mardi 15 mars 2011

Antisémitisme et révolutions arabes: Guy Verhofstadt se trompe

Si l'on se base sur les médias européens on est tout à fait convaincu que les manifestants contre les régimes autoritaires arabes n'ont fait preuve d'aucun sentiment antisémite.  Or si l'on consulte le Net la réalité est moins idyllique que cette dépeinte par l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt et actuel chef du groupe libéral (ADLE) du Parlement européen dans une carte blanche publiée dans Le SoirAprès le Printemps arabe, l'Eté de la paix israélo-palestinienne . Reconnaissons avec gratitude que M. Verhofstadt, même ses idées sont très loin d'emporter notre adhésion, n'est pas tombé dans l'invective et la diabolisation d'Israël primaire si caractéristiques des politiciens belges, surtout francophones ICI et ICI.

Vidéo: 3 Millions d'égyptiens chantent :"Jérusalem, On arrive"!Le chef spirituel des Frères musulmans, le Cheikh Yusuf al-Qaradawi, a fait un retour triomphant en Egypte la semaine dernière pour le sermon du vendredi sur la place Tahrir au Caire devant une foule immense de musulmans égyptiens, après plus de 30 ans d'interdiction . Au cours de son sermon, il a prié pour "la conquête de la mosquée al-Aqsa", ce qui signifie, par extension, la conquête de Jérusalem.

Une traduction de la partie pertinente de son allocution:  "Un message à nos frères en Palestine: j'ai l'espoir que Dieu Tout-Puissant, qui est heureux comme moi de la victoire en Égypte, qu'Il me comblera par la conquête de la mosquée al-Aqsa, pour me préparer le chemin pour prêcher dans la mosquée al-Aqsa. Qu'Allah nous prépare la voie pour (prêcher) dans la mosquée al-Aqsa en sécurité - pas dans la peur, sans hâte. Qu'Allah réalise cette conquête pour nous. O fils de la Palestine, je suis convaincu que vous serez victorieux."

Voir également : L'imagerie antisémite dans les manifestations égyptiennes fait bailler les médias occidentaux, Libye: démocratie ou haine du Juif, les images qui dérangent, Démocratie ou haine du Juif - la version libyenne en images, Manifestations antisémites en Tunisie : le président de la communauté juive du pays rencontre le Premier ministre tunisien

Extraits :

"Tous les observateurs ont été frappés lors de la révolution égyptienne, mais l'observation vaut aussi pour la Libye, par la quasi-absence de référence au peuple palestinien. Pas de drapeau israélien brûlé, pas de slogan meurtrier contre les Juifs : cette mobilisation avait d'autres motifs. Et Israéliens et Palestiniens se retrouvent face à une réalité : le monde autour d'eux a d'autres préoccupations. La communauté internationale doit se saisir de cette situation inattendue et prometteuse. L'heure est venue de forcer le dialogue, d'ouvrir de vraies négociations, d'entamer un authentique processus de paix. Israël est une démocratie, pleine de contradictions à bien des égards, mais un Etat de droit solide. L'irruption démocratique à ses frontières est une formidable opportunité à saisir. Et l'Europe doit l'y aider de tout son poids.

Les cartes au Proche-Orient sont en effet désormais totalement rebattues et l'hégémonie diplomatique américaine dans la région est sur la sellette. Washington ne peut plus compter sur la complaisance de son ancien allié qu'était l'Egypte, pas plus que les Américains ne pourront arguer des risques d'islamisation pour conforter les faucons israéliens dans leur obsession territoriale. Non que Le Caire se soit converti à l'antisionisme ! Au contraire, les Accords de Camp David, et donc la reconnaissance d'Israël, ont été réaffirmés par le nouveau pouvoir. Mais dans une Egypte démocratique, il faudra désormais compter avec une population lassée par les tensions qu'entretient le conflit israélo-palestinien, et qui pèsent sur le développement économique.


Contrairement aux Etats-Unis, l'Europe a toujours cherché une position d'équilibre, consciente de ses responsabilités dans la création et la pérennité d'Israël, enfant martyr de la Shoah, mais elle est aussi attachée à trouver une solution digne pour le peuple palestinien qui a droit, comme tous les peuples, à une patrie. C'est donc à l'Europe que revient l'initiative de sortir de l'ornière le processus de paix, enlisé depuis des années par les guerres ouvertes ou larvées qui opposent ces deux communautés siamoises. L'heure est ainsi venue d'une grande conférence internationale sur les frontières et le partage des ressources, en eau notamment. J'ai moi-même proposé un plan Marshall pour accompagner et conforter le «Printemps arabe». Selon le concept bien connu de Natan Sharansky, développé dans son livre The case for democracy, les dictatures se font la guerre, les démocraties scellent la paix.

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