L'association Fraternité Judéo-Noire de France vient de lancer un nouveau projet : la création de la première synagogue française destinée à la minorité judéo-noire, trop souvent laissée de côté. Une initiative qui vise à rendre "visible" cette petite communauté et à lui donner un espace public, et à laquelle Guysen s'est interessée.
"A Paris et en Île-de-France, la communauté juive est divisée entre séfarades et ashkénazes. Que ce soit dans les consistoires ou dans toutes les autres institutions, les judéo-noirs sont absents" explique à Guysen, Guershon Nduwa, congolais converti au judaïsme à 28 ans, qui a décidé de créer en 2007 l'association Fraternité Judéo-noire afin de combler "ce manque de visibilité". Cette année, il a annoncé son intention d'ouvrir un centre communautaire destiné aux juifs noirs, et par la suite si les moyens lui sont donnés, d'inaugurer la première synagogue judéo-noire de France.
Situé à Levallois Perret, le local est déjà acquis, "il ne reste plus qu'à faire les travaux", affirme le directeur de Fraternité Judéo-Noire de France. Bien perçue par les juifs du monde entier, la construction d'une synagogue a cependant un prix. "Nous avons besoin d'un budget de 300 000 euros. Nous devons encore démarcher les différentes communautés juives, comme par exemple aux USA ou en Israël, pour obtenir de l'aide", ajoute-t-il.
250 familles faisant partie de cette minorité sont recensées en région parisienne. Originaires d'Ethiopie, d'Afrique ou des Antilles, ses membres sont pour la plupart des convertis qui ne se situent nulle part entre séfarades et ashkénazes.
"Aucun juif ne doit être confiné dans une catégorie quelconque. En France 70% des synagogues sont séfarades et 30% sont ashkénazes. Ce n'est pas très digne de l'historicité du judaïsme", déclare Guershon Nduwa.
Selon lui, cette réalité est dangereuse car elle devient alors objet de l'exclusion des autres. Aux Etats-Unis, les synagogues noires sont presque une banalité, il en existe 9 dans tout le pays. A Londres également la question n'est pas nouvelle.
Reste à savoir si la création d'une synagogue judéo-noire ne contribuerait pas justement à exclure encore plus cette communauté. Pour Aloula, 34 ans, l’avis est partagé. "Si cela devient un ghetto, je ne suis pas pour cette idée. Mais si la synagogue est ouverte à tout le monde, cela peut être positif".
Guershon Nduwa qui est à l'origine de ce projet tient à être clair : "Le but n'est pas d'écarter la minorité judéo-noire mais de la rapprocher. Cette synagogue sera un lieu ouvert à tous. Ma démarche est avant tout d'éviter le confinement", déclare-t-il.
"Si ce n'est pas un ghetto, j'irai. Si c'est pour palier les regards qui deviennent un peu gênants, si cela devient un endroit où les gens peuvent se sentir plus à l'aise sans passer leur vie à se justifier par rapport à leur couleur, alors oui c'est important", ajoute Aloula.
On n'est pas juif par sa couleur de peau, et être juif ne veut pas dire exclusivement être blanc, ashkénaze ou séfarade, car la richesse du judaïsme c’est la diversité : Voilà le message que l'association Fraternité Judéo-Noire de France est bien décidée à faire passer.
Source: article de Léonore Jaury pour Guysen International News
Photo: Juif ougandais
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