jeudi 19 novembre 2009

Qu’est-ce qu’être "pro-palestinien" signifie, en réalité ?, Khaled Abu Toameh

"Les Palestiniens n’ont aucun besoin que des étudiants ou des professeurs sur des campus universitaires leur disent qu’Israël est méchant. Ils disposent déjà d’assez de cette sorte d’incitation venant du Hamas, du Fatah et d’autres médias et leaders arabes."

Source: Actu.co.il pour la traduction française

Durant les dernières années, on a assisté à une augmentation significative du nombre de non-palestiniens qui se décrivent comme des militants "pro-Palestiniens". On peut, la plupart du temps, rencontrer ce genre de personnages sur les campus universitaires d’Amérique du Nord et d’Europe

Ce qui est frappant, c’est que la plupart de ces militants "pro-Palestiniens" n’ont jamais mis les pieds au Moyen-Orient, abandonnant à elles-mêmes la Bande occidentale de Cisjordanie ou la Bande de Gaza. Dans la plupart des cas, ils ne sont pas Arabes ni même Musulmans.

Qu’est-ce donc qui fait d’eux des "pro-Palestiniens" ?

Selon leur vision des choses, inciter à la haine contre Israël sur des campus universitaires ou publier des textes, matériaux "antisionistes" sur Internet leur suffit pour s’octroyer le titre de "pro-palestinien". Mais ce que ces gens-là n’ont pas réalisé, c’est que leurs actions et paroles concourent, le plus souvent, à très peu pour faire progresser les intérêts des Palestiniens. Dans pas mal d’exemples, ces actions et discours s’avèrent même contreproductifs.

Il est difficile de voir en quoi organiser des évènements telles que "la Semaine de l’Apartheid israélien" sur un campus universitaire pourrait bien être d’une utilité quelconque pour la cause des Palestiniens. N’y a-t-il pas déjà suffisamment d’incitation anti-israélienne propagée par les médias arabes et islamiques ?

S’il y en a bien qui méritent d’être appelés "pro-Palestiniens", ce sont ceux qui font campagne publiquement contre la corruption financière et les abus commis à l’encontre des Droits de l’Homme par le Fatah et le Hamas. Ceux qui tentent de changer le système de l’intérieur, eux, appartiennent au véritable camp "pro-Palestinien". Ce sont ces personnalités courageuses qui se tiennent debout aussi bien face au Fatah qu’au Hamas et qui les appellent à cesser de s’entretuer et à commencer de faire quelque chose qui serait susceptible d’améliorer les conditions de vie de leurs électeurs.

Au lieu de dépenser leur argent et leurs efforts à organiser la "Semaine contre l’Apartheid israélien", par exemple, ces "pro-Palestiniens" autoproclamés auraient pu envoyer une délégation de professeurs dans les villages palestiniens et les camps de réfugiés pour apprendre l’anglais aux jeunes palestiniens. Ou ils auraient pu envoyer une autre délégation dans la Bande de Gaza pour observer les violations des droits de l’homme par les autorités du Hamas et aider les femmes palestiniennes à affronter les fondamentalistes musulmans qui essaient de limiter leur rôle à cuisiner, élever les enfants et à pourvoir aux besoins de leurs maris.

Là est l’idée : substituons la Semaine de la Démocratie Palestinienne à la Semaine Contre l’Apartheid Israélien, qui pourrait servir à alerter et encourager l’exigence de mettre un terme à la corruption financière et à une mauvaise gouvernance. Les militants "pro-Palestiniens" en Occident, clairement, n’ont cure des réformes et de bonne gouvernance dans les territoires palestiniens. Pour autant que ces militants soient concernés, délégitimer Israël et faire de l’incitation contre les "Sionistes" est bien plus important que de pousser à mettre un terme à la corruption financière et à la violence au sein même de la société palestinienne.

Clamer au monde à quel point Israël et les Juifs sont mauvais et démoniaques n’aide pas les Palestiniens, autant que le fait d’exiger un bon gouvernement et d’encourager à l’émergence d’une classe dirigeante jeune et "propre" (intègre) dans les territoires palestiniens. Si le camp "pro-Palestinien" occidental investissait une somme équivalente de ses efforts anti-israéliens à promouvoir la modération et la notion de société civile parmi les Palestiniens, là oui, ce serait leur rendre une fière chandelle.

Hurler des slogans anti-israéliens ou organiser la Semaine de l’Apartheid israélien aux Etats-Unis ou au Canada ne fait pas nécessairement d’un individu un “pro-Palestinien”. Alors que promouvoir une meilleure gouvernance et des réformes dans les territoires palestiniens peut faire de la même personne un véritable "pro-Palestinien".

Les Palestiniens n’ont aucun besoin que des étudiants ou des professeurs sur des campus universitaires leur disent qu’Israël est méchant. Ils disposent déjà d’assez de cette sorte d’incitation venant du Hamas, du Fatah et d’autres médias et leaders arabes.

Il serait grand temps pour le camp "pro-Palestinien" occidental qu’il reconsidère ses politiques et ses tactiques. Il serait grand temps pour ce camp de prêter une oreille attentive aux voix authentiques des Palestiniens –ceux qui répètent nuit et jour que les Palestiniens désirent de bons dirigeants et la fin de la corruption financière, de l’anarchie et de l’absence de toute légalité.

Article original: What Does "Pro-Palestinian" Really Mean?, Hudson Institute

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

La politique du Hamas, calquée sur celle du Hezbollah, n'a réussi qu'à creuser des fosses communes, à aggraver la pauvreté, à vider les institutions de leur substance et à tuer toute vie intellectuelle et culturelle, qui, pourtant, pourrait offrir les bases d'une résistance à la portée autrement plus importante que les roquettes Qassam.

Le projet des régimes militaristes arabes a échoué. Il a eu raison de la renaissance culturelle et nationale arabe. Il a eu raison de ce qui aurait pu donner naissance à une démocratie arabe. Et, après le projet militariste, en voilà un nouveau, le projet nihiliste. Il aboutira au même échec, malgré les milliers de roquettes du Hezbollah, malgré la volonté de jeter les chiites dans ses guerres sanglantes permanentes, malgré les déclarations imbéciles de Mahmoud Ahmadinejad à Téhéran [sur la fin d'Israël].

Cet échec consiste dans l'incapacité de créer un homme arabe moderne ouvert au monde qui puisse contribuer, ne serait-ce qu'un minimum, aux divers aspects de l'universalisme, culturels, économiques et technologiques. Le repli sur soi actuel empêche la création et l'innovation et s'oppose à la communication avec le monde extérieur. Ce nihilisme ne prépare pas des victoires, mais creuse des tombes.

La disposition des islamistes à subir des dommages collatéraux – et même à mettre en œuvre des tactiques spécialement conçues pour causer la mort de leurs propres civils – ne les empêche pas d’exploiter les victimes civiles pour gagner la sympathie des opinions publiques, tant dans leur pays qu’au niveau international. Des comptes rendus approfondis de l’observatoire israélien des ONG, NGO Monitor montrent comment les contre-attaques israéliennes qui font des victimes palestiniennes déclenchent des critiques d’Israël par des organisations de défense des droits humains dont les condamnations ignorent ou minimisent le droit d’Israël à se défendre.

(*) Pour les islamistes, tout geste de modération ne sera jamais qu’une tactique politique ou une concession forcée et non une réforme ou un réel compromis politique ou idéologique.

Comment les sociétés occidentales doivent-elles combattre les groupes islamistes? Pour vaincre l’idéologie politique qui sous-tend l’islamisme, les civils musulmans doivent développer une alternative viable et concrète aux organisations islamistes et représentant clairement la communauté musulmane au sens large.

L’idéologie étant immuable, si la population lui retire son soutien, les mouvements islamistes deviendront impuissants.

(*) March 4, 2008.

L’asymétrie psychologique de la guerre islamique.

Irwin J. Mansdorf est directeur du David Project à Midreshet Lindenbaum, à Jérusalem.

Mordechai Kedar a passé 25 ans dans les services de renseignement militaire des Forces de défense israéliennes en qualité d’expert du discours politique arabe et enseigne aujourd’hui la langue arabe à l’université de Bar-Ilan.

VO: http://www.meforum.org/
article/1867