dimanche 17 février 2019

Alain Finkielkraut: "De plus en plus de Juifs quittent les communes de banlieue où leur vie devient infernale"


Alain Finkielkraut, professeur émérite à l’École polytechnique
Les actes antisémites ont augmenté de 74 % en 2018. Si on n'avait pas vu certains «gilets jaunes» faire la quenelle ou d'autres associer les noms de Macron et de Rothschild, et si deux portraits de Simone Veil n'avaient pas été recouverts par des croix gammées, ces chiffres seraient probablement passés inaperçus. Comme les voitures quotidiennement incendiés, ç'aurait été «business as usual». Là, l'occasion était belle de rapatrier l'antisémitisme et de dénoncer la résurgence d'une haine bien de chez nous. Mais ce n'est pas la faute des «gilets jaunes» si la France connaît aujourd'hui ce qu'Édouard Philippe a appelé une «alya intérieure». De plus en plus de Juifs quittent les communes de banlieue où leur vie devient infernale pour certains quartiers de Paris ou pour… Limoges, justement.  
Un antisémitisme venu du Maghreb, de Turquie, du Moyen-Orient, d'Afrique et des Antilles s'implante en France et on en a pour longtemps. Quand, lors d'une de mes émissions de France Culture, Georges Bensoussan a mis cette réalité en évidence, il a été accusé par Olivier Schrameck [qui est juif], alors président du CSA, d'«encourager des comportements discriminatoires». Dans sa lettre envoyée à France Culture, le même Schrameck m'a reproché (en me nommant «l'animateur») de «n'avoir, à aucun moment, contribué à la maîtrise de l'antenne». Bensoussan a été poursuivi en justice et finalement relaxé par la 17e chambre. Sa mésaventure témoigne de la force en France du parti du déni. Ce parti est très prompt à se mobiliser contre l'extrême droite. Mais ce ne sont pas des «gilets jaunes» qui ont scié les deux arbres plantés à la mémoire d'Ilan Halimi là où il a été retrouvé agonisant. Ce ne sont pas non plus des excités de la fachosphère qui ont traité l'ancienne journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui de «pute à Juifs» parce que après l'attentat de Strasbourg elle a osé déclarer: «Il faut que l'islam se soumette à la critique! Qu'il se soumette à l'humour! Qu'il se soumette aux lois de la République! On ne peut pas venir à bout de cette idéologie en disant aux gens: “L'islam est une religion de paix et d'amour et c'est juste le terrorisme qui est mal.”
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