Source: http://www.kairosbritain.org.uk/peace_the_network_4492.aspx via Daphne Anson |
Jeu chrétien sur l"occupation" |
Martin Lowe @ New English Review: "The document is meant to mobilize churches worldwide in a program of boycotts, divestment and delegitimization directed at the State of Israel. It alludes explicitly to a similarly named document issued in South Africa years ago, thus deliberately comparing Israel with the regime of apartheid. It employs extreme language, such as declaring that “the military occupation of our land is a sin against God and humanity.” Before surveying the content of the document, however, its credentials should be examined. It has been promoted on its website and by the WCC secretariat as a statement of “Palestinian Christian leaders” that has the “endorsement” of the Heads of Churches in Jerusalem. The reality is different."
Archbishop Cranmer, un site chrétien (vraiment chrétien), réagissant au lancement de Kairos en Grande-Bretagne par une ONG chrétienne:
"[...] And this year the Festival also hosts the launch of Kairos Britain - an anti-Semitic/anti-Israel mis-information and propaganda network which condemns Israel at every turn as oppressive and racist - with no mention of its right to self-defence against acts of terrorism and rocket bombardment, or even of its right to exist at all.
According to reports, Greenbelt has refused to allow any speakers - Jewish or Christian - to challenge the premises of Kairos. Young Christians will leave the Festival believing that Israel is a pariah state. This appears to accord with policies and agendas of previous years, which have been variously described as 'Israel bashing', 'Israel-hating' and portraying 'an awful image of Israel'.
Thousands of UK Christians leave Bible Weeks and Christian festivals fired up with a resolution to campaign for justice and human rights. This is a good thing. Sadly, at Greenbelt, much of what they hear targets the Middle East’s only democracy and the world’s only Jewish homeland."
En français, nous avons trouvé des analyses de Kairos sur le site de l'association Amitié Judéo-Chrétienne de France. Le Père Jean Dujardin, membre du Comité directeur de l’AJCF en a fait l'analyse que nous recommandons de lire en entier:
"Un document intitulé «Un moment de vérité: une parole de foi, d’espérance et d’amour venant du cœur de la souffrance palestinienne» a été publié en décembre 2009 et circule sur Internet. Il est signé de Mgr Sabbah, ancien Patriarche Latin de Jérusalem, de deux autres évêques de confession chrétienne et de treize autres personnalités, pasteurs, ecclésiastiques ou laïcs. Au-delà des Palestiniens auxquels il semble s’adresser en priorité, il est légitime de se demander quel est le but de cette publication largement diffusée dans les églises chrétiennes? S’il s’agit d’un appel à plus de foi, d’espérance et d’amour en l’avènement d’une paix dans le conflit israélo-palestinien, on ne peut qu’être d’accord sur les termes et plusieurs passages du document sont de grande qualité spirituelle; mais une lecture attentive du texte nous oblige à nous interroger sur sa finalité réelle. [...] Alors quel est le but d’un tel document? Il faut le dire fermement, il n’est pas objectif et, malgré ses apparences, il devient un document de propagande."
Egalement sur le site de l'AJCF, Liliane Apotheker écrit:
"[...] Quant à l’appel aux sanctions économiques, au retrait des investissements et autre forme de boycott, en écho à ce qui a fait tomber le régime raciste sud-africain, il trouve désormais un retentissement favorable en Europe, comme si cela tombait sous le sens. Qu’attendons-nous d’ailleurs pour l’appliquer à la Chine ou à la Russie?
Manifestement il faut encore et toujours rappeler que le sionisme n’est pas une idéologie raciste ou coloniale mais l’aspiration politique du peuple juif à vivre dans un état souverain sur la terre dont la Bible nous parle tant. La Bible n’est pas un cadastre me direz-vous, c’est certain mais faut-il pour autant nier ce lien avec la terre ancestrale?
C’est précisément ce que fait le document en question. Par une volonté mimétique étonnante, il évoque au § 2.3.2 le fait que la présence palestinienne «chrétiens ou musulmans sur cette terre n’est pas un accident… Une injustice a été commise à notre égard, lorsqu’on nous a déracinés. L’occident a voulu réparer l’injustice qu’il avait commise à l’égard des Juifs dans les pays d’Europe, et il l’a fait à nos dépens et sur notre terre». Pas un mot du lien du peuple juif avec la terre biblique, terre appelée «notre terre» par les auteurs. Quant au parallèle établi entre les deux injustices, il fait les beaux jours de la concurrence victimaire et se passe de commentaire.
Je rappelle ici que ce lien est évoqué dans le document comme un fondamentalisme religieux alors qu’il est le témoignage de l’histoire d’un peuple et de sa vocation, telle qu’elle est dite dans la Bible suivie d’une aspiration spirituelle ininterrompue pendant près de deux mille ans d’exil. Un exil qui est lui aussi une constante de la mémoire juive, le mot est éloquent.
Mais il y aussi grave dans la réponse à la question: «Comment comprendre la parole de Dieu?» (§2) «La parole de Dieu est une parole vivante qui jette une lumière nouvelle sur chacune des périodes de l’histoire et c’est pourquoi il n’est pas permis de transformer la parole de Dieu en lettres mortes… Cette parole morte est utilisée comme une arme dans notre histoire présente, afin de nous priver de notre droit sur notre terre». A votre avis contre qui est portée cette accusation familière de transformer ainsi la parole de Dieu en lettres mortes et à quelle fin? Nous sommes là en pleine théologie de la substitution et tout cela au nom de la foi, de l’espérance et de l’amour.
On ne dira jamais assez les ravages que celle-ci continue de faire dans les consciences chrétiennes. Il faut bien reconnaître que si elle a été déclarée obsolète, rien ne l’a vraiment remplacée et que cette question du lien à la terre n’a pas été approfondie. C’est certainement la notion de sainteté qui pose problème, elle échappe forcément à une définition que l’on trouverait dans un dictionnaire. Elle est pensée de manière très différente selon si l’on est protestant, catholique ou juif et même à l’intérieur de ces groupes entre réformé, évangélique, charismatique, juif libéral, massorti ou orthodoxe et j’en oublie un grand nombre. On ne peut donc pas asséner de vérités à ce sujet, mais peut-on nier qu’il s’agit bien de cette terre-là ? Une théologie chrétienne qui en tiendrait compte permettrait aux esprits de se calmer et apaiserait l’incandescence de la revendication et cela probablement de part et d’autre.
Il y aurait beaucoup de choses à ajouter. Je m’en tiendrai à l’appel formulé au §9.1. «à parvenir à une vision commune bâtie sur l’égalité et le partage, non sur la supériorité, ni sur la négation de l’autre ou l’agression, sous prétexte de peur et de sécurité». Cette peur évoquée là comme un prétexte est réelle dans les deux camps. Elle constitue un obstacle majeur à la paix.
La peur des Israéliens est peu connue du grand public, tant l’état apparaît comme puissant et surarmé, mais il faut être sourd pour ne pas entendre les appels continus à son anéantissement par d’autres surarmés eux aussi !
Les deux peuples qui s’affrontent sur ce territoire plus petit que le parc national Krüger (en Afrique du Sud !) sont enfermés dans leur bulle narrative.
On peut craindre que les rédacteurs de ce texte ne soient plutôt inspirés par le nationalisme arabe que par l’amour prôné par les Évangiles. Où est le souffle prophétique qui permettrait d’envisager une réconciliation? Où est la responsabilité des religieux de faire entendre une voix mesurée qui apporterait de la nuance?
Il faut entendre toute la souffrance contenue dans cet appel car elle trouve sa source dans une identité fragmentée qui perd espoir dans son avenir. Mais il faut craindre aussi que cet appel qui ramène ainsi au premier plan la théologie de la substitution porte atteinte au dialogue fraternel établi entre Juifs et Chrétiens suite aux deux textes admirables que sont Nostra Aetate et le document Église et Israël de la communion ecclésiale de Leuenberg.
Il ne s’agit pas là d’effectuer un chantage mais de dire avec force que la belle exigence du dialogue nous rappelle le lien théologique entre tous les Juifs et tous les Chrétiens dans le monde. Tout appel à la paix doit tenir compte de ce lien entre nous. La théologie de la substitution appartient désormais au passé. Si Catholiques et Protestants l’ont rejetée c’est parce qu’elle est devenue incompatible avec leur conscience de croyant, ne l’oublions pas !
Liliane Apotheker"
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