samedi 27 avril 2013

L'incroyable ignorance d'Elie Arié, chroniqueur à Marianne, sur l'Inquisition

"Il y a près de trente ans il advint dans la ville de Valladolid que Don Lope de Vera, natif du bourg de San Clemente dans la Manche, fut brûlé vif pour avoir judaïsé. Il s'avéra que cet homme était de sang noble, mais on découvrit que la nourrice qui l'avait allaité était de sang infect [juif]". (Francisco de Torrejoncillo, moine franciscain, Centinela contra judios, 1674)

Victor Perez: Elie Arié est chroniqueur associé à Marianne, mais tient également un blog dans lequel il affirme L’avenir perdu du sionisme. S’il est grotesque de donner à cet individu une quelconque importance, il est en revanche intéressant de se pencher sur sa vision du conflit proche-oriental. Regard commun à tant d’autres cachés derrière le paravent de l’antisionisme et braillant à "l’illégitimité" de l’Etat d’Israël. [...]  D’entrée il assure "La création de l’Etat d’Israël a été une mauvaise réponse à un vrai problème: le vrai problème, c’est l’antisémitisme ; la mauvaise réponse, c’est la création d’un Etat  (on voit bien, d’ailleurs, que, sans antisémitisme, il n’y aurait jamais eu d’Etat d’Israël, et que les antisémites sont les plus grands sionistes de fait, même s’ils ne l’ont jamais compris)". [...]

Or l'article de Victor Perez n'a pas plu à Elie Arié, grand admirateur de Shlomo Sand et comme on l'a vu grand pourfendeur d'Israël, et il l'a fait savoir sur le blog de Victor.  Ignorant visiblement les infâmes statuts de "pureté de sang", il écrit ceci sur l'Inquisition qu'il qualifie du haut de sa belle ignorance "un fait historique":

"Vous semblez ignorer un fait historique: les grandes persécutions antisémites du passé étaient toutes fondées sur la religion; par exemple, sous l'Inquisition, il suffisait à un juif de se convertir au catholicisme (et de ne pas continuer à pratiquer le judaïsme en secret) pour y échapper [...]"


C'est tout à fait fantaisiste et dangereux de véhiculer de pareilles affirmations.  Nathan Wachtel, professeur honoraire au Collège de France, nous apprend ce que fut véritablement la nature de l'Inquisition et son obsession avec la "pureté du sang". Repris de l'introduction de La Logique des Bûchers, Seuil, 2009.

"... les nouveaux-chrétiens dans leur globalité furent bientôt soupçonnés d'hypocrisie, de pratiques hérétiques judaïsantes, d'apostasie. Et comment rendre compte de leur tendance irrépressible à verser dans l'hérésie, sinon par des causes innées, par un effet inéluctable du sang impur qu'ils avaient reçu de leurs ancêtres?  C'est ce qu'affirme explicitement Le Dictionnaire des Inquisiteurs, publié en 1494, à l'article "Apostasie": "Les Juifs se transmettent de père en fils avec le sang la perfidie de la vieille loi".  Or un glissement s'opère d'une explication d'ordre théologique se référant au déicide à une représentation physiologique selon laquelle le sang sacré du Christ s'est transformé, pour le châtiment des Juifs, en ce sang infect dont ils sont affligés.  Dans son Bref discours contre la perfidie hérétique du judaïsme, publié à Lisbonne en 1622, Vicente da Costa Mattos reprend le thème de cette souillure héréditaire un l'ouvrant sur tous les clichés de l'antijudaïsme traditionnel:

[...] des descendants en ligne directe de ceux qui, à la mort de Jésus-Christ, le vrai Messie, ont pris sur eux et sur leurs fils le sang sacré qu'il a versé sur la Croix pour le salut de tous, il est avéré qu'ils souffrent de flux de sang, de purgations et de menstrues [...]. On dit que les fils des Juifs de cette caste, à leur naissance, ont la main droite pleine de sang et collée à la tête".


Aussi bien les statuts de "pureté de sang" ne distinguent-ils pas, parmi les nouveaux-chrétiens [des Juifs convertis, très souvent par la contrainte], entre catholiques sincères et crypto-juifs, c'est toute leur "caste" dans son ensemble, qui se trouve frappée d'exclusion: de religieux, le critère discriminant est devenu biologique, en même temps que la pureté de sang en vient à se superposer, en quelque sorte, à la pureté de la foi.  [...]

Que l'on soit passé d'une dimension religieuse à des représentations biologiques et physiologiques se voit confirmé par la croyance selon laquelle le sang ne constitue pas le seul facteur déterminant: l'infection transmise de génération en génération met en cause le corps tout entier, avec ses humeurs, ses odeurs, ses sécrétions telles que le lait maternel, ainsi qu'en témoigne encore Vicente da Costa Mattos dans son Discours: "comme on tète les bonnes et les mauvaises moeurs avec le lait maternel", ils se léguèrent leurs erreurs les uns aux autres.  De même fray Francisco de Torrejoncillo:

"Il y a près de trente ans il advint dans la ville de Valladolid que Don Lope de Vera, natif du bourg de San Clemente dans la Manche, fut brûlé vif pour avoir judaïsé. Il s'avéra que cet homme était de sang noble, mais on découvre que la nourrice qui l'avait allaité était de sang infect"."

4 commentaires :

Anonyme a dit…

Elie ARIE n'est ni un Seigneur, ni un Lion. c'est le moins que l'on puisse dire.

Philo a dit…

Vous avez raisonn cher/chère Anonyme. Néanmoins ce sont des gens comme lui qui pérorent à longueur de journée dans les médias français. A part Victor Perez, Guy Millière et Jean Robin personne, à notre connaissance, ne relève l'extrême hostilité à Israël de ces gens. Et que dire de leur culture???

Anonyme a dit…

@philo
Si vous trouvez dans Marianne , un article favorable à Israël, je vous offrirai une bouteille de champagne!

On est dans la droite ligne bobïsante tendance goooch'-caviar bien endoctrinée avec le cœur à goooch' mais avec le portefeuille à droite.

Soit les "journalistes" de ce magazine ne sont pas juifs et ils se cachent leur haine derrière un antisionisme radial.
Soit ils sont juifs dans la haine de soi, tranquillement installés au chaud en Europe ou protégés par Tsahal en Israël.

Qu' Elie Arié, soit un grand admirateur de Shlomo Sand, ne me surprend en rien.

Fraternellement Franco


Elie Arié a dit…

@ 3 Anonyme

"Si vous trouvez dans Marianne , un article favorable à Israël, je vous offrirai une bouteille de champagne"

Je vous signale, dans Maranne, l'article hebdomadaire d' Elie Barnavi, ancien ambassadeur d' Israël en France.

Vous pouvez m'adresser la bouteille de champagne (brut, si possible) directement au siège de Marianne, qui fera suivre.