samedi 10 octobre 2009

Islam : rôle de la religion dans le jihad contre Israël, Denis McEoin

"Dans un discours prononcé le 18 décembre 2001 dans son quartier général à Ramallah, le leader palestinien Yasser Arafat a proclamé qu'il était prêt à sacrifier soixante-dix martyrs contre la mort d'un seul Israélien. Le publicrépliqua "Des millions de martyrs sont déjà en marche vers Jérusalem". Le public voulait bien entendu dire "bombes humaines". Mais personne n'a utilisé ces mots, puisque ce n'est pas avec ces termes que les arabophones s'expriment."

Extraits d'un essai de Denis McEoin intitulé "Suicide Bombing as Worship Dimensions of Jihad" paru dans The Middle East Quarterly

"In a speech at his headquarters in Ramallah on December 18, 2001, Palestinian leader Yasser Arafat proclaimed he was willing to sacrifice seventy martyrs to bring about the death of a single Israeli. His audience replied "Millions of martyrs are already marching to Jerusalem." They meant suicide bombers, of course. But nobody present used the term, since that is not how Arabic speakers refer to them."

"Religion in the Jihad against Israel

Suicide bombers from Hamas or Islamic Jihad or the Al-Aqsa Martyrs' Brigades cannot be understood as creatures of Palestinian nationalism, as the spawn of the Palestine Liberation Organization or Black September. The religious war against Israel best explains the deep impulses that propel so many young Muslims to choose death for this cause. No other conflict engages international Islamic opinion like this one. "Palestine" has become a rallying cry for Muslims everywhere.

Benny Morris, a historian of the Arab-Israeli conflict, correctly argues that it was religion rather than nationalism that inspired the 1948 invasion of Israel. He considers it a mistake to ignore the religious rhetoric that accompanied the 1948 assault by Arab armies. "The 1948 War, from the Arabs' perspective," he writes, "was a war of religion as much as, if not more than, a nationalist war over territory." The Muslim Brotherhood, the mufti of Egypt, Egypt's King Farouk, King 'Abdullah of Transjordan, and many others spoke of a holy war, a jihad against the Jews. It was not a purely nationalist struggle then, nor is it today. The "[violence] did not emerge only from 'modern' nationalist passions; it also drew on powerful religious wellsprings. Nothing, it seemed, could mobilize the Palestinian Arab masses for action more readily than Muslim religious rhetoric and symbols."

Little has changed since the 1940s. With the rise of radical Islam and the expansion of violent recourse, Arab irredentism has continued to have a religious focus, sometimes on "Palestine" and sometimes on the umma, the abstract nation of all Muslims. And it is as Muslims more than as Arabs (or Iranians or Afghans) that today's leading enemies of Israel view the conflict.

Palestinian violence against Israelis is one of the earliest expressions of Islamic rage against modernity. Its most recent manifestation, Hamas, is, according to its 1988 Covenant, "an Islamic resistance movement." Hamas is, in fact, the Palestinian branch of the Muslim Brotherhood, still one of the leading forces of Islamic radicalism on the planet. Article one of the covenant starts as follows: "The Movement's program is Islam. From it, it draws its ideas, ways of thinking and understanding of the universe, life and man. It resorts to it for judgment in all its conduct, and it is inspired by it for guidance of its steps."

"The idealization of sexual honor and sexual shame carries heavy symbolic weight outside the sphere of family relations. Jehoeda Sofer, author of Sexuality and Eroticism among Males in Moslem Societies, quotes a Palestinian Arab as follows: "If the Arabs would have had war with the Israelis using [their] ***s, we would have defeated them easily. The Israelis are a bunch of feminine males who want to be and should be *** by the Arabs.""
_________

Une bombe humaine palestinienne prête au martyre déclare à la télévision du Hamas: "... et nous savons qu'il n'y de sang qui nous est plus doux que le sang des Juifs."
_________
- Préface de P.-A. Taguieff à l’ouvrage de Matthias Küntzel, "Jihad et haine des Juifs"
-
Nizar Rayan: stratège des "boucliers humains" du Hamas victime de sa propre stratégie, Ely Karmon
- The Mufti of Berlin, Daniel Schwammenthal, The Wall Street Journal

2 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

"Le mal que le Coran dit des juifs et des chrétiens nuit aujourd’hui à l’islam, mais il peut être dépassé par un changement de rapport au texte".

(Daniel Sibony, Proche-Orient. Psychanalyse d’un conflit )

L’islam, face aux "autres", est gêné d’ignorer qu’il reprend leur Texte. La gêne s’aggrave quand les "gens du Livre" comme les Américains, censés nager dans la bêtise (de croire, par exemple, que Dieu a un Fils), semblent plutôt prospérer – et apporter plus de possibilités que les régimes arabes. Mais tant que les islamiques évolués ignorent cette gêne en disant que l’islam n’est que tolérance, en inversant violemment le rejet de l’autre en tolérance presque absolue, il y aura des intégristes qui se dresseront pour
rappeler l’essentiel, à savoir non pas le plagiat mais son inverse : ces autres (Juifs et Américains) sont des faussaires et des stupides. Et ils auront toujours de quoi le justifier, toujours assez de méfaits et de crimes. Et l’on continuera à croire que le problème de l’islam, outre cet autre exécrable (judéo-américain), ce sont les intégristes, alors que ces derniers ne sont que les éléments dévoués, certes bornés, qui se consacrent à rappeler l’essentiel du Texte, de l’origine que beaucoup voudraient cacher.

Il est clair qu’une fois repris le Texte des Juifs, ce n’est plus cette reprise qui a été mise en avant, elle a été refoulée au profit de ce qui la justifie : l’impératif de les rejeter en tant qu’indignes. Du coup, la vindicte envers eux a couvert le plagiat.

Une des causes inconscientes du blocage du monde arabe, noyau du monde islamique, se situe dans cette dépendance au texte de l’autre. Or le plagiat fait problème d’autant plus qu’il est ignoré. Aujourd’hui, pour qu’un musulman sache que son Livre vient de la Bible, il faudrait qu’il soit un étudiant en religions comparées. C’est assez rare.

Beaucoup de musulmans refusent d’admettre que le Coran est foncièrement antijuif, car l’antisémitisme est mal vu en Occident depuis sa flambée nazie. Toujours est-il qu’on aide pas le rapport lucide à l’origine et l’effort pour la dépasser en cautionnant cette phobie, souvent doublée d’hypocrisie. Au lieu de dire, par exemple : oui, le Coran n’aime pas les Juifs mais ceux d’aujourd’hui ne sont pas ceux du Coran ; ou : cette histoire est dépassée, il y a place pour tous dans l’être vivant et le possible, même s’il est clair que tous n’ont pas le même Dieu (mais faut-il ?), - on préfère jouer le déni : il n’y a pas de haine des juifs dans le Coran, mais on a raison de haïr ceux d’Israël, vu ce qu’ils font (ou raison de les tuer,ce sont des colonialistes). Et la haine qu’on a pour eux n’a "rien à voir" . – nouveau déni – avec la haine originelle.

Dire qu’il y a deux islams, le bon et le mauvais, est l’issue rassurante où se jettent ceux que la peur empêche de penser – et qui croient savoir qui sont les bons et les mauvais. Or le problème commence quand ceux qui sont dans le "bon" islam se réjouissent des prouesses de ceux qui sont dans le "mauvais" tout en les condamnant. En fait, cette dichotomie entre intégrisme et islam modéré a son intérêt mais elle masque le problème; elle exprime une phobie de l’origine, une peur d’en parler, de l’affronter, de voir l’autre en parler. Celui qui pointe une haine de l’autre [non musulman] dans l’origine [Coran, hadiths] est parfois même accusé de la provoquer tant la peur est grande de découvrir dans l’origine (surtout "sacrée") des choses déplaisantes. Or c’est l’origine problématique et déplaisante qu’il s’agit d’assumer; l’origine n’est pas faite pour plaire; et de l’assumer peut la rendre bonne, ou meilleure.

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Et tous s’en prennent aux intégristes : ces gens donnent une mauvaise image de l’islam, ils n’ont rien à voir avec. L’ennui c’est que d’accuser les intégristes n’aide pas à expliquer pourquoi l’islam en produit tant.

Les "modérés" n’osent pas affronter la question douloureuse : pourquoi l’islam produit-il à tour de bras des intégristes – et souvent si violents ?

D’autant qu’il y a l’épouvantail : la peur – ou la menace – de l’amalgame. Or chacun sait que Al-Qaïda n’est pas l’islam mais que l’islam produit Al-Qaïda. Là encore, ce n’est pas dicible : dans le discours du consensus, Al-Qaïda, "c’est à cause de l’Amérique et d’Israël"; même le fondamentalisme, sa cause est "l’arrogance" de l’Occident.

Il y a dans les médias et chez les politiques une peur de laisser dire quoi que ce soit qui semble critiquer l’islam, lequel est ainsi pris en bloc.

Par exemple, il ne faut pas dire que l’islam produit beaucoup de fanatiques et qu’il a une vieille rancœur à exprimer, mais que c’est une religion de paix et d’amour qui a ses extrémistes comme partout.

Il ne faut pas dire qu’il y a une haine antijuive dans l’islam, mais que les musulmans ont toujours bien cohabité avec les Juifs, et que c’est seulement à Israël qu’ils en veulent.

Il ne faut pas dire qu’Israël est le retour dans le réel d’une faille interne à l’islam, qu’il a déniée dès l’origine ; mais qu’Israël est un état colonial qui a profité de la Shoah pour s’emparer de terres arabes.

Il ne faut pas dire que des jeunes maghrébins molestent des élèves juifs en plein Paris mais qu’ils sont solidaires d’une lutte anticoloniale.

Il ne faut pas dire que le foulard est un emblème islamique mais que c’est un signe qui humilie celles qui veulent le porter.

Le résultat est un certain paternalisme qui suppose les musulmans incapables d’affronter les problèmes de l’islam avec l’autre. En outre, l’islam est pris en bloc par ceux-là mêmes qui dénoncent "l’amalgame". Cela bloque la dynamique entre intégristes et modérés, qui est peut-être la seule chance pour l’islam de s’intégrer au monde actuel.