mercredi 8 avril 2009

Choudary, Ghannouchi, Wilders et "la maladie anglaise", Claude Moniquet

"Tant que le gouvernement de sa Majesté tolérera les activités d’un Choudary - avocat de la Sharia -, tant qu’il offrira sa protection à un Ghannouchi - propagandiste du djihad -, il ne fera rien d’autre que de préparer de nouveaux "7 juillet" et de nouvelles défaites de la démocratie."

"Il fut un temps où la Grande-Bretagne était dirigée par Sir Winston Churchill, et ce fut l’âge de la résistance et de la gloire. Aujourd’hui, elle n’a plus que Gordon Brown et le temps de la capitulation est venu.

On avait pu espérer qu’après la tragédie du 7 juillet 2005, le Londonistan - ce symbole de l’époque où la capitale britannique servait de refuge à tous les islamistes du monde - appartenait au passé. Illusion ! Moins de quatre ans après le massacre de Londres, ceux qui complotent contre la démocratie en Europe et contre le progrès sociétal dans le monde arabo-musulman sont plus que jamais chez eux à l’ombre accueillante de Westminster.

Un fait, d’abord : à la mi-février, le député populiste néerlandais Geerts Wilders, qui a réalisé un film critique sur l’Islam - Fitna - était purement et simplement expulsé de Grande-Bretagne. Il avait été invité par un membre de la Chambre des Lords à s’exprimer devant un groupe de parlementaires, au cours d’une réunion privée durant laquelle son film devait être projeté. Un autre membre de l’honorable assemblée, Lord Ahmed, d’origine pakistanaise, a alors menacé de mobiliser des milliers de musulmans pour empêcher Geert Wilders de pénétrer dans l’enceinte du Parlement. Le gouvernement travailliste et, plus précisément, Madame Jacqui Smith, ministre de l’Intérieur, a donc fait arrêter M. Wilders, qui a été reconduit, manu militari, vers son avion et expulsé du pays. On aime ou on n’aime pas Monsieur Wilders, mais il s’agit d’un élu du peuple d’un pays membre de l’Union européenne. Si certains s’estiment, à tort ou à raison, insultés par les propos qu’il tient sur l’islam, ils ont la possibilité de s’adresser aux tribunaux. Mais à Londres, ils n’auront même pas à aller jusque-là : la ministre de l’Intérieur leur a évité cette peine en censurant le perturbateur.

Pas de censure, en revanche, pour Anjem Choudary. Un homme délicieux, un vrai modéré : il a "interdit" aux musulmans britanniques de collaborer avec la police dans la lutte contre le terrorisme et, en 2006, il appelait à assassiner le pape. Deux groupes qu’il a créés ou dirigés - al-Muhajiroun et al-Ghurabaa – ont été décrétés "organisations terroristes" et interdites. Mais le 28 févier, il était autorisé à organiser à Londres une manifestation en faveur de la Sharia et contre "l’oppression de la loi humaine". Pour lui, ses compatriotes britanniques sont des "incroyants" qui, entre autres vices, s’adonnent au jeu, sont alcooliques et adorent de faux dieux. Un modéré, on l’a dit …

Pas de censure non plus pour Rachid Ghannouchi, un extrémiste tunisien qui fut, dans les années quatre-vingt, le fondateur du Mouvement de la Tendance Islamique puis de Ennahda, deux mouvements qui visaient à transformer la Tunisie en "imamat", dans le cadre d’un grand califat islamique.

Ces dernières semaines, Rachid Ghannouchi se répandait contre Israël dans les médias britanniques - ce qui est fondamentalement son droit. Ce qui est sans doute plus discutable c’est qu’il se fait l’avocat du Hamas - considéré comme un mouvement terroriste en Europe - qui, selon lui, est aujourd’hui le fer de lance de la résistance palestinienne.

Mieux, le 19 février dernier, il co-signait - avec plusieurs autres dirigeants islamistes proches de Frères musulmans - un appel à créer un "troisième front djihadiste". Le texte avait été adopté à l’issue d’un "sommet" tenu à Istanbul et au cours duquel les mêmes dirigeants demandaient aux Etats arabes de faciliter "le passage des combattants" et des armes, avant d’asséner : "Il n’y aura pas d’accord avec Israël !"

Le 22 février, dans une interview accordée à la chaîne satellitaire Al-Hiwar - dans le cadre de l’émission "Taamoulat fiddine wal siyassa" ("Réflexions sur la religion et la politique"), - il disait admirer les roquettes al-Qassam, une "arme civilisée" (sic !) : "Le terme terroriser a, ici, une signification magnifique… Voilà pourquoi j’admire les missiles al-Qassam. Le but de ces missiles étant « seulement » de terroriser…".

Plus récemment, le 23 mars, il mettait en cause l’existence même de l’Etat hébreu : "Israël est une réalité politique transitoire. Dans les années vingt ou soixante, il y eut un Etat appelé Zanzibar. Est-ce qu’il y a, aujourd’hui, un Etat appelé Zanzibar ?". Peut-on être plus clair ? Remarquons au passage que dans la même interview, le "modéré" Ghannouchi nous livrait, sans détour, son projet politique pour la Tunisie : "Un état démocratique, dans une société musulmane comme la Tunisie, ne peut être qu’un Etat islamique". A nouveau : peut-on être plus clair ?

Les autorités anglaises, lorsqu’on critique la grande tolérance dont elles font preuve depuis des années face à l’islamisme, ont coutume de répondre qu’il ne s’agit de rien d’autre que du respect de la liberté d’expression. Belle excuse pour couvrir un bien cynique calcul. Car la réalité est toute autre : Londres estime en fait que pour se prémunir du basculement du monde arabo-musulman aux mains des "extrémistes" djihadistes, il n’y a pas d’autre choix que de faire la part du feu et de favoriser l’accession au pouvoir des islamistes "modérés". Ils n’oublient qu’un léger détail : au Pakistan, ce sont les islamistes "modérés" qui ont favorisé les Talibans afghans ; en Algérie, ce sont les islamistes "modérés" du Front islamique du salut (FIS) qui ont enfanté les tueurs du GIA, dans les années quatre-vingt-dix. Et un peu partout dans le monde, ce sont les "modérés" des Frères musulmans qui préparent, en ce moment même, la mise en place des Califats que, demain peut-être, nous devrons affronter. Et tant pis si ces "modérés" marchent, pour arriver au pouvoir, sur les droits des femmes et des minorités. Le "grand jeu" ne s’encombre pas de ces détails.

Tant que le gouvernement de sa Majesté tolérera les activités d’un Choudary - avocat de la Sharia -, tant qu’il offrira sa protection à un Ghannouchi - propagandiste du djihad -, il ne fera rien d’autre que de préparer de nouveaux "7 juillet" et de nouvelles défaites de la démocratie.

"Vous avez eu le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre", déclarait Winston Churchill à Neville Chamberlain au lendemain des accords de Munich.

Mais la Grande-Bretagne de 2009 est dirigée par M. Gordon Brown, pas par monsieur Churchill."

Source: Editorial de Claude Moniquet, Président de l'ESISC
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