lundi 6 juin 2011

Sartre et sa haine d'Israël

"Les Palestiniens n'ont pas d'autre choix, faute d'armes, de défenseurs, que le recours au terrorisme.  [...] Ce qui arrive aux pauvres Palestiniens, chassés de leur terre, leurs maisons saisies sans indemnisation, leurs enfants chassés des écoles, harcelés du matin jusqu'au soir, battus par des étrangers armés jusqu'aux dents." (Jean-Paul Sartre)

Décidément rien de nouveau sous le soleil!  Quarante ans après, le discours en Europe, et singulièrement en France, est toujours le même.  Haine d'Israël ou antisémitisme?

Source: Le Monde (Le siècle de Sartre, par Michel Onfray). Extraits:

"Les éditions Grasset ont la bonne idée de publier les entretiens donnés par Jean-Paul Sartre à John Gerassi entre 1970 et 1974. Ces dizaines d'heures d'échanges constituent un document implacable sur le philosophe de Saint-Germain-des-Prés. Ces cinq cents pages se suffisent, en voici quelques pépites. [...]

Politiquement : Sartre avoue n'avoir pas compris le nazisme en 1933, alors qu'il vivait en Allemagne ; il dit n'avoir pas voté en 1936 et regardé les défilés du Front populaire avec indifférence ; il signale qu'il a défendu l'intervention en Espagne, pourvu qu'on ne lui demande pas d'y participer concrètement ; il a justifié le pacte germano-soviétique ; il a été apolitique au stalag, précise qu'il n'a causé aucun désordre dans le camp, mais qu'il faisait de cette docilité... une "forme d'engagement" [...].

Il légitime et justifie l'usage de la peine de mort pour des raisons politiques ; il soutient les attentats terroristes des Palestiniens en 1972 : "Les Palestiniens n'ont pas d'autre choix, faute d'armes, de défenseurs, que le recours au terrorisme. (...) L'acte de terreur commis à Munich, ai-je dit, se justifiait à deux niveaux : d'abord, parce que tous les athlètes israéliens aux Jeux olympiques étaient des soldats, et ensuite, parce qu'il s'agissait d'une action destinée à un échange de prisonniers." [...]

[...] il fait de Claude Lanzmann "un bon bourgeois" qui "chante les louanges d'Israël" sans voir "ce qui arrive aux pauvres Palestiniens, chassés de leur terre, leurs maisons saisies sans indemnisation, leurs enfants chassés des écoles, harcelés du matin jusqu'au soir, battus par des étrangers armés jusqu'aux dents. Lanzmann voit les Israéliens comme des victimes de l'Holocauste. Et pour lui quiconque critique la politique israélienne est antisémite. Point". [...]

[...] il n'écrivit pas contre l'occupation allemande et qu'on n'a pas intérêt à relire aujourd'hui Paris sous l'Occupation ("Situations", III), un texte de 1945 qui manifeste plus d'empathie pour les officiers allemands, tellement aimables qu'ils "offraient, dans le métro, leur place aux vieilles femmes, ils s'attendrissaient volontiers sur les enfants et leur caressaient la joue", que pour les aviateurs alliés qui mettaient la sécurité des civils en question. Le philosophe trouve qu'en entretenant leurs locomotives pour qu'elles soient en état de marche, d'une certaine manière, les cheminots collaboraient : "Le zèle qu'ils mettaient à défendre notre matériel servait la cause allemande"...




La conclusion de Gerassi à ce livre d'entretiens est la suivante : "Sartre n'est pas seulement le plus grand moraliste de ce siècle. C'est également son plus grand prophète." Sans commentaire..."

3 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Le portrait de l’antisémite
"modéré": c’est un homme courtois, nous dit Sartre, qui vous dira doucement: "Moi, je ne déteste pas les Juifs. J’estime simplement préférable, pour telle ou telle raison, qu’ils prennent une part réduite à l’activité de la nation."

Mais l’instant d’après, si vous avez gagné sa confiance, il ajoutera avec plus d’abandon:

"Voyez-vous, il doit y avoir quelque chose chez les Juifs: ils me gênent physiquement."

Le livre - La question juive - se donne les apparences de la science par un discours logique et rationnel, mais n’est fondé la plupart du temps que sur des observations personnelles (en gros, l’entourage proche du philosophe). On se rend compte que Sartre a voulu plaquer sa grille de lecture marxiste sur une réalité complexe et variée, pour expliquer le phénomène de l’antisémitisme.

Anonyme a dit…

1976: Il accepte le seul titre honorifique de sa carrière, celui de docteur honoris causa de l'Université de Jérusalem qui lui est remis à l'ambassade d'Israël à Paris. Il accepte ce titre pour des raisons politiques afin de créer une «liaison entre le peuple palestinien que je soutiens et Israël dont je suis l'ami.»
http://www.bookine.net/sartre.htm

Lombard Christophe a dit…

Je suppose que vous n'avez pas lu Réflexion sur la question juive de Sartre avant d'avoir écrit cet article.. il serait bon de ne pas écouter aveuglement le pamphlétaire Michel Onfray.