vendredi 22 février 2019

"L’existence d’un complot sioniste à l’échelle mondiale EST une caractéristique de l’antisémitisme" (Valérie Toranian)


Valérie Toranian, journaliste, directrice de la Revue des deux Mondes :
L’existence d’un complot sioniste à l’échelle mondiale EST une caractéristique de l’antisémitisme. La théorie est née avec la publication du Protocole des Sages de Sion, un «faux» forgé par la police secrète du tsar au début du XXe siècle qui «révélait» un projet secret sioniste de domination du monde. Depuis elle n’a cessé de se diffuser. Elle séduit à l’extrême gauche comme à l’extrême droite. Elle maquille d’antisionisme, plus «présentable», une haine des Juifs, seul peuple au monde auquel on interdit d’avoir une terre. Car l’antisionisme n’est pas une critique politique. Ce n’est pas la dénonciation de telle ou telle mesure d’un gouvernement israélien. C’est un principe: Israël, foyer des Juifs depuis trois mille ans, doit disparaitre définitivement de la surface de la Terre car c’est une plaie et une humiliation pour les Palestiniens et les pays arabes.

Des Palestiniens dont la cause est devenue en trente ans une cause islamiste et non plus une lutte de libération nationale. Un djihad devant rassembler tous les musulmans du monde contre Israël, les Juifs, les États-Unis et les démocraties occidentales «islamophobes , au premier rang desquelles la France.

Ce discours est distillé en permanence dans les banlieues via les télés satellites, via les chaînes idéologiquement contrôlées par les Frères musulmans, via les prêches salafistes sur internet. + 74% d’actes antisémites en France en 2018. On s’habitue… 
«Retourne à Tel Aviv», «On est le peuple et on est chez nous», «Dieu te punira», a hurlé le forcené «gilet jaune» à la tête d’Alain Finkielkraut le 16 février. L’homme connu des services de police appartient à la mouvance islamiste salafiste. Ce que laissait suggérer son «Dieu te punira», qui ne fait pas partie du champ sémantique des identitaires ou de l’extrême droite. 
De quoi ce «chez nous» est-il le nom? D’une terre pure délivrée des Juifs, comme la Seine Saint-Denis, désormais «Judenraus», et dont les habitants juifs ont opté pour l’alya intérieure c’est-à-dire un déménagement dans un autre département  De quel «peuple» parle-t-il? Un peuple fétichisé, ayant tous les droits, toutes les excuses et toutes les audaces puisqu’il est le peuple et qu’il a forcément raison? Un peuple qui s’acharne sur un juif imaginaire, bouc émissaire de tous les problèmes? À moins qu’il n’ait en tête le peuple de l’islam? Car s’il est salafiste, il souscrit à l’idée du djihad permanent, de la conquête voulue par le prophète des terres des mécréants et de leur soumission, tôt ou tard, à la loi islamique? De quel délire relèvent ses propos?
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