lundi 25 mars 2013

Quand les journalistes français s'empressent de reconnaître leur 'erreur'

Il est étonnant de voir avec quelle vitesse la presse française a reconnu qu'elle avait mal retranscrit les propos de Jean-Luc Mélenchon sur le ministre français des Finances Pierre Moscovici "un «petit intelligent qui a fait l'ENA», ne «pense pas en Français mais pense dans la langue de la finance internationale»".  En fait, M. Mélenchon a dit: "quelqu'un qui ne pense plus en français mais dans la langue de la finance internationale".  La subtilité saute aux yeux.

Commentaire de Gilles-William Goldnadel: "PS : on peut également sourire à cette sortie de Rabbi Jacob Mélenchon, («comment Salomon, vous êtes juif?»), s'étonnant d'apprendre que Moscovici l'était aussi. Je ne sais pas si Mélenchon est antisémite, mais je suis bien sûr de deux choses: - la grande gueule de la gauche extrême, ami de Théodorakis et de Chavez, camarade de combat d'un PCF dont les maires en sont à honorer les assassins de ministres juifs, comme à Bezons, la semaine dernière, n'est pas d'un philosémitisme exacerbé. - si le lien entre Moscovici et la finance internationale apatride avait été tracé par un responsable politique de droite ou Marine Le Pen, Harlem Désir et SOS-Racisme seraient déjà à vociférer dans la rue aux bras de leurs alliés si extrêmement fréquentables."

Comme on voit, il n'a fallu que quelques heures pour que toute la presse corrige son erreur ("en français" et pas "en Français").  Cette célérité est à mettre en parallèle avec le temps qu'il a fallu pour que certains journalistes reconnaissent que l'Israël-basher et icône médiatique Stéphane Hessel n'avait pas corédigé la Déclaration des droits de l'homme - il est vrai qu'Hessel et son entourage on contribué à l'entretien de cette fantaisie.  A propos, il semble qu'il n'a pas été "un témoins privilégie" non plus!

Voir par exemple Arte: Droits de l'homme: 3 questions à Stéphane Hessel, co-rédacteur de la Déclaration des droits de l'homme.

La fin d’une légende: Stéphane Hessel «co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme», par Pierre-André Taguieff. Extraits:

[...] Or, Hessel a tenu lui-même des propos pour le moins contradictoires sur sa «participation» à la rédaction de la Déclaration de 1948. N’en citons que quelques-uns, enveloppant des affirmations qui ne peuvent être vraies en même temps, et autorisent à supposer non seulement que le «sage» pratique le double discours, mais qu’il n’hésite pas à rester dans le flou, voire à mentir quand cela l’arrange. Les premiers extraits sont tirés de ses mémoires (1997), de sa brochure Indignez-vous ! (octobre 2010) et d’un témoignage enregistré pour un film hagiographique sur sa vie (novembre 2010): ils illustrent le discours tenu à l’ordinaire par Hessel sur ses «exploits», où sa prétendue «participation» à la «rédaction» de la Déclaration de 1948 occupe la place royale. Le second extrait, véritable démenti apporté aux affirmations précédentes, est tiré d’une interview publiée le 10 décembre 2008 sur le site des Nations unies, où il ne pouvait, sans risquer de se ridiculiser en présence de témoins de l’époque, s’attribuer une « participation » quelconque à la « rédaction » du texte prestigieux.


1°) Hessel en co-rédacteur de la Déclaration de 1948.
L’ancien diplomate affirme en 1997 dans ses mémoires: «J’eus pour privilège de participer à la rédaction du premier volet de cette charte des droits de l’homme (…)3» – affirmation qu’il réitère en 2010 dans sa brochure intitulée Indignez-vous! : «J’ai eu la chance après la Libération d’être associé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme4», ainsi que dans le film documentaire hagiographique qui lui a été consacré: «J’ai 30 ans, me voici à New York. Je m’engage dans ce nouveau combat. (…) J’ai travaillé sur la Déclaration universelle des droits de l’homme (…) Ma Déclaration universelle des droits de l’homme (…) a été votée le 10 décembre 1948 5». Dans l’entretien qu’il accorde à Mediapart, publié le 11 novembre 2010, Hessel déclare : «Je suis le survivant des camps, de même que l’un des participants à la rédaction de cette déclaration universelle qui a été la réponse internationale à ce que nous avions vécu6.»

2°) Hessel en non-rédacteur de la Déclaration de 1948 : un rôle de simple «témoin».
Dans une interview publiée le 10 décembre 2008 sur le site des Nations unies, Hessel déclare: «J’étais en contact permanent avec l’équipe qui a rédigé la Déclaration, dont l’Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin. (…) Au cours des trois années, 1946, 1947, 1948, il y a eu une série de réunions, certaines faciles et d’autres plus difficiles. J’assistais aux séances et j’écoutais ce qu’on disait mais je n’ai pas rédigé la Déclaration. J’ai été témoin de cette période exceptionnelle7. »

Tentatives de brouillage
«Témoin» ou «co-rédacteur»? A-t-il simplement «assisté» à l’élaboration de la Déclaration ou a-t-il activement «participé» à la «rédaction» de cette dernière? Il ne peut dire la vérité dans les deux cas. Les déclarations de décembre 2008 ressemblent à un aveu, fait devant ses pairs, dans le cadre de l’ONU. Rien ne le poussait alors à mentir. Il avait au contraire de bonnes raisons de ne pas le faire dans un tel contexte, où d’autres «témoins» de l’époque pouvaient être présents. Mais s’il a dit alors la vérité, il s’ensuit qu’il mentait dans ses autres déclarations. Il va de soi que le statut de simple «témoin» dans le processus qui a abouti à la Déclaration de décembre 1948 ne saurait conférer à l’ancien diplomate l’aura dont il bénéficie aux yeux du grand public. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle Hessel s’est si longtemps laissé présenter, sans réagir, comme le «co-rédacteur» de la Déclaration de 1948, affirmation fausse et, pour ceux qui savaient la vérité, mensongère. Hessel a laissé dire ceux qui faisaient profession de le célébrer, même lorsque les faits allégués étaient faux, dès lors qu’ils relevaient de la geste héroïque de son personnage historique tel qu’il l’a construit.

L’«icône» tenait à demeurer «icône». Et le monde de la presse, presque d’une seule voix, a chanté les louanges du prétendu «grand homme», sans prendre la peine de vérifier ses dires. Les journalistes auraient pu s’informer sur la question, plutôt que se contenter de répéter paresseusement la rumeur, et ainsi la cautionner. Ils auraient découvert que, dans l’étude consacrée par René Cassin à l’«historique de la Déclaration universelle de 1948», l’éminent juriste ne mentionne pas Hessel. Ils auraient aussi pu constater que, dans les deux biographies de Cassin faisant référence en langue française, Hessel brille par son absence8. Les journalistes ont ainsi contribué d’une façon consensuelle à transformer une légende en fait historique. Conformistes exemplaires, ils ont, une fois de plus, légitimé une affirmation mensongère en la répétant à l’infini, sans jamais la soumettre à un examen critique. [...]

3 Stéphane Hessel, Danse avec le siècle, Paris, Le Seuil, 1997, p. 116.
4 Stéphane Hessel, Indignez-vous !, Montpellier, Indigène éditions, 2010, p. 15.
5 Stéphane Hessel, « Stéphane Hessel, Sisyphe heureux », France 5, 12 novembre 2010 ; cité approximativement par Catherine David, « Frère des hommes », TéléObs, 6-12 novembre 2010, p. 18 (qui résume le propos de Hessel plutôt qu’elle ne le cite à la lettre).
6 Stéphane Hessel : « C’est en s’engageant qu’on devient Homme », propos recueillis par Pierre Puchot, Mediapart, 11 novembre 2010 ; repris le 12 novembre 2010 sur le site de France Palestine,http://www.france-palestine.org/imprimersans.php3?id_article=16002.
7 « Hessel : La Déclaration des droits de l’homme, témoin de l’audace de l’époque », 10 décembre 2008,http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=17952&Cr=droits&Cr1=anniversaire.
8 Sur la création, l’évolution et les travaux de la Commission des droits de l’homme, voir Marc Agi, René Cassin fantassin des Droits de l’Homme, préface de André Chouraqui, Paris, Plon, 1979, pp. 209-232 ; Gérard Israël, René Cassin (1887-1976). La guerre hors la loi. Avec de Gaulle. Les droits de l’homme, Paris, Desclée de Brouwer, 1990, pp. 184-206. Dans ces deux ouvrages de référence, on ne trouve pas la moindre allusion à la prétendue « participation » de Stéphane Hessel à la rédaction de la Déclaration de 1948. Il en va de même dans l’article de René Cassin, « Historique de la Déclaration universelle de 1948 » (Revue de Droit contemporain, 1968, n° 1), in R. Cassin, La Pensée et l’action, préface d’Alfred Kastler, Paris, Éditions F. Lalou, 1972, pp. 103-118.

1 commentaire :

Monique a dit…

Je dirai à propos de Monsieur Mélenchon : "Quand c'est flou, il y a un loup." C'est Madame Aubry qui avait dit cela à propos d'Hollande. A propos des juifs et de leur terre Israël, elle, si prompte à condamner ce pays pour tout et n'importe quoi, peut aussi se l'appliquer à elle-même et à tous les gauchistes, extrême gauche et gauche de la gauche réunis.

Monsieur Mélenchon est affligeant quand il dit qu'il ne savait pas que Monsieur Moscovici était juif : il était avec lui au Parti socialiste pendant près de 30 ans et Monsieur Moscovici n'a jamais caché ses racines. Il est comme l'enfant pris les doigts dans le pot de confiture et qui invente n'importe quelle histoire pour se justifier.

Hormis les termes "salopards", "plus français", "langue de la finance internationale" sur lesquels il peut y avoir un tout petit doute, la phrase "Il a un nom, il a une adresse" est, par contre, elle totalement limpide. Si ces mots ne font pas penser à la chasse aux juifs dans les années 30-40, alors je ne me prénomme plus Monique.

J'ai déjà dit plusieurs fois sur ce site : "Que font les ministres juifs comme Moscovici ou avec des origines juives comme Peillon ou ceux qui ont des liens affectifs par leurs conjoints avec les juifs (Peillon encore, Valls) dans ce gouvernement et dans le Parti socialiste?"
La droite n'est déjà pas sûre sur le sujet de l'antisémitisme, alors ne parlons pas de la gauche : c'est un vrai nid de frelons.




PS : Je n'ai pas précisé Fabius parce que je me demande quelquefois s'il défend sa communauté.