"La mise en cause d’Élie de Rothschild relève d’une autre intention. Même mort, un Rothschild est vivant comme porteur d’un nom qui symbolise depuis deux siècles et demi la haute finance mondialisée (et accessoirement, mais on a tendance à l’oublier, l’essor économique de la France au XIXe siècle). Mettre en cause un Rothschild dans des affaires financières louches, ce n’est pas nouveau, et c’est toujours d’un bon rapport qualité-prix. Le signifiant Rothschild se suffit à lui même pour mobiliser les affects du peuple, avec les remugles antisémites associés. Les notaires, bouchers en gros, promoteurs immobiliers de nos belles provinces qui avaient eu ces derniers jours quelques insomnies après la lecture du Monde peuvent retourner sereins à leurs activités habituelles. Dans sa grande magnanimité, Mme Nougayrède a décidé de leur épargner la honte du pilori en place publique."
Luc Rosenzweig @ CRIF: «Offshore Leaks»: le curieux tri sélectif du Monde
Dans l’hystérie générale provoquée par l’affaire Cahuzac, la course morbide au "plus transparent que moi, tu meurs!", le journal Le Monde vient d’apporter une touche d’hypocrisie qui devrait marquer, et pas d’une pierre blanche, l’histoire de ce prestigieux quotidien.
Le journal de Natalie Nougayrède (il faudra s’habituer à le désigner ainsi, jusqu’à nouvel ordre, ce qui permet de tenir ce brave Auguste Blanqui hors du coup) [Le Monde d'Erik Israelewicz, son prédécesseur, n'aurait pas agi exactement de la même manière???] s’est fait le distributeur en France des produits d’une multinationale du journalisme d’investigation. L’ICIJ (Consortium international du journalisme d’investigation) est une officine sise à Washington qui a été le réceptacle de milliers de documents relatifs aux paradis fiscaux fournis par d’anciens employés de blanchisseries exotiques d’argent baladeur. C’est pain bénit pour Le Monde, qui peut ainsi échapper aux foudres de l’imprécateur en chef de chez Médiapart: nous aussi on est cap’ de faire tomber des têtes et des grosses, même si elles sont proches d’un pouvoir dont nous avons favorisé l’avènement! Les millions de fiches, listings, mails dérobés par les «lanceurs d’alerte» révèlent quelques centaines de noms bien de chez nous ayant pratiqué l’optimisation fiscale dans des conditions qualifiées de «grises», c’est-à-dire pouvant aller de la limite de la légalité à la fraude fiscale caractérisée. [...]
Les documents en possession du Monde mettent des noms, sinon des visages, sur ce monde de la finance baladeuse dont notre président de la République avait fait son ennemi personnel. Parmi ces noms, le quotidien de Natalie Nougayrède choisit d’en livrer deux en pâture à ses lecteurs. Il s’agit de Jean-Jacques Augier, un proche de François Hollande, qui fut son trésorier de campagne lors de la présidentielle, et de feu Élie de Rothschild, membre décédé d’une illustre famille.
Jean-Jacques Augier, qui fait des affaires avec des Chinois, était actionnaire d’une société domiciliée aux îles Caïmans, paradis fiscal notoire. Cette révélation est destinée à mettre François Hollande dans l’embarras, en montrant que cette finance sans visage qu’il pourfendait au Bourget était présente dans son entourage immédiat. Même motif, même punition que dans l’affaire Cahuzac : Hollande est soit un fourbe, s’il connaissait les manigances de son argentier de campagne, soit un gros naïf, s’il les ignorait.
La mise en cause d’Élie de Rothschild relève d’une autre intention. Même mort, un Rothschild est vivant comme porteur d’un nom qui symbolise depuis deux siècles et demi la haute finance mondialisée (et accessoirement, mais on a tendance à l’oublier, l’essor économique de la France au XIXe siècle). Mettre en cause un Rothschild dans des affaires financières louches, ce n’est pas nouveau, et c’est toujours d’un bon rapport qualité-prix. Le signifiant Rothschild se suffit à lui même pour mobiliser les affects du peuple, avec les remugles antisémites associés.
Les notaires, bouchers en gros, promoteurs immobiliers de nos belles provinces qui avaient eu ces derniers jours quelques insomnies après la lecture du Monde peuvent retourner sereins à leurs activités habituelles. Dans sa grande magnanimité, Mme Nougayrède a décidé de leur épargner la honte du pilori en place publique. Mieux, mise au défi par le ministre du Budget Bernard Cazeneuve de communiquer à la justice les faits délictueux dont Le Monde a pu avoir connaissance dans le cadre de l’opération «offshore leaks», elle a répondu qu’elle ne mangeait pas de ce pain-là dans un éditorial d’une haute tenue morale. Au Monde, on n’est pas Médiapart, on ne balance pas, sauf ceux dont on a décidé, tout seul comme des grands, qu’ils le méritent.
Luc Rosenzweig
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vendredi 12 avril 2013
Le Monde et 'Offshore leaks': balancer un Rothschild même mort est toujours d’un bon rapport qualité-prix
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1 commentaire :
Tout ce petit monde reçoit des centaines de milliers d'euros ,chaque année, de subvention. Sans oublier les niches fiscales pour les journalistes et,dans le cas de Chiapart, la TVA à 2%.
Pour conclure sur la transparence,
"On ne veut pas d’une police politique mais une Stasi médiatique ou une Stasi internet risque peu à peu de s’installer en France", redoute le philosophe, qui regrette que l'on "saura tout sur chacun et surtout sur les politiques".
"L'idéal de la transparence généralisée mène à une sorte de Stasi" "Je me méfie beaucoup plus de cet idéal en apparence égalitaire que du désir d’autorité". Finkielkraut
Le popon revient à Plenel en authentique jésuite trotskiste et sa bondieuserie mielleuse débitée à une cadence stakhanoviste (c'est pour rester dans le folklore local).
Franco
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