mercredi 9 septembre 2009

"LE JUIF Elie Wiesel", dixit "La Libre Belgique", pourquoi pas "l’ARABE Mouloud Aounit"?

Repris du site UPJF.org

"Encore un Juif parano, s’exclameront sans doute certains, à la lecture du titre de cet article. Cette mienne flèche fait allusion à la formule choquante utilisée par l’auteur (anonyme) de l’article du quotidien belge, reproduit ci-dessous [*], qui évoque la polémique autour de l’élection – inévitable, selon moi – au poste de directeur général de l’Unesco, du diplomate égyptien, Farouk Hosni. Mais, qu’y puis-je ? "LE JUIF Elie Wiesel…", ça me rappelle furieusement "Le Juif Süss" [**]. Imaginez le tollé, si nous écrivions dans nos journaux et sur nos sites : "L’Arabe Mouloud Aounit", pour ne citer que cette figure de proue du MRAP… Par ailleurs, l’article de Monsieur (ou Madame) M.M. fait l’impasse sur beaucoup d’autres choses et, entre autres, sur l’article cinglant de Bernard-Henri Lévy [***], ainsi que sur la protestation conjointe de Bernard-Henri Lévy, Claude Lanzmann et Elie Wiesel, parue dans "Le Monde" du 21 mai 2009 [****]. (Menahem Macina)."

[*] "Une élection polémique", M.M. (st.). ** Voir, dans Wikipedia, la notice "Joseph Süss Oppenheimer". [***] Paru dans Le Point du 4 juin 2009. [****] Je l'ai reproduite ci-dessous, après l’article de la "Libre Belgique" ¨[nous ne reproduisons que des extraits].

"Cette élection suscite pourtant un flot d’oppositions, liées à son prétendu antisémitisme. C’est que, par le passé, Farouk Hosni a déjà fait preuve d’attitudes tendancieuses à l’égard des Israéliens. En 2008, par exemple, il déclarait qu’il "brûlerait lui-même" les livres israéliens présents dans les bibliothèques égyptiennes. Les réactions ont fusé. Le juif Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix, a condamné ces actes dans "Le Monde", en mai dernier. Elie Wiesel et d’autres intellectuels français dénoncent également certains propos de Farouk Hosni, dont ceux qui auraient été publiés en 2001, dans un journal égyptien.

Des propos qui soulignaient alors "l’infiltration des juifs dans les médias internationaux", et que le ministre de la culture affirme "regretter".""
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Unesco : la honte d’un naufrage annoncé
Bernard-Henri Lévy, philosophe ; Claude Lanzmann, cinéaste et directeur de la revue Les Temps modernes ; Elie Wiesel, écrivain et Prix Nobel de la paix en 1986.
Le Monde, jeudi 21 mai 2009 [Texte accessible uniquement à titre onéreux sur le site du journal].

Qui a déclaré en avril 2001 : "Israël n’a jamais contribué à la civilisation à quelque époque que ce soit car il n’a jamais fait que s’approprier le bien des autres" - et a réitéré deux mois plus tard : "La culture israélienne est une culture inhumaine ; c’est une culture agressive, raciste, prétentieuse, qui se base sur un principe tout simple : voler ce qui ne lui appartient pas pour prétendre ensuite se l’approprier" ?

Qui a expliqué en 1997, et l’a répété ensuite sur tous les tons, qu’il était "l’ennemi acharné" de toute tentative de normalisation des rapports de son pays avec Israël ? Ou encore, en 2008, qui a répondu à un député du Parlement égyptien qui s’alarmait que des livres israéliens puissent être introduits à la bibliothèque d’Alexandrie : "Brûlons ces livres ; s’il s’en trouve, je les brûlerai moi-même devant vous" ?

Qui, en 2001, dans le journal Ruz Al-Yusuf, a dit qu’Israël était "aidé", dans ses sombres menées, par "l’infiltration des juifs dans les médias internationaux" et par leur habileté diabolique à "répandre des mensonges" ? A qui devons-nous ces déclarations insensées, ce florilège de la haine, de la bêtise et du conspirationnisme le plus échevelé ?

INCENDIAIRE DES CŒURS
A Farouk Hosni, ministre de la culture égyptien depuis plus de quinze ans et, à coup sûr, le prochain directeur général de l’Unesco si rien n’est fait avant le 30 mai, date de clôture des candidatures, pour arrêter sa marche irrésistible vers l’un des postes de responsabilité culturelle les plus importants de la planète.

Pire : les phrases que nous venons de citer ne sont que quelques-unes - et pas les plus nauséabondes - des innombrables déclarations de même teneur qui jalonnent la carrière de Farouk Hosni depuis une quinzaine d’années, et qui, par conséquent, le précèdent lorsqu’il prétend à un rôle culturel fédérateur à l’échelle du monde contemporain.

L’évidence est donc là : Farouk Hosni n’est pas digne de ce rôle ; Farouk Hosni est le contraire d’un homme de paix, de dialogue et de culture ; Farouk Hosni est un homme dangereux, un incendiaire des coeurs et des esprits ; il ne reste que très peu de temps pour éviter de commettre la faute majeure que serait l’élévation de Farouk Hosni à ce poste éminent entre tous.

Nous appelons donc la communauté internationale à s’épargner la honte que serait la désignation, déjà donnée pour quasiment acquise par l’intéressé lui-même, de Farouk Hosni au poste de directeur général de l’Unesco. Nous invitons tous les pays épris de liberté et de culture à prendre les initiatives qui s’imposent afin de conjurer cette menace et d’éviter à l’Unesco le naufrage que constituerait cette nomination.

Nous invitons le président égyptien lui-même, en souvenir de son compatriote, Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature, qui doit, à l’heure qu’il est, se retourner dans sa tombe, nous l’invitons, pour l’honneur de son pays et de la haute civilisation dont il est l’héritier, à prendre conscience de la situation, à désavouer de toute urgence son ministre et à retirer, en tout cas, sa candidature.

L’Unesco a, certes, commis d’autres fautes dans le passé - mais cette forfaiture-ci serait si énorme, si odieuse, si incompréhensible, ce serait une provocation si manifeste et si manifestement contraire aux idéaux proclamés de l’Organisation qu’elle ne s’en relèverait pas. Il n’y a pas une minute à perdre pour empêcher que soit commis l’irréparable. Il faut, sans délai, en appeler à la conscience de chacun pour éviter que l’Unesco ne tombe aux mains d’un homme qui, lorsqu’il entend le mot culture, répond par l’autodafé.

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

A PROPOS DE CULTURE : l'Egypte et les livres.


La quantité d’articles et d’ouvrages, le nombre d’éditions et de réimpressions, la qualité de ceux qui les rédigent, les publient et les soutiennent, la place qu’ils occupent dans les écoles et les universités, leur rôle dans les médias donnent à penser que l’antisémitisme classique fait désormais partie intégrante de la vie intellectuelle, presque autant qu’en Allemagne nazie, et beaucoup plus que dans la France de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle.

Mais, lorsqu’ils sont publiés et réédités dans le monde arabe, ils cessent d’être un produit purement européen pour entrer dans le courant général de la pensée arabe. Leur attrait est d’autant plus fort que, pour de nombreux musulmans et Arabes, l’idée des Juifs comme incarnant une force occulte omnipotente devient plus tangible et plus concrète en considérant les Protocoles comme un’manifeste sioniste appelant à la conquête du Monde‘. En même temps, le spectre d’une conspiration aussi puissante, aussi satanique, contribue également à atténuer le traumatisme psychologique et l’humiliation subis par les Arabes lors de leurs défaites successives devant Israël et l’Occident. En 2002, les Protocoles ont même été adaptés à l’écran dans un feuilleton de trente épisodes d’un coût de plusieurs millions de dollars, réalisé en Égypte par la radio et la télévision arabes, avec la participation de plus de 400 acteurs. Selon un important hebdomadaire égyptien, les téléspectateurs arabes ont enfin pu découvrir la stratégie essentielle qui, jusqu’à aujourd’hui, domine la ligne de conduite, les aspirations politiques et le racisme d’Israël .

Les intellectuels arabes et des antisionistes occidentaux qui, envers et contre tout, continuent à nier l’existence d’un antisémitisme 'sémite', affirment souvent qu’il y a une nette distinction entre Juifs et sionistes dans la littérature en question. En réalité, cela a rarement été le cas, même par le passé, et si une telle distinction a pu exister à un moment donné, elle a presque totalement disparu. Pendant plus de cinquante ans, le terme ‘Juifs’ (Yahoud) a en fait été confondu avec celui de ‘sionistes‘, (Sahyûniyyûn), ‘Israéliens’ , ou ‘les Enfants d’Israël’ (Banû Isrâîl), ou bien utilisé indifféremment. Le développement vertigineux de cette littérature et des commentaires violemment antisémites formulés par les journaux, revues, magazines, par la radio, la télévision, ou dans la vie quotidienne au Moyen-Orient a submergé la minorité d’Arabes qui tentaient de maintenir une séparation dans leurs attitudes envers les Juifs et leur rejet du sionisme. Qui plus est, depuis un certain nombre d’années, le raz-de-marée d’antisémitisme se cristallise en un véritable phénomène de masse. Il y a cinq ans, Daniel Pipes observait déjà :

Au cours des vingt années écoulées depuis Camp David, le sentiment des Égyptiens à l’encontre d’Israël n’a cessé de se détériorer. À une majorité écrasante, les hommes politiques, les intellectuels, les journalistes et les dignitaires religieux continuent à rejeter l’héritage de Sadate, à calomnier et à vilipender l’État juif.