mercredi 20 mars 2013

L'hostilité de l'Europe envers Israël à l'ONU

"Les Européens ont, de longue date, des normes à double-standard d’une portée considérable, concernant la façon dont ils traitent Israël, d’un côté, et le Monde Arabe, de l’autre. Ils font pression sur Israël et marchent sur des œufs, dès qu’il s’agit des Etats arabes ou islamiques radicaux. De là à diaboliser le peuple juif tout entier, il n’y a qu’un pas. Ce processus soude l’antisionisme et les assauts contre les droits légitimes du peuple juif, à l’antisémitisme. Le fondement de cette perception a été posé grâce au soutien de l’UE."

LessakeleDore Gold est Président du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, depuis 2000. Il a été ambassadeur d’Israël auprès des Nations-Unies entre 1997 et 1999.  Il a été interviewé par Manfred Gerstenfeld: "L’Europe, vue par Dore Gold : Des Distorsions anti-Israéliennes Constantes aux Nations-Unies".

[...]  La diplomatie européenne a, à certaines occasions, aussi cherché à affaiblir les revendications d’Israël sur Jérusalem et même à saper la position d’Israël sur la partie occidentale de la Ville.

Une attitude européenne similaire était manifeste, lors des Sessions Spéciales d’Urgence de l’Assemblée Nationale. Ces pays sont invités, dès qu’environ 90 états membres y sont convoqués. Une telle session peut avoir lieu à n’importe quel moment de l’année, pas seulement quand l’Assemblée Générale est réunie en session, entre septembre et décembre. Le plus fréquemment, l’ONU n’est pas désireuse de prendre des mesures contre le génocide. Elle n’a pas réussi, par exemple, à convoquer le Conseil de Sécurité ou les Sessions Spéciales d’Urgence de l’Assemblée Générale, pour le Rwanda ou le Darfour au Soudan.

Cela dit, les Sessions Spéciales d’Urgence ont pu se donner libre cours, avec le soutien européen, pour discuter de problèmes extrêmement marginaux, concernant la paix mondiale et la sécurité, à partir du moment où Israël était impliqué. Par exemple, en juillet 1997, les Etats arabes sont parvenus à convoquer une Session Spéciale de l’Assemblée Générale de cet acabit. Cela traitait des pratiques de construction israélienne, à Jérusalem-Est, à Har Homa, une colline désertique. Dans toute l’histoire de l’ONU, à peine dix sessions spéciales d’urgence ont eu lieu. Souvent, c’est la même session qui a été re- convoquée plusieurs fois de suite. Presque toutes traitaient du Moyen-Orient et d’Israël.  

J’étais ambassadeur d’Israël à l’ONU quand la Session Spéciale d’Urgence, qu’on vient d'évoquer, s’est réunie pour mettre Har Homa sur la sellette. J’ai fait une recherche pour savoir si elle s’était réunie quand les Soviétiques ont envahi l’Afghanistan ou la Tchécoslovaquie, quand le Vietnam a envahi le Cambodge, ou la Turquie a envahi Chypre, ou quand l’Inde a envahi le territoire pakistanais, ou quand le Maroc a envahi le Sahara Occidental.  Il s’est avéré qu’en cinquante ans d’existence, depuis la signature de la 4ème Convention de Genève, la Communauté Internationale n’a jamais recommandé la réunion des pays-membres contractant au plus haut niveau, dans aucun conflit. Le seul dossier qui demeure, jusqu’à aujourd’hui, concerne la construction d’appartements sur une colline de Jérusalem. Cette session a été décidée avec le soutien total de l’Europe. De surcroît, cette montée au créneau a conduit à la politisation des lois internationales humanitaires et à l’affaiblissement des conventions internationales.


Beaucoup de gens vivent dans l’illusion que les relations d’Israël avec les Nations-Unies -  et, par conséquent, aussi les Européens votant les cadres légaux qu’elle préconise - se sont réellement améliorées au cours des années 1990, durant la période où les Accords d’Oslo se sont instaurés. Une des premières choses que j’ai faites quand je suis arrivé à New-York, en 1997, a été de compulser les livres épais sur les cadres de vote, afin de voir comment les divers membres de l’ONU se prononçaient sur les problèmes cruciaux ayant trait à Israël.

Mes découvertes se sont avérées exactement inverses à ce mythe d’un idylle merveilleuse entre Israël l’ONU, au cours des années 1990. Le premier Accord d’Oslo a été signé le 13 septembre 1993. En moins de trois mois et un jour, à partir de cette signature, le 14 décembre 1993, l’Assemblée Générale de l’ONU a commencé à adopter sa longue liste habituelle de résolutions anti-israéliennes.

En juillet 2004, l’Assemblée Générale a adopté une résolution soutenant l’opinion du conseil de la Cour Internationale de Justice contre la barrière de sécurité qu’Israël construisait pour se protéger. On aurait pu s’attendre à ce que l’UE s’abstienne au cours de ce scrutin. Mais, avec la France à sa tête [sous le quinquennat de Jacques Chirac], l’Union Européenne a voté pour cette résolution.

Les Européens ont, de longue date, des normes à double-standard d’une portée considérable, concernant la façon dont ils traitent Israël, d’un côté, et le Monde Arabe, de l’autre. Ils font pression sur Israël et marchent sur des œufs, dès qu’il s’agit des Etats arabes ou islamiques radicaux. De là à diaboliser le peuple juif tout entier, il n’y a qu’un pas. Ce processus soude l’antisionisme et les assauts contre les droits légitimes du peuple juif, à l’antisémitisme. Le fondement de cette perception a été posé grâce au soutien de l’UE.

La position européenne à l’ONU n’est pas seulement un indicateur important de l’iniquité politique européenne envers Israël, mais aussi de sa propre faillite morale. L’Europe n’est jamais en posture de présenter pour Israël des remèdes à sa situation sécuritaire. Il est difficile de comprendre la source de cette faiblesse intellectuelle de l’Europe. Je me demande toujours si c’était pour de pures convenances politiques, ou ces représentants croient vraiment en ce qu’ils font et disent.

L’antisémitisme chrétien traditionnel est fondé sur des arguments théologiques. L’antisémitisme moderne repose sur une argumentation politique. Pourtant, tous les deux emploient de fausses accusations classiques contre le peuple juif.

Le Dr. Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans. Il a publié 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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