mercredi 18 mars 2009

Dieudonné, CONFÉRENCIER très itinérant, Paul Lémand

"Quelle décrépitude pour cet artiste, qui affrontait il y a 20 ans, le Front National sur ses terres en jurant qu’on allait voir ce qu’on allait voir. En être réduit à louer des salles d’hôtel, comme pour un séminaire à destination de cadres commerciaux à remotiver ! Etre obligé de cacher son identité pour pouvoir louer une salle ! (...) Le voici maintenant qui écume les hôtels de province pour éructer ses petites haines rancies, avec l’appui inconditionnel de son ex-ennemi juré et désormais compagnon de route, Le Pen."

"Le nouveau spectacle de Dieudonné, "J’ai fait l’con", ne se vend pas si bien que cela.

L’humoriste ne fait plus recette. Depuis le baptême de sa fille par un évêque "traditionnaliste" connu pour ses liens avec l’extrême droite, l’abbé Lagueyrie, Dieudonné n’a pas séduit les foules. Confier la responsabilité morale de sa fille à un Jean-Marie Le Pen a désarçonné son public.

Depuis, il rame

Il y a les irréductibles, ceux qui lui passent tout, qui épousent même ses idées les plus repoussantes. Ceux-là suffisent à remplir son théâtre. Et puis, il y a les fans désorientés, choqués par ce rapprochement avec le leader de l'extrême droite.

Pourtant, l’acteur-humoriste explique à qui veut l’entendre que son talent n’est aucunement en cause et qu’il est victime d’une omerta, d’une censure. Cette position a été adoptée avec un certain succès par celui qui est maintenant son mentor, PLP (Papy Le Pen pour les intimes).

La grande tournée de son spectacle "J’ai fait l’con" que notre humoriste prévoyait s’est soldée par quelques dates éparses, les salles retenues ayant souvent annulé la représentation suite à la remise d’un "prix de l’Infréquentabilité" au négationniste Faurisson le 26 décembre dernier.

Par négligence, certains premiers magistrats des communes concernées ont réagi un peu tard. La société de production qui avait engagé les frais et retenu les salles s’est tournée à chaque fois vers le tribunal administratif, en présence de Dieudonné dans la cour d’honneur.

Le bougre en profitait pour faire sa pub, crier au scandale et pousser sa petite complainte victimaire. Mais les représentations étaient tout de même annulées et l’argent vint à manquer. De là à dire qu’il s’agit d’une question de gros sous serait très exagéré. On imagine mal en effet Dieudonné, le grand défenseur des victimes de toute oppression en général et du sionisme en particulier, se conduire ainsi par pur mercantilisme.

Si on pouvait faire de la provocation un fond de commerce en France, cela se saurait. Ce n’est pas Cauet, auteur-producteur de la fameuse méthode sur TF1, qui pourra dire le contraire.

Dieudonné, voyant qu’il ne s’en sortirait pas, a l’idée simplissime de créer une société, une SARL, les Productions de la plume, du nom de sa fille, celle qui a pour parrain un certain Jean-Marie Le Pen. Cette société, est-il besoin de le préciser, n’a aucun but littéraire pour l’instant. Si les spectacles ne marchent pas, si l’opposition républicaine à ses délires antisémites, ruinent le fond de commerce, pourquoi ne pas faire un cycle de conférences ?

Avec l’aide de la gérante de cette SARL, Noémie Montagne, l’humoriste des bas fonds de l’âme humaine va se faire le chantre de la liberté d’expression en France. Cette aide est d’autant plus efficace et dévouée que Noémie Montagne est, dans le civil, sa compagne. Les Productions de la Plume inonde alors de tracts alléchants le territoire français et réserve, là, un hôtel, plus loin un casino, ici un centre de conférences Internationales. Les grandes surfaces, les sites Internet, dont la FNAC, vendent les billets au prix de 33 euros, ce qui est le prix moyen pour un spectacle de Dieudonné. Les affiches annoncent pourtant une conférence, mais en tout petit caractère, comme sur un contrat d’assurance.

Mais là, attention, il ne s’agit pas d’un spectacle sulfureux, il s’agit de liberté d’expression. Et cela change tout

Les salles sont réservées, les contrats signés et les arrhes versés. Seul petit problème : cette société fait les réservations et les promotions alors qu’elle n’est pas encore dûment enregistrée au Tribunal de commerce. C’est certainement un détail.

Certain directeurs de salles, alertés par le caractère frauduleux de la présentation et s’apercevant qu’ils ont été trompés, annulent leur programmation et rendent les arrhes. Les Productions de la Plume ne l’entendent pas de cette oreille et portent plainte en référé devant les tribunaux de grande instance. C’est la mésaventure qui est arrivée ces derniers jours à une association de Dijon, le Centre International de Rencontre et de Séjour, le CRIS. Les dirigeants de cette association pensaient avoir affaire à une conférence-débat en présence de Dieudonné mais avec d’autres intellectuels. Dieudonné et les Productions de la Plume citaient comme participants à cette conférence Robert Ménard, de Reporters Sans Frontières ou encore Edgar Morin, le célèbre sociologue (Le Bien Public, 12 mars 2009).

Le CRIS s’est en fait aperçu qu’il programmait purement et simplement un spectacle de Dieudonné, non une conférence. Il a annulé la réservation. Les deux parties se sont retrouvées devant le tribunal. Dieudonné, invisible lors de l’audience, attendait les journalistes sur le parvis. Dans son interview, à la question "Que vous inspire la situation à laquelle vous êtes confrontés à Dijon ?", Dieudonné répond : "Je sais que je vais venir jouer mercredi prochain à Dijon. Je serais là, quoiqu’il arrive".

"Je vais venir jouer" ?

Mais alors, ce n’est plus une conférence. Les juges ne s’y sont pas trompés. Aujourd’hui, 17 mars, le TGI de Dijon a rendu son avis et il est plutôt sévère pour Dieudonné. : l'association Cris (Centre international de rencontres et de séjour) rapporte la preuve que la SARL "les Productions de la plume" a délibérément dissimulé au Cris la réalité de son activité et que le Cris n'aurait pas contracté s'il lui en avait été donné loyalement connaissance.

Plus loin, le tribunal, dans ses attendus, enfonce un peu plus le clou : "Le Cris fait valoir sans être contredit que la gérante de la SARL est la compagne de M. Dieudonné et que cette société ne rapporte la preuve d'aucune activité autre que l'organisation et la promotion de spectacles de l'humoriste".

Aux questions inquisitrices des journalistes, Dieudo répond laborieusement, s’explique sur le prix, inhabituel pour une conférence.

Par ailleurs, les informations dont nous disposons actuellement permettent de dire qu’Edgar Morin n’a jamais été approché ni même contacté par Dieudonné. Le sociologue a affirmé à son interlocuteur, Alain David, président de la Licra de Dijon, qui l’a immédiatement joint au téléphone, qu’il n’aurait bien évidemment jamais donné suite à une telle demande. Edgar Morin semblait outré que son nom puisse être seulement associé à une telle entreprise.

Les Productions de la plume ont été déboutées de leur demande. Elles ont également été condamnées à payer à l’association 1500 euros "en application de l'article 700 du code de procédure civile", c'est-à-dire en indemnisation des frais de défense.

La nouvelle stratégie Dieudo fait flop !

Cette tournée monstre en France de Mars à fin Mai devait amener Dieudonné à BELFORT BESANCON, DIJON, AUXERRE, DUNKERQUE, BRUXELLES, QUIMPER, VANNES, BREST, RENNES, LE HAVRE, CAEN, ROUEN, CHARTRES, REIMS, NANCY, METZ, TOULOUSE, NIORT, ANGERS, ORLEANS, BORDEAUX, ANGOULEME, BIARRITZ, NIMES, AVIGNON… En majorité, ces conférences devaient avoir lieu dans des hôtels du groupe ACCOR (Mercure et Novotel). Deux villes, ROUEN et CHARTRES devaient accueillir le conférencier dans les locaux des Chambres de Commerce et d’Industrie.

Mais, depuis, ça tombe comme à Gravelotte !

Villeneuve d’Asq, Dunkerque, Belfort, Besançon viennent d'annuler la "conférence". Un des organisateurs a décidé de dénoncer le contrat signé avec la société de production, car il ne mentionnait pas l'identité du conférencier. Dans les salles gérées par des associations, les réactions sont plus vives. Daniel Colling, créateur du Printemps de Bourges et responsable de la salle le Palais d'Auron, a purement et simplement annulé le spectacle qui devait avoir lieu le 5 mai.

C’est la panique dans la famille Dieudonné. Son spectacle "J’ai fait l’con" ne s’est pas vendu. Ses conférences sur la liberté d’expression risquent de connaître le même sort, si la FNAC daigne s’apercevoir qu’il y a tromperie sur la marchandise.

Quelle décrépitude pour cet artiste, qui affrontait il y a 20 ans, le Front National sur ses terres en jurant qu’on allait voir ce qu’on allait voir. En être réduit à louer des salles d’hôtel, comme pour un séminaire à destination de cadres commerciaux à remotiver ! Etre obligé de cacher son identité pour pouvoir louer une salle !

Il s’était déjà essayé à la Vente Par Correspondance, avec les sites Internet "Les Ogres" et "La Banlieue s’Exprime". Le voici maintenant qui écume les hôtels de province pour éructer ses petites haines rancies, avec l’appui inconditionnel de son ex-ennemi juré et désormais compagnon de route, Le Pen.

Un telle communauté de destin ne laisse rien présager de bon pour les finances de Dieudonné. Mais lui n'a pas de paquebot à vendre.

Et la question, lancinante, se pose : peut-on être et avoir été ?"

Source: article de Paul Lémand © Primo, 17 mars 2009

3 commentaires :

popi soudure a dit…

c est vraiment " l hydre" a plusieurs tètes ! tu lui en coupes une , elle repousse aussitôt ! et en plus il distille sa haine et son fiel a une certaine couche de la population qui en fait son amuseur martyr ;

Anonyme a dit…

il continue d'être, car on ne finit pas d'être à cause d'une censure mediatico-politique...de surcroît son soutien s'intensifie tel une gangraine que l'on ignore du paysage public. Un peu de considération humaine et de participation à un dialogue républicain manque sur ce blog.

Anonyme a dit…

Pourquoi un homme qui critique israel et le sionisme est toujours considéré comme antisémite ? Et l'UJFP qu'en faites vous ?
Dieudonné est un universaliste et n'est pas antisémite pour un sou.

Si le dialogue était ouvert et si on le laissait faire ses spectacles il ne multiplierait pas les provocations/ happenings farfelus.

cf Faurisson, qui précisons le conteste un des hauts lieux de l'esclavage, et blesse donc dieudonné, qui toutefois trouve anormal que cet homme soit muselé.