samedi 8 octobre 2011

De l'anti-judaïsme à l'antisémitisme, Diderot et Voltaire - l'âge de la raison


Bon à rappeler pour comprendre le rapport de la France d'aujourd'hui aux Juifs.

Source: TJP (From anti-Judaism to antisemitism: The Age of Reason, David Turner).  Extraits:

The Philosophes: Diderot, principal contributor and editor of the famous Encyclopédie (1765) wrote that the Jews are “an ignorant and superstitious nation,” while Voltaire, in his Treatise on Toleration  (1763) wrote that the Jews are, “the most detestable [nation] ever to have sullied the earth...” And again, in his Dictionary he wrote that the Jews are, the most imbecile people on the face of the earth, enemies of mankind, most obtuse, cruel absurd... In short, we find in them only an ignorant and barbarous people, who have long united the most sordid avarice with the most detestable superstition and the most invincible hatred for every people by whom they are tolerated and enriched.”

In his Letter of Memmius to Cicero, (1771) Voltaire wrote, ‘'They (the Jews) are, all of them, born with raging fanaticism in their hearts, just as the Bretons and the Germans are born with blond hair. I would not be in the least bit surprised if these people would not some day become deadly to the human race…” The year after writing the Memmius Letter Voltaire wrote, ''You [Jews] have surpassed all nations in impertinent fables, in bad conduct and in barbarism. You deserve to be punished, for this is your destiny.'' Both quotes appear in Arthur Hertzberg’s letter to the New York Times dated September 30, 1990).
Voltaire at age 70 (Wikipedia)
One hundred and sixty years before Germany elected Adolph Hitler chancellor, Voltaire had already concluded that the Jews are, “deadly to the human race.” His conclusion that the Jews, “deserve to be punished, for this is your destiny” is taken nearly verbatim from Augustine, who learned it from the Matthew gospel.

Such comments regarding the Jews appear regularly in the writings of the Philosophes, and Voltaire never tired of vilifying them. But how explain that both he and Diderot and most of the Philosophes, the avant-garde liberating Europe from superstition and prejudice, from intolerance and what they perceived as the darkness of religion; how could they have unreflectively imported 1700 years anti-Jewish prejudice into their “rational” and secular model for modern society?

The short answer is that we are, individually and collectively, the product of our time. Our worldview is influenced by our surroundings, our thinking and behavior modified to present circumstance, but based on past experience. The Enlightenment represented a rebellion against the previous hierarchical social structure, the authoritarianism of a religion-based feudal society. But the rebellion itself the product, inheritor of that society’s pre-history, including its biases.


Stereotypes are a convenient, often necessary short-hand that serves as lubricant of social intercourse. Based on experience or inherited bias stereotypy may be transcended, but that requires effort, and continuing self-criticism. For many areas of society and history the Philosophes were relentless critics. When it came to the Jews…

As this discussion will continue in coming months the motive and mechanism of antisemitism will come clearer. For the present we will have to be satisfied with the fact that religious anti-Judaism in its new “rational” secular guise as antisemitism passed seamlessly into that brave, new world which is the “enlightened” West.

4 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Un tournant semble se dessiner au siècle des Lumières suivi par l'émancipation civique des juifs en France (1791), en Angleterre (1866), en Autriche-Hongrie (1867), en Italie (1870), en Allemagne (1871). Avec l'émancipation, on pouvait s'attendre en Europe centrale et occidentale à l'intégration des juifs dans la société. Pourtant, l'antijudaïsme chrétien persiste dans ces pays. Il est complété par des thèmes nouveaux : nation et race. Il devient l'antisémitisme "moderne". Par la presse, la littérature, l'action parlementaire, les antisémites mènent leur combat contre l'émancipation des juifs. Cette tendance est très nette en Allemagne. En France elle culmine avec l'affaire Dreyfus.

Espagne mise à part, l'Europe manifeste jusqu'au dernier tiers du 19° siècle une grande tolérance à l'égard de ses minorités israélites. Jusque dans les années 1870, on peut parler de philosémitisme pour qualifier l'attitude dominante de l'opinion occidentale à l'égard des juifs. Ainsi, dans le vieux Berlin, on peut encore voir la belle maison d'un célèbre financier juif dont le roi de Prusse Frédéric II avait fait son conseiller et son favori au 18° siècle.

Avant la Révolution française, les juifs ont, dans les sociétés occidentales comme dans les sociétés islamiques, leurs lois, leurs tribunaux et leurs institutions communautaires.

Au Siècle des Lumières, les élites intellectuelles européennes veulent bien des juifs dans leur société mais c'est à la condition qu'ils renoncent à leurs institutions et à leurs rites les plus voyants. Dans cet esprit, à Paris, le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre lance en 1789 à la tribune de l'Assemblée constituante : "Il faut tout refuser aux juifs comme nation ; il faut tout leur accorder comme individus ; il faut qu'ils soient citoyens". Ainsi en décident les députés. Leur choix est facilité par le fait que le pays ne compte alors que 40.000 juifs (moins de 2%de la population). Rien à voir avec, par exemple, la Russie qui en compte à la même époque un million.

L'antisémitisme, ou la haine obsessionnelle du Juif, est l'une des pathologies sociales les plus anciennes et les plus persistantes.

Le mot ne date que du 19° siècle, mais le phénomène existe déjà dans l'Antiquité ; et si la forme qu'il a pu revêtir a varié au fil des siècles, il s'est toujours caractérisé par la vision négative que la culture dominante projette sur cette altérité qu'elle croit percevoir chez les Juifs, qui sont toujours apparus comme "autres".

C'est comme si la mise en garde biblique - Ce peuple qui demeure à part, et n'est pas rangé parmi les nations - (Nombres 23,9)- avait eu valeur de prophétie. Une obsession antijuive parcourt l'enseignement et les écrits des cultures païennes, des chrétiens, des antichrétiens, au Moyen Âge, à l'époque moderne et dans l'ère contemporaine. La Shoah, dont les causes sont certes multiples, aurait été inconcevable sans une longue tradition d'antisémitisme.

Hubschou a dit…

Lire le livre de référence en la matière, écrit en français, l'histoire de l'antisémitisme de Léon Poliakov publié en 2 volumes chez Calmann-Lévy (20 Euros à la FNAC Paris)

Monique a dit…

Les Allemands ont été les maîtres d'oeuvre de la Shoah, les nations d'Europe avec leur longue tradition de l'antijudaïsme,puis de l'antisémitisme ont été quant à eux les architectes. Sans une haine des Juifs en Europe multiséculaire, la Shoah n'aurait peut-être pas eu lieu.
Aujourd'hui encore, les Européens (gauche et ultra gauche européenne en tête) veulent priver les Juifs de leur terre car, il ne faut pas rêver, donner un Etat à la Palestine, c'est en faire un puissant cheval de Troie, pour tous les pays arabo-musulmans qui entourent Israël et qui veulent sa perte. Cette fois-ci encore, je suis sûre que les Juifs se battront et gagneront. En tout cas, ils ne perdront pas car ils se battront jusqu'au dernier : ils n'accepteront pas encore une fois d'être dispersés à tous les vents.
Je précise que je ne suis pas juive pour ceux qui penseraient qu'il n'existe pas de non-juifs qui peuvent soutenir totalement ce peuple et sa terre Israël. Je ne suis pas non plus une chrétienne pratiquante pour ceux qui pensent que seuls les chrétiens très pratiquants (qu'on appelle les fondamentalistes) peuvent soutenir Israël. Certes je suis chrétienne par ma naissance mais Dieu et moi, disons, que nous avons depuis longtemps quelques graves contentieux, notamment celui du génocide des Juifs. Et je dois dire qu'à cause de cette Horreur de l'histoire, j'ai douté et je doute encore de son existence.

Butterfly.

Anonyme a dit…

Depuis quelques années, se multiplient, comme une réponse aux haines antisémites, des propos haineux envers un certain nombre de figures historiques célèbres, à commencer ici, par exemple, Diderot et Voltaire. Les auteurs de ces propos ne s'intéressent pas au contexte historique, ce qui leur permet de s'auto-persuader que tout est simple et clair. Voltaire a écrit des horreurs sur les Juifs, personne n'en disconvient; mais les gens qu'il cherche à atteindre sont toujours les fanatiques chrétiens de son temps, et dont il fait logiquement les "descendants" des Juifs (car les Juifs auxquels il s'attaque sont t tout ceux de l'Ancien Testament, et ce dans le cadre de sa critique de la Bible)... L'une de ses pièces de théâtre les plus célèbres, "Mahomet", fit scandale, parce qu'on avait bien reconnu derrière Mahomet, une tout autre cible: le Christ.
Quand Candide et Pangloss tombent aux mains de l'Inquisition, en revanche, dans son conte le plus célèbre, des Juifs se font mettre à mort pour leur judaïsme, et Voltaire dénonce cette injustice reposant sur une haine sans fondement... Voltaire et Diderot auraient peut-être été des dreyfusards à la fin du XIXe s... Après tout, Zola lui-même ironisait sur le Juif qu'il met en scène dans "L'Argent"... Mais l'affaire Dreyfus l'a mené à revoir ses préjugés, à s'en corriger même. Plutôt que se mettre à détester des auteurs qui, en leur temps, étaient en avance sur leurs contemporains en ce qui concerne la tolérance (car en avance ils étaient... ce qui, certes, ne fait que montrer le retard des autres, mais au royaume des aveugles, ce sont les borgnes qui voient le plus clairement), il vaudrait mieux se montrer en avance sur ce temps qui est le nôtre: au lieu de faire porter le "chapeau" à des penseurs qui n'ont pas connu la Shoah, évitons de "réviser" l'histoire de ces auteurs sans les lire intégralement et sans prendre en considération l'époque dans laquelle ils ont écrit; bien au contraire, ce sont les causes de l'antisémitisme d'aujourd'hui qui sont à découvrir et extirper; peut-être que parler d'auteurs qu'on ne lit que par extraits comme si on les connaissait parfaitement est-il très proche de croire qu'on sait tout sur Israël après n'avoir entendu qu'une bribe de sketch de tel comique plus ou moins drôle, ou en ne se fiant qu'à se que disent les messes des journaux de vingt heures?