dimanche 25 octobre 2009

Belgique: "Psychodrame antisioniste": scènes "d'une grande violence physique et morale"

"Alors que des acteurs mettaient en scène des civils palestiniens raflés et déportés par des soldats israélien, M. Flahaut [député socialiste et ancien ministre de la Défense] s'y était publiquement indigné des violences et des souffrances subies par la population palestinienne [Note: sans prononcer une seule fois le mot "palestinien" ...]. "Je suis déterminé à lutter contre tous les extrémismes, tous les nazismes, tous les fascismes, où qu'ils se trouvent et au moment où ils se présentent. Voilà, c'est pour ça que je suis ici!", avait déclaré M. Flahaut." (La Libre Belgique)

Le site du journal Le Soir titre: André Flahaut lavé d'une accusation d'antisémitisme, le CCOJB condamné. Et le quotidien, fait rare, d'ajouter un lien vers "Le jugement qui condamne le CCOJB"

On retiendra ce passage repris du jugement :

"- Le 24 mai 2008 (soit un jour d'affluence, étant un jour de marché), une manifestation, organisée par le groupement "Paix juste au Proche-Orient (Groupe citoyen d'Ittre pour le respect des droits et la Protection du Peuple palestinien" (PJPO) s'est déroulée à Nivelles.

- Cette manifestation s'est traduite par divers spectacles de rue qui simulaient des brutalités commises par des militaires israélients à l'égard de la population palestinienne. Certaines scènes témoignaient d'une grande violence physique et morale, le but étant d'interpeller et d'émouvoir les passants.

- L'autorisation donnée par les autorités communales, pour cette manifestation, a été au centre d'une polémique. "

Or, alors que l'autorisation a bien été octroyée et que la manifestation avait même donné lieu à "Certaines scènes [qui] témoignaient d'une grande violence physique et morale", M. André Flahaut dans son discours fustige sa ville :

"[...] je suis honteux de ma ville, parce que lorsque l’on interdit une manifestation ou une expression, je considère ça comme une dérive dangereuse, quelles que soient les personnes qui manifestent et quelle que soit la cause pour laquelle elles manifestent. Et en tout cas bienvenue puisque j’habite ici dans l’appartement, bienvenue chez moi."

Il est aussi intéressant de noter que M. Flauhaut ne mentionne aucun peuple en particulier, sauf le peuple juif ... (si ce n'est une référence à son opposition à la guerre d'Irak), se limitant à des généralités et à souligner qu'il est "déterminé à lutter contre tous les extrémismes, tous les nazismes, tous les fascismes où qu’ils se trouvent et au moment où ils se présentent" et qu'il est "un homme libre". Ni le mot "Palestinien" ni le mot "Israélien" ne sont prononcés. Mais "juif" oui, pour rappeler que :

"[...] pendant les douze ans et demi que j’ai été ministre, j’ai mis tout en œuvre aussi pour que l’on n’oublie pas et que l’on se souvienne des atrocités dont le peuple juif a été victime pendant la deuxième Guerre mondiale. Nous avons pris une série de dispositions, et la vérité et l’objectivité demandent que l’on reconnaisse ce travail qui a été fait pendant les gouvernements depuis 1995 et plus particulièrement avec Guy Verhofstadt depuis 99 jusqu’en 2007. On a eu cet engagement et donc je demande aussi que l’on ait le même engagement, la même détermination, la même volonté pour faire entendre la voix de celles et ceux qui aujourd’hui souffrent, pour faire en sorte que l’on évite la banalisation, que l’on évite l’indifférence et que l’on évite d’alimenter les extrémismes de part et d’autre."

Tout est dit.

Belgique: "Psychodrame antisioniste", Le CCOJB interjette appel dans l'affaire qui l'oppose à André Flahaut

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voir la vidéo du discours d'André Flahaut
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Discours d'André Flahaut, député socialiste et ancien ministre de la Défense
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accéder au dossier récapitulatif
>> Wiesenthal Centre to Belgian Prime Minister: “Denounce Bogus 'Israeli' Highstreet Assault on Local Arabs as Public Disorder and Subliminal Inculcation of Jew-Hatred”, Centre Simon Wiesenthal

M. André Flahaut a également participé à la manifestation anti-israélienne d'une violence inouïe tenue à Bruxelles le 11 janvier 2009 qui avait réuni environ 80.000 personnes. Voir la vidéo:
Nazification d'Israël et déferlement antisémite dans les rues de Bruxelles

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Déjà en Grèce, Pisistrate ou Périclés avaient compris le pouvoir des discours, des écrits, des cérémonies, des manifestations, des spectacles...

Philippe de Macédoine eut le coup de "génie" d’inventer la propagande pacifiste : des écrivains à sa solde, des agents stipendiés, hommes politiques athéniens ou simples agitateurs de rue chargés de répandre des bruits travaillent à affaiblir tous ceux qui songeraient à résister à l’expansion macédonienne ... Il calcule en termes de prestige, de préparation psychologique, d’opinion ..., mais aussi de moyens et relais.

La rhétorique, si elle est bien un "art de persuader", restreint son objet à l’art de vaincre un interlocuteur en face-à-face, ou par texte interposé. Elle envisage la persuasion comme un duel ou une plaidoirie : argument fort contre argument faible, image versus métaphore, manœuvres de l’esprit et ruses du verbe, talent contre talent ... Même s’il songe au démagogue s’adressant au peuple, le philosophe grec ou romain l’imagine discourant seul sur la place publique, sans autre média que sa voix. Ils s’en tiennent à la force du Verbe et ignorent le renfort de la médiation. Il existe une importante tradition philosophique occidentale de réflexion sur la persuasion, où l’on retrouve les noms de Pascal et de Schopenhauer.

Des historiens ont bien compris les mécanismes collectifs de la propagation des idées, en particulier Augustin Cochin (1876-1916) décrit les "sociétés de pensée" qui répandent le discours philosophique des Lumières, par
"arguments et prédicants". Médiologue avant l'heure, il a bien compris que les idées se propagent par des "organisations matérialisées", au moins autant que par de la matière organisée (le dispositif médiatique).

Pourtant s’il fallait à toute force nommer des ancêtres de la théorie de la propagande nous n’irions les chercher ni dans la rhétorique, ni chez Machiavel, ni chez quelque théologien, mais bien plus près : Gustave Le Bon et Gabriel Tarde, tous deux français et comptant parmi les pères de la sociologie.

Le premier (1841-1931) voulait faire de la Psychologie politique (titre d’un de ses ouvrages) un
"art de gouverner les peuples" dont s’inspirera Mussolini. Le Bon est surtout connu pour avoir écrit La psychologie des foules (1895).

Second grand précurseur, Gabriel Tarde (1843-1903),fait appel aux Lois de l’imitation pour expliquer toute similitude sociale, c’est-à-dire la possibilité même d’une vie en société.

Notre vie mentale reposant largement sur la contagion de l’exemple et sur la suggestion, l’homme est à ses yeux un animal essentiellement conformiste soumis à la hiérarchie, sensible au prestige ...

Très vite se pose le problème de la "propagande par le fait" : là où l’écrit et la parole ne suffisent pas à tirer les masses de leur torpeur, ne faut-il pas passer à ce qui se nommera aussi
"l’action directe" ?

Face à ce genre de manifestations, ne sommes-nous pas victimes d'un certain terrorisme intellectuel ?

Pour mémoire : http://philosemitismeblog.
blogspot.com/2008/09/psychodrame-nakba-une-petite-farce.html