mercredi 28 octobre 2009

Enderlin à La Libre Belgique: "Israël a joué avec le feu"

Ce qui distingue les deux quotidiens belges francophones Le Soir et La Libre Belgique de la presse flamande et de celle des autres pays est le fait qu'il est rarisimme qu'ils publient un article ou une information un tant soit peu favorable à Israël. En effet, les lecteurs de ces deux journaux sont continuellement soumis à un torrent d'informations négatives (la quantité est tout aussi imposante que la qualité négative des articles), voire extrêment hostiles à Israël. Ce n'est pas la première fois que ce site aborde cette question.

Prenons La Libre Belgique. Ces dernières semaines la moisson fut particulièrement faste. Jugez-en (ce qui suit n'est évidemment qu'un échantillon de ce qui a été publié) :

Le 5 septembre, LLB publiait la traduction de la tribune de Neve Gordon (c'est toujours mieux lorsque les auteurs sont de "grands intellectuels" juifs ou israéliens) intitulée:
""Boycottez Israël" : C’est la seule façon de sauver Israël de lui-même." (Le Soir avait également publié des extraits de l'article!)

Le 14 septembre, Uri Avnery ripostait à l'article de Neve Gordon en se démarquant de ses excès.

Le 1er octobre, LLB publiait la traduction d'une tribune d'Uri Avnery sur la réaction israélienne au rapport de l'ONU que ses traducteurs ont intitulé :
"Mensonges antisémites
Israël ne décolère pas face au rapport Goldstone sur les crimes de guerre à Gaza. Dénonçant un grand complot, la machine de propagande israélienne va s'en prendre au juge juif Goldstone et à l'antisémitisme des Nations unies. Pas de débat interne en Israël.
(le 17 septembre, LLB prend également la précaution d'indiquer que le juge Richard Goldstone est "d'origine juive")

Charles Enderlin est venu à Bruxelles présenter son dernier ouvrage "Le Grand Aveuglement". Il est probable que peu de Belges, que le sujet a finit par lasser, se donneront la peine d'acheter le livre. Qu'à cela ne tienne, il ne faut pas rater l'occasion d'appporter la bonne nouvelle à un maximum de monde. Les propos du journaliste ont été recueillis (par Le Soir également) avec le respect et la dévotion que l'on réserve aux grandes sommités. On connaît la théorie que ce sont les Américains qui ont créé Al Qaida et les talibans - en suivant le même type de raisonnement, Enderlin arrive à la conclusion que c'est Israël qui porte une grande responsabilité dans la création du Hamas. Que l'islam radical se porte bien ailleurs dans la région n'entre pas en ligne de compte. Le vertige de la simplification plaît. Menahem Macina fait quelques observations intéressantes:

"Israël a joué avec le feu, Sabine Verhest (entretien avec Charles Enderlin)
Géniale "journaliste" ! Tous les problèmes de la région et du monde avec le Hamas sont de la faute d’Israël. Ben voyons ! Z’avaient qu’à pas, en son temps, jouer Hamas contre Fatah d’Arafat (Cette dame doit retourner aux études : ce n’est pas la première fois que ce qui était manœuvre politique dictée par les circonstances s’avère ensuite contreproductif, voire catastrophique). Z’ont qu’à pas attaquer ces pauvres "militants" du mouvement islamique, assiégés et persécutés par la monstrueuse Armée de Défense d’Israël, et qui font ce qu’ils peuvent pour se défendre. Et pis, de toute façon Israël a tort ! (bis, ter, quater, etc.). Mais, j’y songe : est-ce à cette Sabine qu’il faut s’en prendre, ou au grand Charles, l’omniscient prophète d’analyses rétrospectives, dans le genre "y’avait qu’à pas", "y’aurait qu’à pus", etc. ? (Menahem Macina)." Suit l'entretien avec le grand expert: ICI

Egalement aujourd'hui (journée fastissime) paraît le rapport de l'ONG européenne Amnesty International (bien entendu LLB a le plus grand respect pour Amnesty) à charge d'Israël qui est accusé de priver les Palestiniens d'eau. Extrait de l'article consacré au rapport d'Amnesty :

"Le rapport présente également des témoignages de soldats israéliens racontant comment certains s'entraînent, trompent le temps ou "donnent une leçon aux gamins du quartier qui jettent des pierres" en tirant sur les citernes domestiques placées sur le toit de maisons palestiniennes."

Autres articles publiés par LLB - liste reprise du blog Ginsburg (Victor Ginsburg est professeur à l'Université Libre de Bruxelles et a traduit les textes ):

Translations/Traductions
- Honte sur vous leaders des nations - Yitzhak Frankenthal, La Libre Belgique
- Génocide symbolique - Lev Grinberg, La Libre Belgique
- Le Golem se tourne contre son créateur - Uri Avnery, La Libre Belgique
- Il y a des juges à La Haye… - Uri Avnery - La Libre Belgique
- L'Holocauste, une arme qui permet de détourner la critique - Amira Hass, La Libre Belgique
- Un mot de quatre lettres - Uri Avnery, La Libre Belgique

- La journée des longs couteaux - Uri Avnery - sur le site de Stéphane Ginsburgh

2 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

La guerre du Golfe en 1991 a marqué une rupture considérable dans l'histoire de l'information, particulièrement dans celle de l'information en images. Pour la première fois, un certain nombre d'événements ont été vus en direct à la télévision.

Encore aujourd'hui, dans les journaux télévisés, la tendance est aux envoyés spéciaux. Ceux-ci donnent une illusion de réel, et laissent penser aux téléspectateurs que leur présence sur place est une preuve d'authenticité. Les journaux télévisés veulent traiter l'information tout de suite et, à la différence des magazines, ils ne prennent pas le temps de réfléchir, de replacer l'événement dans son contexte.

Pourtant, l'information se voulant universelle, est interprétée différemment selon l'espace culturel dans laquelle elle est reçue. En temps de guerre, les médias, la plupart du temps, se calent sur les points de vue des États. Cela a toujours été comme cela. La quantité d'informations, n'apporte pas forcément une bonne qualité. De plus dans cette notion de quantité, il faut ajouter rapidité, direct, or il est nécessaire d'avoir de la distanciation pour faire de la bonne information. Les attentats du 11 septembre 2001 ont montré que les stratégies de communication sont directement intégrées par les terroristes.

C'est une forme sophistiquée de la propagande qui a toujours existé.

Il ne suffit plus d'informer le plus vite possible, au nom de la concurrence et du " droit de savoir ", il faut réfléchir au moyen de résister à une forme d'hystérisation de l'événement.

Les journalistes ne peuvent échapper à une réflexion critique sur leur nouveau rôle dans la mondialisation de l'information sous peine d'être instrumentalisés par les techniques et les intérêts politiques. Désormais, être un contre-pouvoir, c'est inventer une autre déontologie de l'information.

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

La guerre du Golfe en 1991 a marqué une rupture considérable dans l'histoire de l'information, particulièrement dans celle de l'information en images. Pour la première fois, un certain nombre d'événements ont été vus en direct à la télévision.

Encore aujourd'hui, dans les journaux télévisés, la tendance est aux envoyés spéciaux. Ceux-ci donnent une illusion de réel, et laissent penser aux téléspectateurs que leur présence sur place est une preuve d'authenticité. Les journaux télévisés veulent traiter l'information tout de suite et, à la différence des magazines, ils ne prennent pas le temps de réfléchir, de replacer l'événement dans son contexte.

Pourtant, l'information se voulant universelle, est interprétée différemment selon l'espace culturel dans laquelle elle est reçue. En temps de guerre, les médias, la plupart du temps, se calent sur les points de vue des États. Cela a toujours été comme cela. La quantité d'informations, n'apporte pas forcément une bonne qualité. De plus dans cette notion de quantité, il faut ajouter rapidité, direct, or il est nécessaire d'avoir de la distanciation pour faire de la bonne information. Les attentats du 11 septembre 2001 ont montré que les stratégies de communication sont directement intégrées par les terroristes.

C'est une forme sophistiquée de la propagande qui a toujours existé.

Il ne suffit plus d'informer le plus vite possible, au nom de la concurrence et du " droit de savoir ", il faut réfléchir au moyen de résister à une forme d'hystérisation de l'événement.

Les journalistes ne peuvent échapper à une réflexion critique sur leur nouveau rôle dans la mondialisation de l'information sous peine d'être instrumentalisés par les techniques et les intérêts politiques. Désormais, être un contre-pouvoir, c'est inventer une autre déontologie de l'information.