vendredi 6 novembre 2009

Bichara Khader: la Turquie "fait grincer les dents d’Israël"

"L’opinion turque, elle-même, est heurtée par la poursuite de la colonisation israélienne et surtout la judaïsation rampante de Jérusalem. L’offensive israélienne à Gaza, fin décembre 2008 - janvier 2009, fait déborder le vase."

Bichara Khader, Professeur à l'Université Catholique de Louvain, auteur de plusieurs articles anti-israéliens parus dans La Libre Belgique et pour qui "Israël pratique la forme du terrorisme la plus abjecte", vient de publier dans le même quotidien un article consacré à la Turquie qualifié de "nouveau Tigre du Moyen-Orient".

Bien sûr, Israël n'est pas épargné et la position anti-israélienne que vient d'adopter le régime islamiste modéré turc lui plaît - beaucoup même. Voici quelques extraits.

Pour les Arabes: "La signature d’un accord stratégique avec Israël en 1996 a été "la brindille qui a brisé le dos du chameau", comme dit un proverbe arabe."

"Pour ce qui est des rapports avec Israël, on assiste, en revanche, à un refroidissement. [...] la Turquie est de plus en plus courroucée par le comportement d’Israël dans les territoires palestiniens. L’opinion turque, elle-même, est heurtée par la poursuite de la colonisation israélienne et surtout la judaïsation rampante de Jérusalem. L’offensive israélienne à Gaza, fin décembre 2008 - janvier 2009, fait déborder le vase. On comprend dès lors les mots très durs utilisés par Erdogan pour condamner l’offensive israélienne. L’incident qui l’oppose à Shimon Peres à Davos, le 29 janvier 2009, en dit long sur l’état des relations entre les deux pays. L’annulation de la participation d’Israël à l’exercice militaire aérien appelé "Aigle Anatolien" , du 22 au 23 octobre 2009, peut être lue à la lumière de tout ce qui précède."

"L’ouverture raisonnée et équilibrée de la Turquie à son environnement régional fait grincer les dents d’Israël qui craint l’activisme diplomatique turc [...]."

Et de conclure, approbateur :

"A l’évidence, la Turquie devient le nouveau Tigre du Moyen-Orient. C’est une bonne nouvelle pour les Turcs, une aubaine pour le Moyen-Orient et une source d’inspiration pour les Arabes."
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Dans La Libre Belgique du 6 novembre, il y a pas moins de cinq articles consacrés à Israël (les pages 14 et 15 lui sont entièrement consacrées). On y lit en guise de titre la phrase suivante :

"La phrase: "Nous ne voulons pas d'assassins d'enfants ! Israël, hors de notre université ! Des étudiants turcs"

- Belgique: les bien chers frères Khader et la guerre occulte contre Israël
-
Bichara Khader et la "dé-existence" palestinienne

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Il n'existe pas d'Islam "modéré" !

Les Turcs montrent peu de tolérance envers leurs minorités ethniques et religieuses, ils pensent que les minorités non musulmanes ne sont pas loyales envers le pays, et la majorité des Turcs refusent de voir des non musulmans employés dans des institutions publiques, c’est ce qu’un sondage d’opinion publié dans les journaux a révélé.

L’enquête, menée par l’institution de sondages Frekans qui a interrogé 1108 personnes entre mai et juin, a révélé que 57 % des Turcs ne voudraient pas vivre à côté d’un voisin athée, 42 % à coté de voisins juifs et enfin 35 % à proximité de chrétiens.

18 % ne voudraient pas d’une famille étrangère dans leur voisinage.

Bien qu’à majorité musulmane, de petites communautés de Juifs, Arméniens et Grecs vivent en Turquie - toutes officiellement reconnues comme des minorités par le Traité de Lausanne de 1923, qui prévoit une protection spéciale pour les non-musulmans.

48 % des personnes interrogées ont dit qu’elles ne croyaient pas que les Juifs sont loyaux à l’Etat Turc alors que 47 % mettent en doute la loyauté des Grecs et des Arméniens.

Le sondage révèle enfin que 57 % ne veulent pas que des membres de minorités non musulmanes travaillent pour l’Agence Nationale du renseignement et 55 % pensent que ces minorités ne devraient pas être employées dans la magistrature, la police et l’armée.

Source : AFP Traduction Bivouac-id.

En mars 2009, Abdullah Gül, actuel président de la République déclarait :

"ON CHANGERA DÉFINITIVEMENT LE SYSTÈME LAÏC. LA RÉPUBLIQUE VIT SES DERNIERS TEMPS".

Derrière le paravent de la candidature à l’Union européenne, les hommes de l’AKP poursuivent l’islamisation rampante de la société.

Le dernier coup d’Etat des prétoriens turcs remonte à 1997 et ce fut alors le chef du gouvernement islamiste de l’époque, le vieux Necmettin Erbakan, qui fut fermement invité à s’en aller croupir dans une geôle laïque et républicaine. Mais la leçon ne fut pas perdue par ses disciples, dont les actuels Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Recep Tayyip Erdogan et Abdullah Gül. Ces derniers comprirent très vite la prodigieuse opportunité qu’était susceptible de leur apporter la demande d’adhésion à l’Union européenne. Dès lors que la Turquie devenait officiellement candidate à l’entrée dans l’Europe, il était extrêmement difficile aux responsables de l’Armée de continuer à intervenir dans la vie politique sans s’attirer les foudres d’une commission de Bruxelles très sourcilleuse sur " le respect des critères démocratiques ". Le piège ainsi tendu a admirablement fonctionné : depuis le retour au pouvoir du mouvement islamiste reconstitué sous le nouveau sigle AKP (Parti de la justice et du développement) en novembre 2002, les généraux n’ont plus osé bougé le petit doigt de peur d’être accusés d’enrayer le processus d’adhésion de leur pays à l’Europe des Vingt-sept.