lundi 4 mai 2009

C'est en Israël qu'Ilan Halimi repose désormais en paix

"[...] c'est ici en Israël, dans le cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem, que repose désormais Ilan. Sa mère a transféré la dépouille de son fils, ne pouvant imaginer qu'il trouve la paix sur la terre où il a été torturé. Par peur aussi, qu'une fois libres, ses bourreaux "aillent cracher sur sa tombe"."

Source: article de Paula Haddad dans Jerusalem Post

"Deux policiers m'ont dit "Madame, même à un animal, on ne fait pas ce qu'ils lui ont fait." L'affaire Ilan Halimi ou quand la réalité dépasse la fiction.

Le 20 janvier 2006, le jeune Juif de vingt-trois ans avait été enlevé contre une demande de rançon, par Youssouf Fofana et le gang des Barbares. Séquestré et torturé pendant trois semaines dans une cité de Bagneux, il est retrouvé le 13 février, nu, agonisant, le long d'une voie de chemin de fer, près de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois dans l'Essonne. Il succombe le jour même à ses blessures.

Trois ans après le drame, sa mère, Ruth Halimi, sort de son silence, avec la publication d'un livre, 24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi. Elle a sollicité le concours de l'auteure Emilie Frèche, déjà auteur d'un ouvrage sur Ilan *, qui a su trouver le ton juste entre émotion et factuel. Le récit relate ces 24 jours où la famille reçoit plus de six cents appels, des demandes de rançon dont le montant ne cesse de changer, des menaces, des photos d'Ilan supplicié... Le travail sans relâche de la police est apparent, mais aussi ses erreurs de stratégie.

En effet, les proches de la victime suivent les consignes du Quai des Orfèvres en gardant le silence sur l'affaire, mais cette discrétion entraîne des manquements sur le terrain. Le livre révèle que si d'autres services de police avaient été informés, Youssouf Fofana, le chef du gang, aurait pu être arrêté à sept reprises, en France ou en Côte d'Ivoire, où il se rend deux fois au cours des 24 jours. Ruth Halimi déclarait récemment sur l'antenne d'Europe 1 que ces graves erreurs "avaient coûté la vie à son fils".

Le livre rappelle aussi les nombreuses ramifications de l'affaire. Le gang n'en est pas à son premier essai. En 2005, des médecins et des notaires juifs ont fait l'objet de tentative de racket. Puis, on passe à la vitesse supérieure. Marc K., Michael et Jimmy D., Olivier Z., Jacob G. : tous sont juifs et échappent de justesse à un enlèvement. Tous sont censés être riches parce que Juifs ou pourraient bénéficier de la fameuse "solidarité communautaire". Le mode opératoire est toujours le même : une jolie jeune fille tente de séduire une proie avant de la faire enlever afin que ses ravisseurs réclament une rançon en échange de sa libération.

Le plan fonctionnera avec Ilan. "Que dire, sinon que la vie est aussi une histoire de chance. Ilan n'en aura eu aucune", écrit sa mère. Le 15 février, deux jours après la mort du jeune homme, un journal publie le portrait-robot d'Audrey, qui a servi d'appât pour Marc K. Encouragée par sa copine Myriam, elle se rend à un commissariat de police et révèle le nom de son petit ami, Jérôme R., un des geôliers. Le gang tombe un à un.

Au-delà de l'enquête en elle-même, dire la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, c'est aussi dire la vérité sur la France d'aujourd'hui : "C'est la montée du communautarisme, l'ultra-violence, une jeunesse qui a perdu ses repères, des zones de non-droits où la loi de la cité prévaut sur la loi de la République", souligne Emilie Frèche.

Un procès à huis clos
Le 22 février 2006, Youssouf Fofana est arrêté à Abidjan, en Côte d'Ivoire, où il se trouve de nouveau en voyage. Il est extradé en France et placé en détention provisoire. A ce jour, il a épuisé les services de trente-sept avocats. Avant l'ouverture du procès du gang, il a écopé d'un an de prison pour outrage à magistrat. L'affaire Ilan Halimi révélée, le motif d'antisémitisme n'est pas de suite considéré, on préfère voir un crime crapuleux. Pourtant, la circonstance aggravante de faits commis "en raison de l'appartenance de la victime à une ethnie, une race ou une religion déterminée" a bien été retenue par les juges d'instruction. [...]

L'arbre de vie
L'écrivain espère que le livre sera traduit en hébreu pour que l'on connaisse mieux l'histoire. Car c'est ici en Israël, dans le cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem, que repose désormais Ilan. Sa mère a transféré la dépouille de son fils, ne pouvant imaginer qu'il trouve la paix sur la terre où il a été torturé. Par peur aussi, qu'une fois libres, ses bourreaux "aillent cracher sur sa tombe". Comme en hébreu, "ilan" signifie "arbre", sa famille en a planté plusieurs en sa mémoire, dans une forêt près de Jérusalem, avec l'espoir qu'ils donnent des "fruits". Et puis, il y a l'histoire de cette jeune musulmane. Elle a, comme des milliers d'autres, envoyé une lettre de soutien à Ruth Halimi. Enceinte durant l'affaire, elle a choisi d'appeler son fils Ilan."

24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, Ruth Halimi, Emilie Frèche, éditions du Seuil


* La mort d'un pote, éditions du Panama, 2006

- Ilan Halimi, "la déraison de sa mort"
- Ilan Halimi, trois ans déjà

2 commentaires :

Anonyme a dit…

Ce vendredi matin , j'y étais à Guivat Shaul .

Aucun mot ne pourra décrire cette ambiance lourde de tristesse et de revolte .

Que D.ieu venge son sang !

joel

Ilhem a dit…

Qu'il repose en paix ... j'ai souvent une pensée pour lui . Je suis algérienne fraternelle de toutes les origines. .. 😍