A l'affirmation: "les Juifs essayaient de prendre l'avantage en mettant en avant l'argument d'avoir été des victimes sous l'ère nazie". Presque la moitié (48.9%) des Allemands interrogés ont répondu par l'affirmative, les Pays-Bas ont quant à eux enregistré le taux le plus bas (17.2%) alors que la Pologne a recueilli un résultat de 72.2%, la Hongrie 68.1%, la France 32.3%, la Grande-Bretagne 21.8%, le Portugal 52.2% [pays où vivent moins de 1.000 Juifs] et l'Italie 40.2%.
On rappellera le toupet d'intellectuels allemands (comme Peter Schneider) qui se plaignent de ne pas pouvoir critiquer Israël à leur aise, alors qu'ils ne font que ça. (Photo: une exposition antisémite à Cologne depuis un an)
Source: Guysen (L'antisémitisme gagne l'Allemagne, par Marie-Rose Granget)
Selon une étude réalisée par un think-tank affilié au parti Social-démocrate allemand, 47% des Allemands considèrent qu'Israël extermine les Palestiniens. Selon les résultats du sondage, "l'antisémitisme en Allemagne se cache derrière la critique d'Israël".
Un think-tank affilié au parti Social-démocrate allemand a publié un nouveau rapport révélant un regain du sentiment antisémite en Allemagne, en Pologne et en Hongrie, ainsi que les différentes manifestations que prennent le racisme, l'homophobie et les préjugés au sein de huit pays européens.
Le Docteur Beate Küpper, chercheur à l'université de Bielefeld et co-auteure de l'étude de la Fondation Friedrich Ebert avec ses collègues Andreas Zick et Andreas Hoevermann, a déclaré que l'étude révélait la forte présence d'un ''antisémitisme lié à Israël et caché derrière la critique d'Israël''.
Elle a notamment qualifié ce regain d'antisémitisme en Allemagne "d'étonnant", puisque le pays avait organisé de grandes commémorations de l'Holocauste et des événements dans les établissements scolaires pour éduquer les jeunes allemands sur l'horreur de la Shoah.
L'étude, intitulée "Intolérance, préjugé et discrimination : un rapport européen", a été réalisée auprès de quelque mille personnes dans chaque pays de l'Union européenne choisi.
L'enquête s'est limitée à la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie, le Portugal, la Hongrie, la Pologne et la France du fait des restrictions financières et de la capacité qu'ont chacun des pays d'étudier le suivi des attitudes antidémocratiques.
47.7% des personnes interrogées en Allemagne ont ainsi estimé que la phrase ''Israël conduit une guerre d'extermination contre les Palestiniens'' était juste. Ce chiffre représente le résultat le plus haut enregistré parmi les pays d'Europe de l'Ouest. L'affirmation relève d'une question typique utilisée pour sonder les attitudes concernant l'assimilation de la politique d'Israël à la campagne nazie d'extermination de la communauté juive. Le Département d'Etat américain, ainsi que l'Union européenne, a définit la comparaison comme une expression moderne de l'antisémitisme.
Compte tenu du soutien tiède dont fait preuve la Pologne à l'égard d'Israël dans le cadre de sa politique étrangère, l'étude, qui a démontré que 63.3% des Polonais, interrogés pour savoir s'ils pensaient qu'Israël cherchait à anéantir les Palestiniens, apparaît ainsi tout à fait alarmante.
L'affirmation "Considérant la politique d'Israël, je peux comprendre pourquoi les gens n'aiment pas les Juifs" a recueillit 35.6% de soutien parmi la population allemande interrogée et 35.9% parmi les Britanniques ayant répondu au sondage. Aux Pays-Bas, 41.1% des sondés ont déclaré être d'accord avec cette affirmation et ils étaient 55.2% en Pologne, 45.6% en Hongrie, et 48.8% au Portugal.
Les chercheurs ont également demandé si "les Juifs essayaient de prendre l'avantage en mettant en avant l'argument d'avoir été des victimes sous l'ère nazie". Presque la moitié (48.9%) des Allemands interrogés ont répondu par l'affirmative, les Pays-Bas ont quant à eux enregistré le taux le plus bas (17.2%) alors que la Pologne a recueilli un résultat de 72.2%, la Hongrie 68.1%, la France 32.3%, la Grande-Bretagne 21.8%, le Portugal 52.2% et l'Italie 40.2%.
Interrogés sur les raisons animant l'antisémitisme – particulièrement en Allemagne où l'éducation sur le passé noir du pays et l'Holocauste a été effectuée de manière intensive – B. Küpper a affirmé que les facteurs expliquant l'antisémitisme n'avaient pas été analysés dans cette étude.
Toutefois, pour expliquer le décalage qu'il existe au sein de la République fédérale entre les commémorations de la Shoah et la haine croissante d'Israël, certains universitaires en Allemagne invoquent fréquemment la notion d'un "antisémitisme secondaire". Selon cette notion, les Allemands seraient atteints d'une culpabilité pathologique du fait de l'Holocauste et rejetteraient la faute du sentiment antisémite sur Israël dans l'espoir d'apaiser leurs complexes. Selon les promoteurs de cette théorie, cela permet d'expliquer l'acharnement contre Israël qui existe au sein de la presse allemande ainsi que les actions parlementaires visant l'Etat hébreu lors de l'incident du Mavi Marmara.
Une poignée d'universitaires allemands, dont le docteur Lars Rensmann, le docteur Matthias Küntzel, et le docteur Clemens Heni, ont enquêté sur ce phénomène d'antisémitisme secondaire dans leurs essais. C. Heni a ainsi déclaré que ''l'étude de la Fondation Friedrich Ebert était basée sur une soi-disant ''haine orientée vers un groupe''. C'est un concept grand public en Allemagne, introduit par Wilhelm Heitmeyer, il y a une dizaine d'années, visant à minimiser l'antisémitisme et à l'assimiler avec les sentiments de haine à l'égard de la population des sans-emploi, des homosexuels (…) et des étrangers''.
Selon lui, c'est un ''concept ridicule'' puisque ''par exemple, confondre l'antisémitisme avec la haine de l'Islam c'est obscurcir l'antisémitisme musulman et islamique. Nous avons un nombre croissant de Musulmans en Europe, alors que les Juifs (…) envisagent plutôt de quitter le continent du fait des incidents antisémites et de la culture politique basée sur la haine des Juifs'', continue-t-il.
Toujours selon C. Heni, "l'étude semble hésiter à traiter avec honnêteté le nouvel antisémitisme, qui est une composante de l'islam politique qui tente d'intégrer l'antisionisme en Occident'".
Il a notamment utilisé le terme "d'obsession létale", expression inventée par le professeur Robert Wistrich de l'Université hébraïque de Jérusalem, un spécialiste de l'antisémitisme, pour décrire ce qui différencie l'antisémitisme de la xénophobie et des autres formes de haine.
''Le nouvel antisémitisme se propage, a-t-il conclu. Cela n'est pas seulement le fait des néo-nazis. (Cela est également causé) par les principaux membres de la gauche au Parlement, les militants de gauche, les extrémistes musulmans et parfois les élites européennes elles-mêmes''.
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