lundi 25 octobre 2010

Rappel : Message de Pâques de Sabeel, Naim Ateek

"Il semble à bon nombre d’entre nous que Jésus est encore sur la croix avec des milliers de Palestiniens crucifiés autour de lui. Il faut seulement des gens dotés de discernement pour voir les centaines de milliers de croix dans tout le pays, les Palestiniens, hommes, femmes et enfants crucifiés. La Palestine est devenue un énorme Golgotha. Le programme crucificatoire du gouvernement israélien fonctionne quotidiennement. La Palestine est devenue le lieu du crâne."

Contexte:
- Naim Ateek, Palestinien chrétien, mène une 'intifada théologique' contre Israël
- Site des Amis de Sabeel - France qui ne parle que  d'amour, paix, justice et charité chrétienne - la belle hypocrisie. 
- Pour Témoignage Chrétien, Sabeel est une source d'espoir.

Texte repris du site Association France-Israël

Malgré son ancienneté relative, je mets en ligne ici ce texte, insoutenable pour des Juifs – et également pour des chrétiens qui n’ont "pas rejeté le peuple que D.ieu a discerné par avance" (cf. Rm 11, 2) –, parce qu’il éclaire un texte [1] que vient de nous adresser un chrétien qui croit à l’avenir messianique de notre peuple. (Menahem Macina).
Avril 2001- article publié dans Olive Branch from Jerusalem, n° 61, du 7 April 2001 [2]
Texte anglais - traduction française : Menahem Macina

"Chers amis,

Alors que nous approchons de la Semaine Sainte et de Pâques, la souffrance de Jésus-Christ aux mains de puissances politiques et religieuses malfaisantes, il y a deux mille ans, se manifeste à nouveau en Palestine. Le nombre de Palestiniens et d’Israéliens innocents qui ont été victimes de la politique de l’Etat d’Israël augmente.

Ici, en Palestine, Jésus marche encore sur la Via Dolorosa. Jésus est le Palestinien impuissant, humilié à un point de contrôle [3], la femme tentant d’arriver à l’hôpital pour recevoir des soins, le jeune homme dont la dignité est piétinée, le jeune étudiant incapable d’atteindre l’université pour étudier, le père sans emploi qui doit trouver du pain pour nourrir sa famille ; la liste devient tragiquement plus longue, et Jésus est là, au milieu d’eux, souffrant avec eux. Il est avec eux quand leurs maisons sont bombardées par des chars et des hélicoptères de combat. Il est avec eux dans leurs villes et leurs villages, dans leurs douleurs et leurs chagrins.

Dans cette période de Carême, il semble à bon nombre d’entre nous que Jésus est encore sur la croix avec des milliers de Palestiniens crucifiés autour de lui. Il faut seulement des gens dotés de discernement pour voir les centaines de milliers de croix dans tout le pays, les Palestiniens, hommes, femmes et enfants crucifiés. La Palestine est devenue un énorme Golgotha. Le programme crucificatoire du gouvernement israélien fonctionne quotidiennement. La Palestine est devenue le lieu du crâne  [4].

Le récit de l’Evangile peut se lire d’une manière différente, mais non moins poignante. Quatre choses sont claires aujourd’hui. Jérusalem ne sait toujours pas ce qui conduit à la paix ; Jésus pleure et ses larmes se mêlent aux larmes de bien d’autres gens ; le nombre de personnes qui portent leur croix se multiplie de manière phénoménale ; et les femmes de Palestine ainsi que beaucoup de femmes juives pleurent les nombreux innocents tués et blessés. C’est la réalité de la vie aujourd’hui.

Dans cette situation désespérée et perturbante, submergée d’injustice et de mort, nous refusons de nous abandonner au désespoir. Nous voulons proclamer la puissance de résurrection et de vie. Avec Saint Paul nous pouvons dire, au cours de cette Pâque : « Puissé-je le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances... » (Philippiens 3, 10). Notre foi en Dieu ne nous permet pas de perdre l’espoir. La résurrection du Christ demeure la réalité qui nous inspire et nous accrédite. Le jour viendra, et nous prions que ce soit bientôt, où la joie remplacera la peine, où la confiance éliminera la crainte, où la justice triomphera de l’oppression, et où la réconciliation supplantera l’aliénation. Le Christ vivant nous invite à tenir ferme et à être assurés de l’inéluctabilité de la résurrection. Nous poursuivrons donc notre lutte contre les structures malfaisantes de domination et d’oppression. Notre espoir est en Dieu. La résurrection est en marche, et elle apportera avec elle la promesse d’une vie nouvelle et de la libération pour toutes les gens de notre terre.

Nous comptons sur vos prières et votre solidarité. Merci de votre appui persévérant."
JOYEUSES PÂQUES !
Pasteur Naem Atek
Président du Centre de Sabeel [Palestine] pour la Théologie de la Libération.
© Olive Branch from Jerusalem
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Notes:
[1] Voir : Bernard Fauvarque, "Le conflit Israélo-Palestinien interpelle la Chrétienté".
[2] Olive Branch from Jerusalem: Newsletter published from the Holy Land by Fr. Raed Abusahlia - Tel. 02-6282323 - Fax 02-6271652 - E-mail: nonviolence@writeme.com [Le P. Abusahlia est Chancellier du Patriarchat Latin de Jérusalem, et secrétaire particulier du Patriarche Michel Sabbah].
[3] [Les ‘points de contrôle’ (‘check points’, en anglais), sont les postes israéliens chargés d’inspecter les entrées et sorties des Palestiniens pour vérifier s’ils sont en situation régulière et non porteurs d’armes.] Note du Traducteur.[4] D’après Mt 27, 33, l’appellation de Golgotha référerait au mot hébreu gulgolet, qui signifie ‘crâne’]. Note du Traducteur.

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