mardi 4 février 2014

Une fortune forgée grâce au nazisme a créé des milliardaires allemands très discrets

Nazi-Forged Fortune Creates Hidden German Billionaires @ Bloomberg (un article à ce sujet en français mais nettement moins détaillé ICI)

Rudolf-August Oetker was weeks away from becoming an officer in Nazi Germany’s Waffen-SS when he received word that
his mother, two stepsisters and stepfather had been killed by an Allied bomb dropped on their family home in Bielefeld, Germany.  The loss wasn’t just a personal tragedy for the 28-year-old cadet. It was a blow to one of Adolf Hitler’s front-line suppliers, Dr. August Oetker OHG, whose dry goods were being shipped to German soldiers fighting in World War II.
Oetker was granted permanent leave from his duties to take control of the family business in October 1944. Over the next six decades, the former SS officer, who trained at Dachau concentration camp, would add interests in shipping, food, beverages, banking and hotels, creating a conglomerate that has more than 26,000 employees and 10.9 billion euros ($14.8 billion) in annual revenue.  “People at the company still regard him as a hero, who made the company big after the war,” Sven Keller, co-author of an Oetker-commissioned study about the family’s involvement with the Third Reich, said in an interview in Munich. “One needs to see both sides of the person.” SUITE.

1 commentaire :

Gilles-Michel De Hann a dit…

Ce que l'on sait moins, c'est qu'il aurait dû coûter des fortunes à Allianz - à l'époque, déjà, le premier groupe allemand d'assurances. Car, outre les centaines d'assassinats et les dizaines de milliers d'arrestations de Juifs, 200 synagogues furent incendiées et 7 500 magasins détruits par les troupes des sections d'assaut (Sturmabteilung), dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. Deux jours plus tard, Eduard Hilgard, membre du directoire d'Allianz, sera convoqué par le ministre Hermann Göring, chef des forces de police, pour évaluer la situation. Hilgard parviendra à "limiter les dégâts" en négociant un accord avec le bras droit de Hitler: les Juifs paieront un impôt pour réparer les dommages, pourtant causés à leur encontre, et la plupart des indemnisations qu'aurait dû verser leur compagnie d'assurances seront confisquées par le gouvernement! En contrepartie, la profession paiera une somme largement minorée. Allianz s'en tirera ainsi à très bon compte.

Si la Deutsche Bank, enfin, a brutalement licencié, dès 1933, deux membres juifs de son directoire, ce n'est pas parce que les nazis l'y obligeaient instamment. "La direction avait beaucoup plus de marge de manoeuvre qu'elle ne l'a affirmé, précise l'historien Christopher Kopper, professeur à l'université de Bielefeld, qui a travaillé sur les documents internes de la société. Elle aurait pu les garder plus longtemps, mais elle a agi ainsi par opportunisme."

Jusqu'à la fin des années 1970, les élites économiques se contentaient de dire qu'il fallait se concentrer sur la reconstruction du pays pour éviter d'ouvrir des dossiers trop compromettants."

Jusqu'à la fin des années 1980, en effet, les brochures publiées à l'occasion de telle ou telle commémoration d'entreprise aimaient à présenter leur firme en victime du national-socialisme.

C'est lors de la chute du mur de Berlin que les choses vont s'accélérer. Avec l'ouverture du Rideau de fer, l'opinion publique va soudain découvrir une catégorie de population oubliée de tous depuis la guerre: ces anciens travailleurs forcés, "importés" de l'Est par les nazis pour faire tourner l'économie du Reich. Souvent de très jeunes gens - Russes, Lituaniens, Hongrois, Tchèques ou Polonais - rentrés meurtris dans leur pays à la Libération et considérés au sein du bloc communiste comme des collaborateurs. Plus maltraités encore que leurs homologues occidentaux, ils n'avaient jamais vu leurs années de souffrance reconnues après la guerre. Ni publiquement ni matériellement.

A la chute du Mur, les plus vaillants d'entre eux vont donc tenter de réclamer réparation. La menace d'une cascade de procès contre les grandes firmes allemandes va se préciser depuis les Etats-Unis: mises dans l'impossibilité de continuer à faire comme si de rien n'était, elles vont s'organiser et, pour la première fois, réagir collectivement. Une fondation est créée en 2000 qui réunira 7 500 entreprises autour du gouvernement Schröder pour constituer un vaste fonds d'indemnisation de près de 5 milliards d'euros. En contrepartie, à l'issue de longues années de négociations, les groupes allemands obtiendront du gouvernement américain la garantie de ne plus être traînés devant un tribunal au nom de leur passé.