mercredi 21 octobre 2009

Effervescence de Bernard Kouchner autour de l'hôpital Al-Qods de Gaza

"En résumé : un entrepôt du Croissant Rouge palestinien de Gaza-sous-le-contrôle-du-Hamas, situé à proximité de l’hôpital Al Quds, pas l’hôpital lui-même, a été détruit. L’hôpital Al Quds, administré par le Croissant Rouge palestinien de Gaza-sous-le-contrôle-du-Hamas, a été touché par un obus israélien qui a endommagé les canalisations d’eau qui l’alimentent – que le CICR, au lendemain des faits, juge réparables en 5 jours."

"M. Kouchner avait l'intention de profiter de sa visite en Israël pour aller à Gaza, afin de donner le coup d'envoi de la réhabilitation de l'hôpital Al-Qods, partiellement détruit lors de la guerre de l'hiver 2008. Pour ce projet de caractère humanitaire, le président Sarkozy avait obtenu l'accord personnel du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

De là à laisser M. Kouchner se rendre dans la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas, il y a un pas que les autorités israéliennes ont du mal à franchir. D'autant qu'elles ne sont pas sûres de la nécessité de "reconstruire" cet hôpital. De source israélienne, on affirme que le bâtiment n'a été que partiellement endommagé par un feu qui s'est propagé depuis un immeuble voisin, lui-même détruit par les bombardements." (Le Monde, 21/10/2009)
______
Sur cette passionnante affaire qui met en émoi et en effervescence la France et la Grèce et beaucoup d'autres acteurs européens de la scène palestinienne :

Texte "Relooking ?" repris du site de Richard Zrehen

"- Humm ! sale affaire : peu d’indices, pas de témoin !", Fred Othon Aristidès dit Fred

On a rapporté dans cet espace [voir Timeo Danaos, etc., mis en ligne le 19 juillet 2009] l’étrange émotion qui a dessaisi la Grèce politique, médiatique et chrétienne-orthodoxe il y a quelques mois, une Grèce devenue folle du désir de faire pièce à l’Israélien-implacable – qu’elle parvient d’autant moins à dissocier du « Juif » de son vieil Imaginaire, au « genre de vie contraire à l’humanité et à l’hospitalité »[1] qu’elle ne « sait » probablement pas qu’elle est (toujours) hantée par lui –, qui s’est mobilisée pour faire exister un référent introuvable, un « hôpital chrétien » situé à Gaza que le dit Israélien-Juif aurait détruit sans état d’âme, au cours de l’opération Plomb durci…
*
Après enquête, il apparaît que cet hôpital « existe » bel et bien : à preuve, le président Sarkozy a convaincu le premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahou, de bien vouloir accepter que cet hôpital soit reconstruit avec l’aide financière de la France et du Qatar, si l’on doit en croire Al Jazeera du 30 septembre 2009, citant le quotidien israélien Ha’aretz :

« ... Le premier ministre israélien a accepté [en tant que geste humanitaire...] de permettre l’entrée de matériaux à Gaza pour reconstruire un hôpital... détruit par un obus [un obus] tiré par un char israélien pendant la guerre de 22 jours menée par Israël dans le territoire l’hiver dernier, écrit [aujourd’hui] Ha'aretz ... en réponse à une demande française...

[B.] Netanyahu a indiqué [au président] Sarkozy qu'il ordonnerait à son ministère de la défense d’autoriser l’entrée de ciment, notamment, dans la bande de Gaza... Israël limite l'importation de matériaux de construction dans l'enclave [!] qui reste sous siège israélien. La reconstruction de l'hôpital [doit être] entreprise par la France et le Qatar... »[2]
*
Mais là où le désir aveugle au point de faire halluciner le Réel, où le rêve éveillé travaille à plein, sans y penser, il procède par déplacements facilement repérables, et condensations bricolées – comme le dit à peu près Freud dans L’Interprétation des rêves : l’hôpital en question est bien situé à Gaza (au sud de Gaza City, à Tal Al Hawa, pour être précis, « The wealthy Tel al-Hawa district of Gaza City » dit le Sunday Times [3]) ; il ne s’agit pas d’un hôpital « chrétien » mais de l’hôpital Al Quds (qui, pour le Regional Office [West Bank & Gaza] for the Eastern Mediterranean de la World Health Organization, se trouverait en Occupied Palestinian Territory[4]), d’une capacité de 100 lits, administré par la Palestine Red Crescent Society...

Quant à sa « destruction »… Rappelons-nous :

- Le jeudi 15 janvier, l’AFP écrit, dans une dépêche en provenance de Gaza : « Touché par un obus [un obus], l'hôpital Al-Quds, dans le quartier de Tal al-Hawa, était en proie aux flammes jeudi soir. »[5]

- Le vendredi 16 janvier 2009, ABC News reprend cette dépêche où l’on peut lire ceci :

« Pendant que s’intensifiait le combat, des douzaines de familles... serrant des sacs de voyage emballés à la hâte, étaient arrivées à l'hôpital [Al Quds] et s’étaient installées où elles pouvaient, ne sachant rien des horreurs qui les attendaient. Au moment où les civils effrayés se réfugiaient dans le batiment, une partie de l'hôpital prit feu à la suite d’une frappe israélienne. L’incendie a été maîtrisé dans la partie médicale mais pas dans le bâtiment administratif... »

Mais aussi ceci :

« L'effondrement de l'aile entière d'un bâtiment [un bâtiment] a déclenché un moment de panique parmi les patients et les familles cherchant protection, et a provoqué l’incendie... »[6]

- Le vendredi 16 janvier 2009, toujours, Associated Press rapporte que les « travailleurs médicaux ont fait, ce jour, le tour des décombres fumantes de l’hôpital Al Quds... qui a été frappé par trois obus [trois obus] israéliens la veille. Il n'y avait rien de récupérable à l'intérieur de la carcasse noircie... »[7]

- Le dimanche 18 janvier 2009, le Sunday Times écrit que « le plus gravement touché a été l'hôpital Al-Quds à Al-Hawa. Le personnel a dû déménager 500 patients [500 patients] au milieu de la nuit pendant que le feu faisait rage. ‘‘J’étais assis par terre au rez-de-chaussée quand, soudainement, il y a eu une explosion énorme’’, raconte Mohamed Al-Helou, ambulancier. ‘‘Je me suis précipité pour aider à transporter certains des patients vers les étages inférieurs, et j'ai entendu une autre explosion. C'était alors que j'ai réalisé que l'hôpital lui-même était la cible de tirs’’... »[8]

Entre-temps, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) avait publié un communiqué où l’on pouvait lire, entre autres, ceci :

« Bien que l’hôpital Shifa continue de fonctionner de façon ordonnée et efficace, sa capacité à faire face au nombre élevé de patients atteint sa limite. Outre recevoir et traiter les nouveaux blessés, il a dû s'occuper de 60 patients [60 patients] évacués de l’hôpital Al-Quds et d'un centre de réadaptation à Gaza City, tous deux endommagés par les bombardements du 15 janvier...

Les travaux de remise en état de l’hôpital Al-Quds, administré par la Palestine Red Crescent Society, sont en cours après une évaluation rapide conjointement [?] effectuée avec des membres du personnel du CICR. Les conduites d'eau alimentant l’établissement ont été gravement endommagées par le bombardement. Le fonctionnement des services devrait revenir à la normale d’ici 3 à 5 jours. L'entrepôt de la Palestine Red Crescent Society, qui a été également bombardé jeudi, a été réduit en cendres. Des stocks substantiels de marchandises de première nécessité ont [ainsi] été détruits... »[9]

En résumé : un entrepôt du Croissant Rouge palestinien de Gaza-sous-le-contrôle-du-Hamas, situé à proximité de l’hôpital Al Quds, pas l’hôpital lui-même, a été détruit. L’hôpital Al Quds, administré par le Croissant Rouge palestinien de Gaza-sous-le-contrôle-du-Hamas, a été touché par un obus israélien qui a endommagé les canalisations d’eau qui l’alimentent – que le CICR, au lendemain des faits, juge réparables en 5 jours.

Voilà ce qui pourrait être à l’« origine » de l’effervescence grecque évoquée plus haut, une des nombreuses manifestations de cette nouvelle religion – une illusion partagée, pas une erreur selon Freud – qui enflamme depuis la guerre des 6-Jours (1967) la planète compassionnelle en plein déni [10], de l’Arctique à l’Antarctique, de l’Orient à l’Occident : l’anti-israélisme radical.

Et puisqu’il s’agit d’un a priori, d’un transcendantal et pas d’un jugement, même biaisé [!], au vu des résultats d’une enquête « sur le terrain », précédant logiquement et chronologiquement toute protestation d’injustice, éventuellement fondée – qui peut ignorer la force des tentations, la faiblesse des hommes et des institutions en tout lieu ? –, toute critique, éventuellement justifiée – quel citoyen d’un pays libre, un israélien par exemple, peut ne pas être un jour en désaccord avec son gouvernement pour des raisons de doctrine ? –, toute argumentation (géo)politique « rationnelle », on peut y reconnaître une phobie. Un nouveau visage de la vieille Judéophobie [11].
*
Maintenant, la France et le Qatar ont décidé de reconstruire [?] cet hôpital-là, endommagé mais non détruit, et le président français a convaincu le premier ministre israélien de faciliter cette reconstruction en laissant entrer à Gaza du ciment et autres matériaux ce qu’Israël refuse ordinairement au motif que ces matériaux servent à construire des rampes de lancement de missiles – du genre de ceux qui se sont abattus par centaines, des années durant, sur le sud d’Israël, finissant par entraîner une tardive (et limitée [12]) riposte militaire – et des tunnels permettant la contrebande des armes, des « combattants », des femmes destinées au réconfort tarifé, et des biens, par exemple [13] ? Cela infirme-t-il ce qui vient d’être avancé ? On laissera ce point en suspens …

Pour lire la suite cliquer ICI

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

La Grèce est un pays où l’antisémitisme s'exprime ouvertement, notamment sur les télévisions privées.

Depuis des années en Grèce, la littérature antisémite et néo-nazie circule librement ; c’est le cas notamment des "Protocoles des sages de Sion".

La tradition antisémite de la droite nationaliste grecque appuyée sur l’Eglise orthodoxe est fortement enracinée. La religion orthodoxe est la religion d’Etat. Son puissant clergé est au premier rang de l’exclusion des minorités religieuses (juifs, musulmans, catholiques) et nationales (Albanais, Macédoniens…) ainsi que du soutien aux criminels de guerre serbes, au nom de la fraternité orthodoxe. Les immigrés sont particulièrement maltraités et privés de droits.

Une partie de la gauche grecque est contaminée par la tradition antisémite en vogue dans son pays. Elle ajoute à sa condamnation de la politique des gouvernements israéliens des considérations plus que douteuses.

Quand au "french Doctor", toujours présent, toujours sur place !

Kouchner pense que Sarkozy et lui-même ont permis à la France de rétablir son leadership politique et moral, non pas en recourant à la vieille ficelle gaulliste de “l’autonomie de décision”, mais en plaçant les valeurs fondamentales de la démocratie et des droits de l’homme au cœur même des décisions politiques. Mais les Français sont beaucoup plus à l’aise avec le réalisme gaulliste ; et, au moins dans les salons et cafés parisiens, Kouchner est régulièrement traité de “néoconservateur”. Ce terme, qui a quasiment remplacé celui de “fasciste” comme insulte suprême à gauche, désigne en gros “quelqu’un qui veut utiliser les instruments de l’Etat pour promouvoir certaines valeurs”, même si, dans l’après-guerre d’Irak, il véhicule aussi des relents de “va-t-en-guerre” et de “laquais des Américains”.

Kouchner adore “gérer les crises”, les détails l’ennuient. Il redoute que son désintérêt pour les questions plus complexes ne crée un vide que d’autres ministres ne demanderaient qu’à combler.

Dépositaire du poste si envié de ministre des Affaires Étrangères, Bernard Kouchner présente le profil rêvé du poste, si, si. Un passé d’humanitaire respectable, tout fondateur de Médecins Sans Frontières qu’il est. Une gueule de beau mec, à même de faire rayonner l’esprit français à travers le monde, droit dans la ligne d’un Roland Dumas ou d’un Dominique de Villepin. Une aura d’homme de gauche (on ne rit pas) à faire pâlir Bernard Tapie et propre à incarner l’ouverture dans la rupture chère au nouveau président Sarkozy.