mercredi 11 novembre 2009

Baudouin Loos fait un rêve plaisant : le mur tombe et Ariel Sharon meurt

"Une rumeur se répand, qui fait frissonner les gens : ce matin, Ariel Sharon, qui avait ordonné la construction du mur en 2002, est décédé dans l’institution où il était maintenu en vie artificiellement depuis son attaque cérébrale de 2006. Il est midi. Le soleil est au zénith."

Baudouin Loos, l'un des journalistes du quotidien belge Le Soir spécialisés dans le conflit israélo-arabe se révèle être également un poète capable de créer une fiction. Le style angélique ne doit pas tromper. L'expertise de Baudouin Loos consiste à donner des mauvais points aux Israéliens - ce n'est pas de la géopolitique, ce n'est pas de l'analyse politique avec toute sa complexité. Non, c'est une question de saisir toute opportunité pour attribuer des mauvais points aux Israéliens, même s'il prend la précaution de toujours convoquer "un bon juif/israélien" qui critique vivement ses compatriotes emprisonnés "dans un ghetto de parano" , et il va de soi que des bons points sont octroyés aux Palestiniens. Avec le bon goût auquel Le Soir nous a habitués, Loos met en scène la mort d'Ariel Sharon. Même le soleil participe à l'ambiance festive - il est au zénith.

Extraits de la "fiction" :

"Nadia pleure doucement. Ses trois petits enfants, incrédules, s’accrochent à sa robe, hésitant entre enthousiasme et appréhension. Combien de personnes sont-elles arrivées aux abords du camp de réfugiés [selon la célèbre phrase de l'éditorialiste portugaise Helena Mota "chez les Palestiniens, le statut de réfugié est éternel et transmissible"*] d’Aïda, à Bethléem, en ce matin ensoleillé du 9 novembre 2013 ? [...]

"Je n’y crois pas, nous déclare Amr, épicier au camp et mari de Nadia. Que s’est-il passé pour que notre cauchemar paraisse soudain se terminer ? Comment les Israéliens ont-ils fini par reconnaître un État palestinien et admettre que ce mur de la honte devait disparaître ?" Pourtant, Amr sait la réponse. À 32 ans, il n’a connu que l’occupation, mais cet ancien activiste de la seconde intifada qui a passé trois ans dans les geôles israéliennes a bien suivi la chronologie récente. Ébahi mais ravi. [...]

Simon, jeune cadre dans la finance, vient d’arriver de Tel-Aviv, avec sa femme et ses deux filles. "Depuis le “oui” des Israéliens la semaine dernière au référendum, on s’attendait un peu à cette explosion pacifiste, ici à Jérusalem et dans les alentours. Je n’aurais voulu manquer cela pour rien au monde. Vous savez, ce mur hideux n’enfermait pas seulement les Palestiniens. Il emprisonnait les Israéliens dans un ghetto de parano sans doute compréhensible mais qui nous minait tous." [...]

Une rumeur se répand, qui fait frissonner les gens : ce matin, Ariel Sharon, qui avait ordonné la construction du mur en 2002, est décédé dans l’institution où il était maintenu en vie artificiellement depuis son attaque cérébrale de 2006. Il est midi. Le soleil est au zénith."
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* "Chez les Palestiniens, le statut de réfugié est éternel et transmissible : Que veut dire exactement l’expression "camp de réfugiés palestiniens à Gaza" ?

Elle veut dire qu’à Gaza, en territoire palestinien, il y a des Palestiniens qui ont quitté, il y a des décennies, des localités qui font aujourd’hui partie d’Israël (et également de la Jordanie et de l’Egypte, car une partie du territoire de l’Etat palestinien créé en 1948, en même temps que l'Etat d’Israël, fut refusée par les pays arabes, et finit par été intégrée dans ces deux pays). Ces Palestiniens gardent le statut de réfugiés dans des territoires palestiniens qu’ils administrent eux-mêmes.

Une situation équivalente qu’on peut concevoir aurait pu être celle des rapatriés portugais* s’ils avaient été confinés dans des camps et que certains d’entre eux avaient eu à l’époque des droits différents de ceux des habitants du reste de la métropole. De même qu’à l’heure actuelle leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et toute leur descendance étaient toujours considérés comme des réfugiés au Portugal et exigeaient le droit de retour aux localités qu’ils avaient fuies dans les années 70.

Le statut de réfugiés chroniques a condamné les Palestiniens à une exclusion qu’aucun pays démocratique n’accepte pour ses citoyens. C’est pour cette raison que les rapatriés [des colonies africaines portugaises] sont aujourd’hui simplement des Portugais comme les autres. Tout comme les milliers de Juifs qui, après la création de l’Etat d’Israël, ont dû fuir les pays arabes, comme le Maroc, l’Egypte, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Algérie, la Tunisie et le Yémen, sont aujourd'hui tout simplement des Israéliens.
* En 1974, le Portugal, qui comptait 9 millions d'habitants, a accueilli 700.000 rapatriés ("retornados") de ses anciennes colonies, l’Angola, le Mozambique, etc."

Sources: Blasfémias et Philosémitisme pour la traduction

Pour rappel:
-
Les 39 conflits majeurs dans le monde en 2008
-
ONU: chez les Palestiniens le statut de réfugié est éternel et transmissible
-
Barriers (liste de tous les murs d'"apartheid" dans le monde)

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Et on ose nous parler de Réfugiés, de Droit au Retour ....

Le Conseil norvégien pour les réfugiés, une ONG, a dénombré fin 2006, un total de 24'5 millions de personnes déplacées à l'intérieur même de leur pays (à la différence des réfugiés stricto sensu qui fuient à l'étranger), dans un rapport publié à Genève.

"Que 4 millions de personnes ont été déplacées en 2006 du fait de conflits armés, soit plus de deux fois plus que lors des années précédentes", a observé Thomas Colin Archer, secrétaire général du Conseil.

A la fin de l'an dernier, environ
3'6 millions de déplacés avaient pu rentrer chez eux, mais le total a tout de même augmenté à 24'5 millions contre 23'7 millions en 2005.

"Avec la prolifération des mouvements armés dans de nombreux conflits, le déplacement de civils n'est souvent pas seulement un conséquence de la guerre, mais bien une stratégie délibérée, utilisée à la fois par des mouvements rebelles et les Etats", ont déplorés les auteurs du rapport annuel sur les déplacés dans le monde.

Parmi les 17 pays où les gouvernements et/ou des forces d'occupation ont directement ou indirectement provoqué les déplacements de populations, le rapport cite le Centrafrique, où le nombre de déplacés est passé de 50.000 à 150.000 en l'espace d'un an, et le Tchad, où les incursions soudanaises dans l'est du pays ont déplacé brusquement 100.000 personnes.

Près de la moitié des personnes nouvellement déplacées en 2006 l'ont été en Irak, et au Liban durant les combats entre Israël et le Hezbollah.

La plupart des déplacés au Liban comme en Israël sont rentrés chez eux après le cessez-le-feu conclu en août, mais les Irakiens continuent à fuir du fait de la violence entre chiites et sunnites.

Les déplacés les plus nombreux se trouvent au Soudan (5 millions), en Colombie (348 millions), en Irak, en Ouganda et en RD Congo
(147 millions).

Le rapport estime que huit pays réagissent "avec indifférence ou hostilité" aux besoins de protection de leurs populations déplacées et ne leur apportent au mieux qu'une assistance humanitaire très réduite. Outre le Centrafrique et la RD Congo, il s'agit de la Birmanie, de l'Indonésie (Papouasie occidentale), du Pakistan, de la Somalie, du Soudan et du Turkménistan.

Pourra-t-on lire dans les médias, la description de ces stratégies délibérées d'expulsion de certains Etats à l'encontre de leur propre population, ou continuera-t-on à se focaliser sur les "colonies juives", qu'on ne cesse de démanteler pour satisfaire aux exigences de la communauté internationale, en échange d'une paix durable ?!