mardi 8 septembre 2009

Bichara Khader: "Israël pratique la forme du terrorisme la plus abjecte"

"Israël aura beau jeu de dire qu’il est la victime "innocente" d’un terrorisme radical de type religieux, alors que c’est lui qui pratique la forme du terrorisme la plus abjecte, les bombardements au phosphore blanc." (Bichara Khader)

Extraits d'une tribune intitulée "Déchirures palestiniennes" de Bichara Khader publiée dans La Libre Belgique (08/08/2009). Bichara Khader est considéré comme un éminent intellectuel belge francophone. Il est professeur à la Faculté des Sciences politiques, économi­ques et sociales de l'Université catholique de Louvain (UCL)*.

"La mort en 2004 de son dirigeant historique, Yasser Arafat, l’a privé [le Fatah] d’un chef charismatique et d’un politicien hors pair. Le Fatah a perdu non seulement le capitaine, mais aussi le gouvernail et la boussole. Il [le Fatah] ressemble donc à un bateau à la dérive balloté par le vent."

"Le Fatah a misé sur la négociation politique comme seule stratégie pour atteindre l’objectif de la libération. Ce n’était certes pas un mauvais choix étant donné le rapport de forces en présence et surtout la pression internationale et arabe dans ce sens. Mais quand le Fatah a constaté que la négociation tournait à la duperie, permettait à Israël de gagner du temps, de multiplier les faits accomplis dans les territoires occupés, de poursuivre, de manière inexorable, la construction du Mur de la honte et le processus de judaïsation de la ville de Jérusalem, le Fatah qui constitue l’épine dorsale de l’Autorité palestinienne aurait dû en tirer les conclusions et changer de stratégie. Pas nécessairement par un retour à la lutte armée, mais par l’organisation d’une résistance non-violente et surtout par une campagne d’information pour mettre à nu le double-jeu du partenaire israélien."

"A quoi sert en effet de continuer à épater la galerie en disant que nous voulons régler le problème par la négociation si Israël continue à défier en toute impunité la légalité internationale, à violer toutes les conventions de Genève, et à faire fi du principe fondateur des Accords d’Oslo paix contre territoire ?"

"Israël aura beau jeu de dire qu’il est la victime "innocente" d’un terrorisme radical de type religieux, alors que c’est lui qui pratique la forme du terrorisme la plus abjecte, les bombardements au phosphore blanc."

"Lisez les discours de Netanyahou et vous y trouvez toute la panoplie: Israël, Etat démocratique, menacé par des fanatiques, et antisémites, voués à sa destruction. Voilà la nouvelle rengaine constamment claironnée par les dirigeants israéliens. Le combat contre Israël n’émane d’aucun sentiment de haine à l’égard des Juifs mais d’une quête désespérée de justice. Les Palestiniens sont épris de paix et aspirent à une solution par la voie de la négociation mais la résistance légitime et reconnue comme telle par le droit international demeure une option."

"Le peuple palestinien a fait des concessions douloureuses puisqu’il négocie le partage de ses propres entrailles, mais ce peuple a assez enduré; il ne peut continuer à mener une existence au rabais. Les peuples arabes constituent la profondeur stratégique de la lutte palestinienne . La Palestine a besoin d’être sans cesse irriguée par leur solidarité active.

Le combat palestinien est celui de tous les Arabes. Les Etats-arabes ont fait à Israël l’offre la plus généreuse, appelé le Plan arabe de la Paix: Israël doit saisir cette branche d’olivier; à défaut, les Arabes doivent assumer leurs responsabilités."

Lire également :
- Belgique: les bien chers frères Khader et la guerre occulte contre Israël
- Bichara Khader et la "dé-existence" palestinienne

* Bichara Khader a créé, au sein de l'Institut d'Etudes du Développement, le Centre d'Etu­des et de Recherches sur le Monde Arabe Contemporain de l'Universi­té catholique de Louvain. Il a été membre du Groupe des Hauts Experts sur la Politique Européenne de Sécurité Commune et membre du Groupe des Sages pour le dialogue cultu­rel euro-méditerranéen [présidence européenne 2003-2004]. Il est éga­lement membre du Centre d'Etudes des Crises et des Conflits Interna­tionaux de LLN.

2 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

* L’identité palestinienne se confondait avec l’identité arabe et se situait de fait dans le cadre territorial de la Grande Syrie. Ce nationalisme dominant était fonction des intérêts de la classe dirigeante composée alors d’un ensemble de notables, émanation des familles féodales, qui fondaient leur pouvoir sur la propriété de la terre. Le caractère dominant de cette féodalité était la recherche d’un point d’appui dans un pouvoir extérieur (Amman, Le Caire, etc.).

Le Fatah naît en 1959 sous la poussée d’un groupe issu du Koweit – par des étudiants de Judée-Samarie (ex-Cisjordanie !).

Ces forces se réfèrent au nassérisme et au baassisme et partiellement au marxisme. Pour elles, la lutte des Palestiniens est partie intégrante du mouvement national arabe qui a ses moteurs au Caire et à Damas.

Dans ce contexte marqué par l’hégémonie idéologique du panarabisme naît l’OLP en 1964, à l’initiative de l’Egypte, désireuse à la fois de contrôler les fedayins (combattants palestiniens), mais aussi de détacher la Palestine de la tutelle Jordanienne. Le jeune Fatah, qui a poussé à la formation de l’OLP est pour sa part décidé à se lancer directement dans la lutte armée et à refuser " la guerre de libération par procuration ", ce qui signifie s’émanciper de l'instrumentalisa-
tion nassérienne ou autre.

La Charte alors adoptée par l’OLP en 1964 contient une grosse ambiguïté. L’article 2, pour définir les frontières de la Palestine, se limite à faire référence à l’" époque du mandat britannique ". Or, quand le mandat britannique avait été institué, il n’y avait pas de division entre les deux rives du Jourdain. Cette ambiguïté – voulue – aura une grande importance dans la stratégie palestinienne. L’imprécision de la Charte dans la définition géopolitique de la " patrie palestinienne " va encourager la diffusion d’une idée-force selon laquelle la révolution en Palestine est dialectiquement liée avec la révolution en Jordanie (idée par ailleurs pleinement souscrite pendant un certain temps par Yasser Arafat).

Dès le 1er janvier 1969, le comité central du Fatah proclame que l’objectif final de sa lutte est la restauration de l’Etat palestinien indépendant et démocratique dont tous les citoyens, quelle que soit leur religion, jouiront de droits égaux. (!!!)

A lire: Le double jeu palestinien -Freddy Eytan.

http://jcpa-lecape.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=237

Anonyme a dit…

Ce Monsieur Khader a tout à fait raison...Même moi en tant que juif, je suis forcé de le reconnaître...On ne peut demander à un peuple d'accepter ceux qui s'installent sur leurs terres. Et cela, même Ben Gurion l'a dit. Je suis Juif mais pas sioniste. Mais maintenant, c'est trop tard...les Palestiniens disparaîtront et on en parlera plus dans 200 ans...