mercredi 17 avril 2013

Madame Thatcher: pourquoi tant de haine? par Robert Redeker

"Margaret Thatcher a appliqué sans faillir le plus sain de tous les principes politiques: un Etat ne doit jamais donner suite aux exigences des terroristes."

"«La femme est l’avenir de l’homme» chantait bêtement Jean Ferrat. Or, que Madame Thatcher était une femme dérange profondément les conformismes contemporains. Si le culte de la femme règne en France, il s’agit d’un culte incapable de comprendre et d’intégrer Madame Thatcher. De fait, elle n’est pas la femme rêvée par Aragon et Ferrat, celle qui libérerait l’homme de lui-même. Au contraire, elle semblait être ce que l’homme n’est plus. Ce que depuis les années 70 les hommes refusent d’être. [...] Madame Thatcher était, non une femme libre, selon l’imbécile formule utilisée partout à tout propos, mais, chose beaucoup plus rare, un esprit libre."

Cet article de Robert Redeker a été publié dans Le Figaro le 11 avril 2013:

Le décès de Margaret Thatcher donne lieu dans les médias et dans l’internet, en particulier sur les réseaux sociaux, au déchaînement d’une déferlante de haine qui ne manque pas de sidérer. [...]

Notre époque ne pardonne pas à Madame Thatcher d’avoir été ce que Barrès dit de Napoléon: «un professeur d’énergie». Notre temps dénervé, fatigué, veut, surtout en France, des dirigeants lisses, consensuels, semblables au café décaféiné, désidéologisés, sans convictions. Des dirigeants sans caractère! Des dirigeants transparents, soumis à la déclaration de patrimoine! Bref, des dirigeants apolitiques. Or, la vraie politique est d’abord énergie. Elle est, comme chez Napoléon, énergie de l’idée. Notre modernité tardive ne le supporte pas. Seule l’Angleterre semble, loin du sommeil européen, avoir encore assez de vitalité pour habiter l’Histoire. D’où la haine dont Madame Thatcher est l’objet. [...]


Les contempteurs de la Dame de Fer insistent sur son traitement du terrorisme de l’IRA. Il eût fallu, suggère-t-on, qu’elle cédât au chantage au suicide par grève de la faim que les activistes irlandais, dont Bobby Sands, mirent en scène. Ceux-ci – des criminels qui ne laissaient jamais la moindre chance à leurs victimes - mirent au service de leur cause un marketing médiatique de la sensiblerie. Par leur grève de la faim, ils se prirent en otage eux-mêmes tout comme ils prirent en otage l’opinion publique à travers une utilisation perverse de la compassion humaine. Qu’aurait signifié la capitulation devant leurs exigences? La victoire politique et idéologique des terroristes! D’ailleurs ils ne se privèrent pas dans les années 80 de multiplier les attentats sanglants, sur le sol même de l’Angleterre, sans oublier l’assassinat de Lord Mountbatten. Margaret Thatcher a appliqué sans faillir le plus sain de tous les principes politiques: un Etat ne doit jamais donner suite aux exigences des terroristes. On remarquera également que dans cette affaire, elle défendait l’intégrité du territoire de la couronne. Le courage politique et le patriotisme dont elle fit preuve en cette occasion constituent un véritable enseignement de l’énergie, insupportable à beaucoup.

«La femme est l’avenir de l’homme» chantait bêtement Jean Ferrat. Or, que Madame Thatcher était une femme dérange profondément les conformismes contemporains. Si le culte de la femme règne en France, il s’agit d’un culte incapable de comprendre et d’intégrer Madame Thatcher. De fait, elle n’est pas la femme rêvée par Aragon et Ferrat, celle qui libèrerait l’homme de lui-même. Au contraire, elle semblait être ce que l’homme n’est plus. Ce que depuis les années 70 les hommes refusent d’être. La figure de Madame Thatcher ne correspond ni à la femme traditionnelle, celle que combattent les féministes, ni à l’imagine féministe de la femme, celle que développe le néo conformisme contemporain. Ainsi lui en veut-on, sans le dire, pour une double trahison des clichés de la féminité : trahison de la femme d’ancien style, trahison de la femme moderne, issue du féminisme. Ce reproche implicite et inconscient – traduit explicitement dans l’ignoble chanson de Renaud Miss Maggie – témoigne que Madame Thatcher était, non une femme libre, selon l’imbécile formule utilisée partout à tout propos, mais, chose beaucoup plus rare, un esprit libre. Qu’une femme n’entre dans aucun des cadres bâtis par la culture contemporaine autour de la notion de féminité, qu’elle soit cette chose étrange, improbable, qu’est un professeur d’énergie politique, constitue le second des scandales expliquant cette haine.

Qu’est-ce qui dérangeait tant, et continue de déranger, chez Margaret Thatcher? Sa liberté – rien n’est plus détestable aux périodes d’asservissement à l’opinion dominante que la liberté souveraine! Et surtout son intempestivité : le pouvoir politique, celui de la décision souveraine, cette chose si oubliée qu’elle semble d’un autre temps, trouvait en elle une réincarnation. A la fin des années 70, pendant les années 80, une chose incroyable se produisit : au milieu de la décomposition politique, le pouvoir, dans son essence, était de retour. La haine, jusque dans la nuit du tombeau, est le prix payé par Madame Thatcher pour cette solitaire grandeur.

2 commentaires :

Monique a dit…

Je rajouterai : des ministres sans caractère pour avoir publié publiquement leur patrimoine.
Comme si suite à un scandale sexuel d'un ministre (type affaire DSK), Médiocre 1er demandait à ses autres ministres d'étaler leur vie sexuelle : par manque de caractère, les 3/4 des ministres (surtout les hommes)l'auraient fait pour garder leur poste par désir incontrôlable du pouvoir.
Bartolone a raison à 100 % sur cette ligne : ne jamais céder.

Ces divulgations grotesques d'un domaine qui relève de la vie privée ne changeront rien à la fraude fiscale.
J'ai toujours été opposée à la vie vue par le trou de la serrure pour l'argent comme pour le reste.

Laser a dit…

Merci Monsieur REDEKER pour ce remarquable article sur Madame THATCHER. On pourrait espérer qu'il soit médité par nos lâches dirigeants d'aujourd'hui et leurs millions d'idiots utiles. Douce illusion, je crois. Merci Madame THATCHER. Reposez en paix.