vendredi 24 mai 2013

Des enfants juifs doivent être protégés par la police belge et cacher leur identité

Ce récit nous incite à évoquer la mémoire de David Kohane, jeune écolier de 15 ans, assassiné à Anvers le 27 juillet 1980, par des terroristes palestiniens du groupe Abou Nidal. Lors de la fusillade une quinzaine d'enfants juifs furent blessés.

Ce matin, comme à chaque sortie de nos jeunes, la consigne était: «Cachez cet emblème qui ne peut être vu …». Est-ce normal? Vivons-nous dans un pays démocratique?

«Cachez cet emblème qui ne peut être vu …», par Frédérique Teper

Bruxelles, 18 mai 2013, gare du Midi, couloir central. Il est 18h30. Face à l’escalier roulant descendant, nous sommes quelques uns à attendre nos enfants, nos petits-enfants qui reviennent d’une journée passée à la mer avec 150 jeunes d’un mouvement de jeunesse juif de Belgique. L’attente se prolonge, les voyageurs du train sont descendus. J’entends: «On regroupe les enfants sur le quai …». Premier coup de poing dans l’estomac. Je me retourne: posté à quelques mètres derrière nous, un effectif policier important aligné côte à côte, main droite sur leur arme, rejoint sur les côtés par des représentants de Securail vêtus de rouge.  Un malaise diffus me gagne. A mes côtés, une grand-mère me regarde: «Vous pensez la même chose que moi?».  

Alors, le groupe de jeunes surgit dans l’escalier roulant, étonnamment serré et calme, totalement encadré par des policiers placés devant eux, des gardes Securail à leur côté et fermant la marche, des policiers à l’arrière du groupe. Deuxième coup de poing dans l’estomac.

- «Il y a beaucoup de policiers aujourd’hui.»
- «Ben, oui, tu sais, à chaque arrêt de gare, un groupe de policiers est monté dans notre wagon.»

Aujourd’hui, Bruxelles, capitale de l’Europe, accueille, dans un lieu privé une conférence qui prône la disparition de l’essence juive (Voir ici). Aujourd’hui, Bruxelles, gare du Midi, un nombre élevé de personnes circule tranquillement et arbore des signes politiques, convictionnels, religieux très ostentatoires. C’est normal: nous vivons dans un pays démocratique.


Ce matin, comme à chaque sortie de nos jeunes, la consigne était: «Cachez cet emblème qui ne peut être vu …». Est-ce normal? Vivons-nous dans un pays démocratique?

Quand je me retrouve seule, au volant de ma voiture, m’assaillent nausées, colère, sidération. On ne s’habitue jamais! Pendant ce temps, le monde tourne, avec en son sein, inoculée, la maladie du Juif* fantasmé, si utile à ses propres impuissances, les discours vides et la surreprésentation grandissante de la haine.

Pendant ce temps, je pense à nos enfants, aux générations de demain, à la transmission des valeurs auxquelles je crois. Ma vie est faite ! Mais eux ?

« Est-ce ainsi que les hommes vivent?» (Louis Aragon)

*Dans un nom propre, hormis la minuscule attribuée à l’adjectif, la majuscule s’impose toujours quand il s’agit d’un peuple. Dans un nom propre, la minuscule s’impose toujours quand il s’agit strictement d’une religion et ses adeptes. Cf: Le Code typographique des Correcteurs de France. La perversité consiste à favoriser l’un ou l’autre selon les intentions.

Sur le même "sujet" Norvège: réflexions d'une mère juive.   

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