mardi 27 janvier 2009

Antijudaïsme, antisionisme et conspirations, par Miguel Castelo Branco

Un texte important et original écrit par un auteur portugais. Pour Miguel Castelo Branco, l'antijudaïsme n'est pas un simple racisme et Israël n'est pas un pays comme les autres.

"Ils n'ont pas le courage de l'avouer, mais en réalité ce qu'ils veulent c'est l’extinction physique de ce peuple. L’antijudaïsme – il n’y a aucune distinction entre antijudaïsme et antisionisme – se nourrit d'un brouet confus fait de petits et grands mensonges, de mythes et de pulsions irrationnels."

Protagonistes du complot juif: Roosevelt, Churchill, Stalin, voire Hitler !
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Lorsqu’en 1948 Israël proclama son indépendance, les communistes, croyant tenir un allié potentiel, se mobilisèrent pour le jeune état. A l’époque les "impérialistes britanniques", tout comme les "monarchies-fantoches" (Irak, Transjordanie, Egypte) et les "Cinq Sœurs" représentaient la configuration parfaite de la lutte destinée à opposer le capitalisme mondial au socialisme kibutzim. Mais leurs calculs s’avérèrent erronés.
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Dix ans plus tard, avec l’avènement des régimes socialistes arabes manipulés par le Kremlin, Israël était devenu l’âme damnée du "capitalisme sioniste", l'instrument d’agression contre les "masses arabes" et l'agent perturbateur régional. L’URSS fournissait argent et armes, des vieux scientifiques nazis à la retraite mettaient au point de mirobolants projets d’"armes secrètes" soutenus par Nasser et un certain journalisme d’opinion pérennisait la fable selon laquelle les juifs contrôlaient le système bancaire occidental. Le mythe se répandit loin et fut accepté avec une telle aisance qu'il a suffit de reprendre les Protocoles des Sages de Sion lesquels, pendant plusieurs décennies, avaient alimenté l’imaginaire de la conspiration "ploutocratique et judéo-maçonnique" mondiale. La réalité est qu’Israël, ou plutôt les juifs israéliens n’ont jamais été riches et furent l’objet de beaucoup d’hostilité aussi bien de la part de juifs observant une orthodoxie stricte (…) que pour les juifs assimilés, qui voyaient dans le nationalisme sioniste un facteur qui mettait en péril leur propre statut de citoyens dans les pays où ils vivaient.
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Israël a consolidé l’Etat moderne. Il a été et est à l’heure actuelle la seule authentique démocratie du Moyen-Orient - où la minorité arabe (20%) jouit de pleins droits et exerce ses droits politiques comme tous les autres citoyens – pouvant s’inscrire comme candidats des partis sionistes, socialistes ou autonomes. Israël s'est toujours, je le souligne, aligné sur l'Occident. Si Israël n'existait pas, la Méditerranée orientale se serait convertie en un tremplin soviétique pour prendre d’assaut la rive sud de l'Europe. Récemment, c'est grâce à Israël qu’il a été possible de contenir l'expansion du fondamentalisme islamique, ce qui l'a obligé à consacrer des moyens importants à des guerres de basse intensité.

Il y a des choses que je n'arrive pas à comprendre. Si les antisionistes veulent la destruction de l’Etat d’Israël, pourquoi ont-ils exigé pendant si longtemps que les juifs soient parqués dans une seule région – l’Alaska, la Patagonie, l'Angola - ou une quelconque autre république russe d'opérette. Pourquoi demandent-ils maintenant la fin d’Israël ?

Ils n'ont pas le courage de l'avouer, mais en réalité ce qu'ils veulent c'est l’extinction physique de ce peuple. L’antijudaïsme – il n’y a aucune distinction entre antijudaïsme et antisionisme – se nourrit d'un brouet confus fait de petits et grands mensonges, de mythes et de pulsions irrationnels. Ce type d’antijudaïsme ne trouve, heureusement, aucune expression dans le monde civilisé. C’est la raison pour laquelle il est cantonné chez ceux qui admirent les pays qui détestent l’occident et tout ce qu’il représente ; soit l’antisionisme de "droite" est l’ennemi de l’Occident. Il préfère la déroute de l’Occident qui est considéré comme un simple factotum du capitalisme juif. Dans l’histoire de l’Occident des deux derniers siècles cette vision conspirationiste se confond avec cette "conspiration". Les cerveaux les plus délirants considèrent que Churchill, Roosevelt, Staline et même Hitler (!) étaient des crypto-juifs tout dévoués au grand dessein mondial d’asservissement des peuples à Sion. Une montagne d'écrits dans ce sens, dénués de toute valeur scientifique, dans lesquels les premices sont à la recherche de preuves – à savoir une anti-historiographie - qui se satisfait de tout et n’importe quoi pour autant que ça serve "démontrer" cette conspiration.

Il y a également la question de la comptabilité des six millions, qui n'étaient pas après tout six millions, mais cinq, quatre, trois ou une demi douzaine. Pour eux, c'est clair qu'en Allemagne les juifs séjournaient dans des villes modèles comme Theresiensadt, qu’Hitler avait même enrôlé un demi million de juifs dans la Wehrmacht et qu’Himmler était un ami des juifs antisionistes. Ca peut paraître curieux mais en réalité c'est le noyau qui a propulsé le nazisme qui est maintenant soumis à des révisions et corrections, visant à effacer les traces distinctes de son funeste passage dans l'histoire des idées politique, et on croit pouvoir corriger ce qui est réfractaire à toute correction.

L'antijuidaïsme est aussi une des passions du gauchisme européen. C’est une passion qui remonte à Marx. La polémique s'inscrit dans l’une vision manichéenne qui partage l’humanité entre exploiteurs et exploités, entre fainéantise et travail. Dans cette vision duale, le juif fait des merveilles, puisqu'il se consacre au travail intellectuel - c'est à dire, il est un agent d'aliénation – à la spéculation et ne "travaille" jamais – car pour le marxisme travail se confond avec métier. Une fois de plus, ce modèle ne résiste à la moindre analyse. La sociologie historique démontre que les juifs les plus persécutés furent précisément les plus pauvres, les moins influents et les plus traditionalistes – en butte aux pogroms dans le zone de résidence russo-polonaise, car ils étaient facilement persécutés dans leurs aires d'exclusion. C'est sur eux que s'est abattu l'antisémitisme populaire et l'antisémitisme d'état. Les victimes de l'"holocauste" étaient des horlogers, des cordonniers, des boutiquiers, des menuisiers, des tanneurs, des tailleurs, jamais des banquiers, des prêteurs à gages ou des orfèvres. Les "assimilés, à leur tour, s’il ont apporté une contribution majeure aux partis communistes - Kamenev, Zinoviev, Trotsky, Rosa Luxemburg, Béla Khun - ont également apporté une contribution importante au renforcement des positions anti-communistes, dont certains devinrent même des maîtres à penser des conservateurs européens (Raymond Aron). (...)

(…) les juifs ne sont ni tout-puissants ni dénués de pouvoir. Tout ce qu’on dira de contraire est une pure affabulation.

Texte repris du site de l'auteur: Combustões
Titre original: Coisas que não compreendo

Israël: le droit à l'auto-défense, Miguel Castelo Branco

1 commentaire :

Anonyme a dit…

je pense qu'il est exagéré de considérer l'anti-judaïsme (antisémitisme) et l'anti-sionisme comme étant la même chose dans la mesure où il y a un certain nombre de juifs qui sont opposés plus au moins catégoriquement au sionisme.
de plus, il me semble que le sionisme est un mouvement politique (donc les principes de démocratie s'y appliquent) alors que le fait d'être juif est lié au fait d'adhérer à une religion, ce qui relève de la sphère intime de chaque personne et implique un respect des croyances des autres. être anti-juif, c'est comme être anti-musulman ou anti-chrétien: c'est du racisme de base (donc c'est riddicule).