi 17 novembre 2010

Belgique: protestation au Centre pour l’Egalité des Chances suite à un dérapage

"Une personne au moins au Centre utilise sa position pour diffuser des textes véhiculant des sous-entendus antisémites."

Nous avons déjà évoqué cette triste histoire dans ce post Lapidation dans l'Islam ... et évocation de la Bible

Repris du blog de Viviane Teitelbaum

Ce courrier de protestation a été envoyé au Président, Hervé Hasquin, et également à MM De Witte et Delruelle. D’autres personnes ont rejoint les premiers signataires. Si vous souhaitez également signer faites le ici via le blog ou par mail à vivianeteitelbaum@skynet.be ou à ycaelen@gmail.com
La liste complète des signataires sera envoyée le 23 novembre prochain.

Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur, Monsieur le directeur adjoint,

Il y a quelques jours, nous avons constaté que votre site internet publiait un texte, dont nous reproduisons ci-dessous une partie du contenu in extenso [publié dans les deux langues nationales: le français et le néerlandais] :

"Mail en chaine: Lapidation filmé par GSM
Tout comme beaucoup d’entre vous, nous avons été très choqués par la cruauté du film. Celui-ci sera d’ailleurs transmis à la Fédéral Computer Crime Unit de la Police Judiciaire Fédérale (FCCU) qui permettra d’identifier sa source.
En ce qui concerne les informations annexées à ce film, nous pouvons vous communiquer les éléments de réponse suivants :
Il est fait mention d’un certain nombre de versets du Coran, extraits provenant d’une traduction dont la source n’est pas mentionnée.
Etant donné que le Coran ne mentionne pas explicitement la lapidation comme peine, ni pour adultère, ni pour quelque autre crime (elle est citée dans l’Ancien Testament et le Talmud et rejetée par le Nouveau Testament), on peut en conclure que l’intention de l’auteur du mail est de rendre la religion musulmane comme responsable de cet acte barbare. Ainsi, nous pouvons considérer que l’auteur en faisant un amalgame entre la lapidation et le Coran, son but est de nuire à la Communauté musulmane sans aucune nuance. S’il est vrai que ce supplice se produit encore dans certains pays, il provient de milieux extrémistes qui exploitent la religion dans un but d’imposer un nouvel ordre moral dans leur société en opposition avec les moeurs de l’occident."

Nous avons constaté récemment que ce texte (dont nous avons conservé l’original que nous tenons à votre disposition) avait été remplacé par une version largement remaniée et donnant davantage de détails quant à la source originale et au contenu du film en question.

Nous nous permettons donc de vous faire part des cinq préoccupations suivantes :

1. Une personne au moins au Centre utilise sa position pour diffuser des textes véhiculant des sous-entendus antisémites.

Nous sommes évidemment soulagés de constater que vous ayez retiré la précédente version de ce texte de votre site internet. Nous souhaitons toutefois marquer sans aucune ambiguïté notre indignation quant au fait que ce premier texte ait pu à un moment donné se retrouver sur le site internet d’une organisation officielle ayant pour vocation la lutte contre toutes les formes de racisme et de discrimination

Outre que celui de vos collaborateurs qui est à l’origine de ce texte semble vouloir exonérer l’Islam de toute forme de lien avec la pratique de la lapidation (ce sur quoi nous reviendrons plus loin), nous trouvons extrêmement grave que votre collaborateur se soit senti obligé d’y ajouter une référence à "l’Ancien Testament et (au) Talmud".

Une incise aussi incongrue dans un texte n’ayant a priori aucun rapport avec la religion juive ou le peuple Juif ne peut en effet avoir pour raison d’être que de semer la confusion et de jeter le discrédit, voire à inciter à la haine vis-à-vis de ces derniers.

Pour rappel, aucun pays et aucun groupe humain n’ont appliqué ce type de châtiment, pour aucune raison que ce soit, au nom du judaïsme depuis l’antiquité.

Ce qui pourrait paraître n’être qu’une maladresse, éventuellement excusable, dans le chef d’un individu ordinaire agissant sous le coup de la confusion ne peut selon nous, quand de tels propos sont tenu dans le cadre et sous le couvert d’une institution publique jouissant d’un certain crédit dans l’opinion publique que relever, au moins, de la faute professionnelle et de la manipulation.


Nous vous remercions donc de diligenter l’enquête nécessaire pour identifier l’auteur de ce dérapage et de prendre les mesures qui s’imposent afin que le nom de votre institution ne puisse plus être utilisé pour se livrer à de telles manoeuvres.

2. Dans ce cas au moins, le Centre incite à l’indignation, voire à la dénonciation, sans l’exercice adéquat de l’esprit critique

Même si dans le nouveau texte publié, on trouve un lien vers un blog qui peut, en cherchant un peu, nous permettre d’accéder aux images incriminées nous n’avons toujours pas une exacte connaissance du contenu du document que vous souhaitez dénoncer. Il nous semble comprendre qu’il s’agit d’une vidéo accompagnée de commentaires et c’est à ces derniers que s’adresse la critique du Centre.

Dans un souci de respect du citoyen et afin d’éviter de le déresponsabiliser en rendant impossible toute analyse critique personnelle, il nous semble que si le CECLR souhaite rendre le document public, il doit au moins rendre clairement public les commentaires qu’il considère comme litigieux et les raisons pour lequel il les considère comme tels. Ce d’autant plus que la première version de votre texte appelait directement à la dénonciation du dit document à la police.

3. Le Centre contribue à nier la réalité quant aux liens entre la lapidation et le système juridique et moral lié à la religion musulmane

Nous avons également la désagréable impression que tant la nouvelle version de votre texte que la précédente tendent à faire l’impasse sur la triste actualité de la question des lapidations commises au nom de l’Islam.

Nous espérons ne pas avoir à vous rappeler qu’il n’y a aucun doute à ce sujet

Même si la lapidation dont il est question dans le film que vous évoquez est le fait d’un groupe de Yézidis, et n’est donc manifestement pas commise au nom de la religion musulmane, ce fait ne devrait pas servir de prétexte pour escamoter le fait que LA PLUPART DES lapidations sont commises au nom de l’Islam.

L’emploi du conditionnel dans ce cadre (cela “constituerait” une incitation à la haine) est d’ailleurs interpellante quant au malaise que vous avez vous même face au type de conclusion que vous osez tirer.

Nous supposons, en effet, que nous ne devons pas vous rappeler que :

- Les pays qui pratiquent la lapidation aujourd’hui sont L’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan, le Nigeria, le Pakistan, le Yémen et l’Indonésie. Tous le font au nom de l’Islam. Dans tous les cas, la lapidation est pratiquée par des autorités publiques et pas, comme l’affirme le premier texte que vous avez publié, par des "milieux extrémistes".
- Si le Coran ne mentionne pas la lapidation, comme le disait ce premier texte, il n’en va pas de même de certains hadiths (paroles rapportées du fondateur de la religion musulmane) qui sont plus explicites à ce sujet
- A l’article 62 du communiqué final de la 31e session de la conférence islamique des Ministres des Affaires étrangères (qui s’est tenue du 14 au 16 juin 2004 à Istanbul), on peut lire que celle-ci a "dénoncé la décision de l’Union Européenne concernant la condamnation de la peine de la lapidation et des autres peines qualifiées d’inhumaines et qui sont appliquées dans certains Etats membres en vertu des dispositions de la Charia".
- Le code pénal iranien mentionne, par exemple, textuellement que "Les pierres utilisées pour infliger la mort par lapidation ne devront pas être grosses au point que le condamné meure après en avoir reçu une ou deux. Elles ne devront pas non plus être si petites qu’on ne puisse leur donner le nom de pierre. La taille moyenne est choisie généralement afin de faire expier la faute par la souffrance".
- De nombreuses conférences prononcées par des théologiens musulmans (parmi lesquels Hani Ramadan, le frère du célèbre Tariq Ramadan) défendent bel et bien la lapidation comme une partie assumée de l’héritage musulman.

4. Le Centre n’exerce pas son rôle d’organe de lutte contre les discriminations en refusant d’examiner sereinement la réalité

Les crimes d’honneur sont, comme vous le remarquez avec pertinence, "à dénoncer avec force". Pour ce faire, il est nécessaire d’abord de constater qu’ils ont été introduits chez nous par "importation". Il conviendrait d’examiner sereinement où, dans le monde, ils se pratiquent le plus. Ce n’est pas du racisme, mais le fondement même de la démarche scientifique, que d’établir certaines corrélations fondées. Cela permet tout simplement de mieux en comprendre les sources et d’agir pour les empêcher.

5. En se posant en défenseur des religions (ou plus précisément d’une religion) le Centre court le risque de négliger le cœur même de sa mission

La mission du Centre ne consiste pas selon nous à proposer des interprétations des pratiques de telle ou telle religion (la lapidation est-elle islamique ou non) ni a prendre la défense de leurs contenus. En agissant ainsi, le Centre risque bel et bien de tourner le dos au coeur de sa mission (lutter contre les discriminations). Il y a en effet un réel risque ici d’encourager les individus à pratiquer eux-mêmes la discrimination (contre leurs propres femmes, sœurs ou filles ; contre leurs voisins ou voisines considérés comme " impurs",…), le repli ou la violence, à cultiver leurs haines intra ou intercommunautaires, voire à se replier sur des conceptions culturelles incompatibles avec la vie dans une démocratie moderne.

6. Le Centre semble n’exercer aucun contrôle sérieux sur ce qui est écrit en son nom

De manière plus générale, nous trouvons très inquiétant qu’un texte tel que celui que nous citons ci-dessus ait pu se trouver ne fût-ce que temporairement accessible au public sur votre site internet.

Nous espérons évidemment que vous prendrez toutes les mesures nécessaires pour éviter les écueils dangereux que nous dénonçons ci-dessus.

Veuillez croire, Monsieur le Président, Messieurs, en l’expression de nos sentiments distingués

Viviane Teitelbaum, députée et Yves Caelen

2 commentaires :

Rudi a dit…

Il serait intéressant de savoir ce qui se passe au Cabinet Milquet depuis qu’il a été mis au courant de cette affaire ainsi que le secrétariat privé du Premier. Mais il est pratiquement certain que la
Véronique Lefrancq, responsable des assises au Cabinet Milquet et accessoirement représentante
du Cercle européen de la communauté marocaine et des amis du Maroc pour défendre le nouveau code de famille de Mohammed VI au Sénat belge…, va essayer d'étouffer l'affaire auprès de sa Ministre. On est en droit de supposer que c'est aussi elle qui a étouffé que des participantes aux assises comme Nadine Rosa Rosso et même la modératrice des débats, Nadia Fadil, sont
des adeptes du Hamas, de Souhail Chichah et de tout ce que la Belgique compte comme personnages haineux contre les Juifs. Quand j'ai posé la question à la ministre ce qu’une personne pareille faisait dans les assises elle tombait des nues... et minimisait tout de suite le rôle de cette Fadil. Passons sur le fait qu’elle est aussi connue pour son cri de guerre "Fuck Flanders" sur son facebook quand la Flandre avait décidé d'interdire le foulard à l'école. Pour rassembler les deux communautés dans ce pays, la Ministre Milquet pouvait difficilement trouver mieux.

Rudi a dit…

Rien ne doit encore nous étonner dans ce pays, après les multiples dérapages du MRAX dont la ministre qui les arrose avec largesse, Fadila Laanan, reste très muette après avoir été informée à ce sujet. Quelle différence par rapport à sa participation enthousiaste (voir les photos publiées sur le net) à la tête de la manifestation du 11 janvier 2009 quand on y criait "mort aux Juifs". Mais sans doute que pour ces responsables d'égalité des chances que "mort aux juifs" n'est plus du racisme?

On attend la réaction de la Ministre Joëlle Milquet au sujet du CECLR, ou est-ce qu'elle agira aussi comme la Muette de Laanan?
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complément d'information à ce film circulant sur le Net :
Le CECLR a encore laissé le texte original du dérapage sur son site à au moins 2 autres endroits

Contrairement au texte du Centre "Etant donné que le Coran ne mentionne pas explicitement la lapidation comme peine, ni pour adultère, ni pour quelque autre crime" qui est FAUX le Coran parle explicitement de la lapidation. La seule chose qui n'est pas claire est la raison/peine pour laquelle on doit/peut lapider.
Voir la liste des versets ci-dessous qui accompagnaient la séquence filmée et j'ai vérifié tous ces versets dans une traduction française autorisée du Coran et elles sont authentiques!

Aussi l'Imam de Genève, Youssef Ibrams du conseil européen de la Fatwa et invité à un colloque universitaire à l'Université d'Anvers avait dit: interrogé en 2004 sur la lapidation, il soutient qu'elle n'a pas lieu d'être en Suisse mais que son principe, figurant dans les hadiths équivalent des évangiles ne saurait être remis en cause. Le propos a suscité un tel tollé qu'il est renvoyé sur-le-champ. Surtout que Youssef Ibram est membre du Conseil européen de la Fatwa, organe qui cherche à aider les musulmans d'Europe à exercer leur foi sans contrevenir aux lois occidentales.

Un texte de Tarik Ramadan!
D'ailleurs, si la majorité est d'avis que les conditions exigées pour l'application de la peine de mort ou de la lapidation sont «quasiment impossibles à réunir», dans la réalité, de nombreux hommes et femmes sont châtiés, lapidés et exécutés au nom des textes et «sans que la conscience des musulmans du monde entier s'émeuve outre mesure», explique M.Ramadan.

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Sourate 11:91
Sourate 19:46
Sourate 24:8
Sourate 26:116
Sourate 36:18
Sourate 44:20
Sourate 67:5