"Rien de très nouveau sous le soleil israélien", pourraient observer ceux qui connaissent de près la réalité sur le terrain. Depuis plusieurs années, le petit poucet israélien, face à l’ogre des incertitudes mondiales, a mis au point une économie des plus originales où la prime est donnée aux innovateurs et aux entrepreneurs. [...] l’ancien banquier Henri Cukierman, raconte que ce petit Etat "détient la plus forte densité mondiale d’ingénieurs", lesquels représentent 1,4% de la population."
Source: article de Yann Le Houelleur @ usinenouvelle.com (04/03/2010)
Le ministre des Finances israélien a rendu visite à son homologue Christine Lagarde. Il a expliqué que son pays n’avait pas eu besoin de plan de relance. Tel Aviv s’emploie avant tout à tonifier un tissu industriel très dynamique constitué en grande partie de PME oeuvrant sur des créneaux high tech et prometteurs.
C’est un tout petit pays de 7,5 millions d’habitants, de surcroît en proie à de lourdes menaces tout autour de lui. Pourtant, en matière économique, industrielle et technologique, Israël semble montrer l’exemple. Il compte parmi les pays dont la convalescence, à la suite du coup de massue de la crise financière planétaire, se déroule le plus aisément. Avec des remèdes par ailleurs inédits. L’an dernier, l’économie israélienne a accusé une croissance de 0,5.
Le ministre des Finances israélien, Yuval Steinitz, a pu donner une idée de ces belles performances lors de sa récente visite à Paris, notamment au cours d’un dîner sous l’égide de la Chambre de commerce France Israël, le mercredi 3 mars, auquel assistait Christine Lagarde, la ministre des Finances du gouvernement Sarkozy. Yuval Steinitz était venu chercher l’appui de la France, son gouvernement négociant une adhésion à l’OCDE. L’occasion d’expliquer à ses interlocuteurs, interloqués, que Tel Haviv n’a pas arrosé le système bancaire de subventions comme ailleurs. D’ailleurs, en Israël, aucune banque n’a eu besoin d’aide pour affronter la tempête planétaire. "La seule relance que nous avons faite l’a été en direction des entreprises", a signalé Yuval Steinitz. En période de crise, la taxation des bénéfices, entre autres mesures, a été réduite de 26 % à 18 %.
"Rien de très nouveau sous le soleil israélien", pourraient observer ceux qui connaissent de près la réalité sur le terrain. Depuis plusieurs années, le petit poucet israélien, face à l’ogre des incertitudes mondiales, a mis au point une économie des plus originales où la prime est donnée aux innovateurs et aux entrepreneurs. L’universitaire Daniel Rouach, dont la vie se partage entre Paris et Haïfa, évoque la genèse de ce modèle de développement qui a permis à Israël de s’offrir, avant que la crise financière mondiale n’éclate, une croissance de son PIB de l’ordre de 5 % par année. (Lire par ailleurs son interview sur le site usinenouvelle.com.) "Dans les années 80, Israël a failli exploser à cause de déboires bancaires et sa population a commencé à nourrir une vive méfiance pour tout ce qui avait trait à la bourse et à la spéculation." Le pays a décidé de miser sur la science, la technologie, l’innovation, à tel point qu’on le surnomme parfois la Silicon Valley du Proche-Orient. Président de la Chambre de commerce France Israël, l’ancien banquier Henri Cukierman, raconte que ce petit Etat "détient la plus forte densité mondiale d’ingénieurs", lesquels représentent 1,4 % de la population. De toute évidence, Israël est le numéro un mondial pour l’innovation et l’esprit d’entreprise. Daniel Rouach enchaîne : "Plus de 6 % du PIB est consacré à la recherche et au développement, et encore faut-il ajouter à pourcentage les efforts déployés, en la matière, par l’armée." L’attention vouée à l’innovation est elle que dans chaque ministère un "chief scientist", investi d’un réel pouvoir, veille au grain.
Contrairement à un pays comme la France, soulignent Henri Cukierman et Daniel Rouach, Israël n’abrite pas de grands groupes. Les plus importants fleurons de son industrie emploient à peine quelques milliers de salariés. Le dynamisme exacerbé de ces PME cultivant la passion de la recherche et de l’excellence a garanti à la production industrielle d’Israël une avancée spectaculaire : de 1990 à 1996, la croissance de la production industrielle a été de 51 %. Seul la Corée du Sud a fait mieux…
Les domaines où les Israéliens ont voulu exceller sont l’électronique médicale, les télécommunications, la chimie fine, les logiciels et le matériel informatique, la taille et le polissage des diamants, ainsi que l’agrotechnologie. Ce dernier mot recouvre en lui-même une réalité surprenante : les Israéliens, qui en savent long sur les contraintes des conditions climatiques, sont devenus les leaders mondiaux dans les domaines conjoints de l’assainissement et de l’irrigation, partis récemment à la conquête du marché sud-américain. Ils ont également beaucoup investi dans les biocarburants et les énergies renouvelables.
Selon Ubifrance et les Missions économiques, 97 % des exportations israéliennes sont des biens manufacturés et 43 % de ces biens ont une forte teneur technologique.
"Nos relations bilatérales connaissent un développement inédit dans notre histoire commune", a exulté Christine Lagarde en présence de son homologue Yuval Steinitz. Toujours est-il que les chefs d’entreprise français, en général, ont mis bien du temps à découvrir le potentiel d’Israël et les vertus de ses ingénieurs et universitaires. Toujours selon Ubifrance, l’Hexagone était en 2008 le huitième fournisseur d’Israël. En 2008, on dénombrait sur ce marché 74 implantations directes de sociétés françaises. L’an dernier, malgré la crise, un certain frémissement s’est fait sentir : neuf PME tricolores sont allées tenter leur chance en Israël, dans des domaines tels que les essais cliniques, les jeux vidéo, le matériel médical. Selon une source confidentielle, Bouygues s’intéresserait de près à ce marché.
Leumi: Israel per capita GDP growth tops most OECD
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