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dimanche 17 mai 2020

"Himmler a proposé l'échange de quelques dizaines de milliers de juifs contre des camions, les Alliés ont refusé" (Raymond Aron)


Raymond Aron:
Dominique Wolton: Et pourquoi à votre avis les gens ne voulaient-ils pas savoir?

Raymond Aron: Partiellement, c'était inconcevable.  Et d'un autre côté ils ne voulaient pas faire la guerre pour les juifs.  Je pense que c'est assez horrible à dire, mais je pense que c'est vrai.

Bien entendu, les Anglais, les Américains, condamnaient la conduite des hitlériens à l'égard des juifs.  On peut dire même que, dans une certaine mesure, l'Allemagne a perdu la guerre à cause de la manière dont elle a traité les juifs, car elle a chassé les grands savants juifs d'Allemagne, et elle a créé aux États-Unis, et même en Angleterre, une passion contre l'antisémitisme, contre l'antisémitisme des Allemands.  Mais, pendant la guerre, je l'ai dit, il y a eu la convention du silence.  On condamnait, mais il y avait en même temps au sujet du sort des juifs une forme de lâcheté intellectuelle ou une lâcheté affective.  Quand Himmler a proposé l'échange de quelques dizaines de milliers de juifs contre des camions, les Alliés ont refusé.
Le Spectateur engagé, Raymond Aron (1981)

mardi 12 mai 2020

"Si le nazisme avait gagné la guerre, il aurait continué à traquer les Juifs partout pendant mille ans"


FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - En ce 8 mai 2020, l’historien Jean Lopez revient sur les relations entre l’URSS et l’Allemagne nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale ainsi que sur le tournant de l’opération Barbarossa. Nous sommes loin d’en avoir fini avec la guerre des mémoires et l’instrumentalisation politique de l’histoire, affirme-t-il. Par Alexandre Devecchio
[…] Quant aux convictions nationales-socialistes de la Wehrmacht, elles ne sont plus à démontrer. Les généraux sont d’accord, par principe, sur la militarisation de la société, le redressement extérieur, l’écrasement de la gauche, la marginalisation des Juifs allemands. En URSS, ils n’auront pas de scrupules moraux à abattre les commissaires politiques et à aider massivement les Einsatzgruppen à massacrer Juifs, communistes, malades et handicapés, et supposés partisans à une échelle jamais vue auparavant. Plus d’une fois, des soldats de la Wehrmacht prêteront la main aux crimes de masse. S’il est risible de parler d’un «honneur sauf» de la Wehrmacht, on n’oubliera tout de même pas que c’est de ses rangs qu’est venue l’opposition la plus décidée à Hitler, même si elle ne concerne que quelques centaines d’officiers sur des dizaines de milliers. […] 
Une grosse différence néanmoins (parmi bien d’autres, mineures): le régime nazi serait resté éliminationniste avec ou sans Hitler, sous peine de se renier: tuer les «inférieurs» est dans son ADN. En revanche, le système soviétique sans Staline s’est montré beaucoup moins létal ; il a su retrouver une forme de «légalité socialiste», même relative... On peut donc penser - ce qui ne clôt pas la discussion - que le stalinisme a été une aberration temporaire, ce que l’on ne peut dire du nazisme. Si, par uchronie, le nazisme avait gagné la guerre, il aurait continué à traquer les Juifs partout pendant mille ans, il n’aurait cessé d’assassiner sans relâche handicapés physiques et mentaux.
Lire l'intégralité de l'entretien

samedi 2 mai 2020

A 102 ans, Klara Engelsman fut gazée par les nazis à Auschwitz


Exterminée à l'âge de 102 ans, Klara Engelsman, née le 30 avril 1842 à Amsterdam, fille de Salomon Abraham Engelsman et de Saartje Hartog Cosmanest, fut la victime juive la plus âgée de la barbarie nazie. Elle s'était mariée en 1865 avec Daniel Borstel, décédé en 1918.

Mme Borstel-Engelsman fut internée à l'infirmerie du camp de détention nazi situé à Westerbork (Pays-Bas) en mars 1944.  C'est là qu'elle atteignit l'âge de 102 ans.

En pleine guerre, les troupes allemandes la transportèrent, en passant par l'Allemagne, à Theresienstadt et ensuite à Auschwitz où elle fut exterminée le 12 octobre 1944.

Source: Auschwitz Memorial


mardi 21 avril 2020

Shoah: La pendaison de 20 enfants juifs à l'école de Bullenhuser Damm il y a 75 ans


Les vingt enfants pendus dans l'ancienne école de Bullenhuser Damm, à Hambourg, en Allemagne, pendant la nuit du 20-21 avril 1945, par les Nazis, pour effacer toute trace des expériences médicales par le médecin SS Kurt Heißmeyer au camp de concentration de Neuengamme:
Alexander Hornemann, 8 ans, Pays-Bas
Eduard Hornemann, 12 ans, Pays-Bas
Marek Steinbaum, 10 ans, Pologne
Marek James, 6 ans, Pologne
Walter-Jacob Jungleib, 12 ans, ex-Yougoslavie
Roman Witonski, 7 ans, Pologne
Roman Zeller, 12 ans, Pologne
Sergio de Simone, 7 ans, Italie
Georges André Kohn, 12 ans, France
Eduard Reichenbaum, 10 ans, Pologne
Jacqueline Morgenstern, 12, France
Surcis Goldinger, 11 ans, Pologne
Lelka Birnbaum, 12 ans, Pologne
Eleonora Witonska, 5 ans, Pologne
Ruchla Zylberberg, 10 ans, Pologne
H. Wasserman, 8 ans, Pologne
Lea Klygerman, 8 ans, Pologne
Rywka Herszberg, 7 ans, Pologne
Blumel Mekler, 11 ans, Pologne
Mania Altman, 5 ans, Pologne


@ L'Association des Enfants de Bullenhuser Damm
En avril 1945, les armées alliées ont déjà pénétré loin dans l’Allemagne nazie. L'issue de la guerre ne fait plus aucun doute, même s'il va falloir attendre le 8 mai pour que la capitulation inconditionnelle soit signée. À ce stade, ceux qui se savent coupables de crimes sont occupés à éliminer autant de preuves que possible.

À ce moment là, 20 enfants juifs entre cinq et douze ans se trouvent encore dans le camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg. Il y a dix filles et dix garçons, dont deux paires de jumeaux. Durant des mois, le médecin SS Kurt Heißmeyer a abusé d'eux comme cobayes pour ses expériences médicales: il a injecté aux enfants vivants des bacilles tuberculeux sous la peau et dans les poumons à l'aide de sondes. Il leur a ensuite chirurgicalement enlevé les ganglions lymphatiques. Au cours d'une interrogation en 1964, Heißmeyer déclarera qu'il n'y avait eu pour lui, "aucune différence fondamentale entre les juifs et les animaux de laboratoire."

Le 20 avril 1945, les enfants, ainsi que quatre des prisonniers adultes qui s'occupaient d'eux au camp, sont amenés dans un grand bâtiment à Hambourg, une ancienne école. C'est l'école de Bullenhuser Damm, qui sert d'avant-poste au camp de Neuengamme. Il est presque minuit quand ils arrivent. Parmi les adultes, deux docteurs français, Gabriel Florence et René Quenouille, ainsi que les hollandais Dirk Deutekom et Anton Hölzel. Le groupe est amené à la cave. Les adultes sont pendus à un tuyau au plafond dans la chaufferie. On injecte de la morphine aux enfants, puis, une fois endormis, on les pend aux crochets sur le mur. Le SS Johann Frahm doit peser avec le poids de son corps sur les enfants qui sont si maigres que le nœud ne peut pas se refermer autour de leurs cous. Dans un interrogatoire en 1946, Frahm dira qu'il a "accroché les enfants au mur comme des tableaux". Aucun d'entre eux n'a pleuré.

Le groupe suivant est ensuite pendu, 24 prisonniers de guerre soviétiques. Jusqu'aujourd'hui, on ignore leurs noms.

La vie suivit son cours à Hambourg, comme si le meurtre des enfants n'était jamais arrivé. L'école redevint une école, où les élèves n'apprirent jamais ce qui s'était passé dans la cave du bâtiment. On ne rechercha jamais les parents ou les familles des victimes, et les criminels furent vite oubliés. Seuls quelques ex-détenus du camp de concentration de Neuengamme vinrent chaque année apporter des fleurs à Bullenhuser Damm.
Lire l'article complet

Lire également
l'article de Wikipedia:
Enfants de Bullenhuser Damm
l'article de Tom Gross:
THE CHILDREN OF BULLENHUSER DAMM
l'article:
Joachim Hirsch, 7 ans, exterminé à Auschwitz il y a 75 ans. Souvenons-nous. Et le témoignage de Tadeusz Borowsky


lundi 20 avril 2020

Homme inconnu mort dans le ghetto de Varsovie (photo)


"Non, jamais plus nous serons comme les autres. Nous ne pouvons oublier. Nous n'oublierons jamais. Nous avons été "la balayure du monde". Contre nous chacun avait licence. Et c'est cela, mes amis, qui nous sépare de vous dans la liberté retrouvée, comme nous avons été séparés de vous sous l'Occupation. Nous sommes, désormais, des SÉPARÉS. Et nous sommes aussi les martyrs, c'est-à-dire les témoins, les témoins de l'abjection humaine."

Wladimir Rabinovitch, 1906-1981, connu sous le pseudonyme de Rabi, était un juriste et écrivain français.

Yom HaShoah


"Et dans la nuit d’horreur qui viendra après des jours de balles et de glaives, sortiront des coffres et des maisons toutes les choses juives" (Wladyslaw Szlengel)


"Notre mort, mort en gros,
Notre mort est une mort cachée,
Enfouie sous le masque de la peur."
Halina Bierenbaum raconte que:
"... les poèmes de Wladyslaw Szlengel étaient lus dans les maisons du ghetto et au dehors, le soir, qu'on se les transmettait de la main à la main, par le bouche-à-oreille. Les poèmes étaient composés sous le coup d'une passion ardente, au cours des événements qui paraissaient durer des siècles. Ils étaient le reflet vivant de nos sentiments, de nos pensées, de nos besoins, de notre douleur et d'un combat sans merci pour chaque instants de vie."
"Et dans la nuit d’horreur qui viendra
après des jours de balles et de glaives,
sortiront des coffres et des maisons
toutes les choses juives.
Elles sauteront par les fenêtres,
et passeront dans les rues
pour s’entasser sur les chaussées
au-dessus des noires voies ferrées.
Toutes les tables et tous les tabourets,
les valises et les balluchons,
les costumes, les bocaux,
l’argenterie, les bouilloires,
s’en iront, disparaîtront,
et personne ne saura ce que ça veut dire,
que les choses soient parties ainsi,
et que personne ne puisse plus les voir."
Wladyslaw Szlengel, 1912-1943.

dimanche 23 février 2020

Manès Sperber: "En terre chrétienne on s'apprêtait à massacrer les juifs sans penser au Crucifié"


Manès Sperber:
"Le nazisme a surpris les Juifs dans une situation où ils n'étaient ni enclins ni préparés à mourir pour Dieu. Ainsi, il se produisit pour la première fois en terre chrétienne qu'on s'apprêtait à massacrer les juifs sans penser au Crucifié. Et, pour la première fois, les juifs d'Europe durent mourir pour rien, au nom du rien. Nul enthousiasme nécrologique ne saurait balayer ce fait de la surface du globe, guérir la conscience malheureuse qui reflète sans cesse ce fait, et rien ne pourra jamais changer cela."
Churban ou l'Inconcevable Certitude (Churban oder Die unfaßbare Gewißheit (1979))

Cité par Imre Kertész dans L'Holocauste comme culture.  Kertész ajoute:
"Profonde vérité de ces paroles. Mais, durant les trente ans qui ont passé depuis la parution de l'essai de Sperber, il semble que l'autre face de cette vérité ait commencé à apparaître peu à peu."

lundi 27 janvier 2020

Shoah "Mesdames, Messieurs, au gaz, s'il vous plaît" - Tadeusz Borowski


Tadeusz Borowski, né le 12 novembre 1922 à Jytomyr en Ukraine et mort le 3 juillet 1951 (à 28 ans) à Varsovie, est un écrivain et journaliste polonais, survivant des camps de concentration d’Auschwitz et de Dachau.

"Mesdames, Messieurs, au gaz, s'il vous plaît", Le Monde de Pierre (écrit en 1946 à 24 ans).
"Dispersés dans les coins, parmi les excréments et les montres perdues, il y a des bébés étouffés, piétinés, des petits monstres nus aux têtes énormes et aux ventres gonflés. On les attrape comme des poulets, plusieurs à la fois."
"On traîne un vieillard en frac, avec un brassard. Le vieillard heurte le gravier, les cailloux, de la tête; il gémit et répète sans relâche, comme une litanie: "Ich will mit dem Herrn Kommandanten sprechen, je veux parler avec le commandant." Il répète cette phrase tout au long du chemin, avec un entêtement sénile. Lancé sur un camion, piétiné, étouffé, il geint encore: "Ich will mit dem…" 
- Calme-toi, bonhomme, ah mais! lui crie un jeune SS qui part d'un rire sonore. Dans une demi-heure tu causeras avec le commandant suprême! Et n'oublie pas de lui dire "Heil Hitler!"

D'autres portent une fillette qui a perdu une jambe. Ils la tiennent par les bras et par la jambe qui lui reste. Des larmes lui coulent sur le visage, elle murmure plaintivement: "Messieurs, ça fait mal, ça fait mal..." Ils la jettent sur le camion, parmi les cadavres. Elle brûlera vive avec eux."
"Et il fit siffler sa cravache sur nos dos. J'attrapai un cadavre: une main s'enroula convulsivement autour de la mienne. Je me dégageai en poussant un cri et m'enfuis. Je fus pris tout à coup de nausées. Je vomis, accroupi sous le wagon. Titubant, je me glissai près des rails."

Shoah - Vassily Grossman


Texte de Vassily Grossman repris du blog de l'historien et théoricien militaire israélien Martin van Creveld et traduit de l'anglais très imparfaitement à l'aide de Google (ce dont nous nous excusons).

Vassily Grossman (1905-1964):
Furent tués des vieux artisans et des artisans expérimentés: des tailleurs, des chapeliers, des cordonniers, des ferblantiers, des bijoutiers, des peintres, des fourreurs et des relieurs;

furent tués des travailleurs, des transporteurs, des mécaniciens, des électriciens, des menuisiers, des tailleurs de pierre et des plombiers;

furent tués des conducteurs de wagons, des conducteurs de tracteurs, des chauffeurs de camion et des ébénistes;

furent tués des porteurs d'eau, des meuniers, des boulangers et des cuisiniers;

furent tués des docteurs: des médecins, des dentistes, des chirurgiens et des gynécologues;

furent tués des scientifiques: des bactériologistes, des biochimistes et des directeurs de cliniques universitaires;

furent tués des professeurs d'histoire, d'algèbre et de trigonométrie;

furent tués des professeurs, des professeurs adjoints, des étudiants et des doctorants;

furent tués des ingénieurs civils, des architectes et des concepteurs de machines;

furent tués des employés de bureau, des comptables, des vendeurs, des agents, des secrétaires et des gardiens de nuit;

furent tués des professeurs d'école primaire et des couturières;

furent tuées des grands-mères qui savaient tricoter des chaussettes, confectionner des biscuits délicieux, cuisiner de la soupe au poulet et des strudels aux pommes et aux noix, ainsi que des grands-mères qui ne savaient rien faire de tout cela, mais qui ne pouvaient qu'aimer leurs enfants et les enfants de leurs enfants;

furent tuées des femmes fidèles à leur mari ainsi que des femmes aux mœurs légères;

furent tués de belles filles, des étudiantes appliquées et des écolières qui aimaient rire;

furent tués des laids et des sots;

furent tués des bossus, furent tués des chanteurs, furent tués des aveugles, furent tués des sourds, furent tués des violonistes et des pianistes, furent tués des petits enfants de deux et trois ans;

furent tués des hommes de quatre-vingt ans dont les yeux étaient voilés par la cataracte, dont les vieux doigts étaient transparents et dont la voix était douce comme du papier qu'on froisse;

furent tués des bébés qui pleuraient en tétant le sein de leur mère jusqu'au tout dernier moment.

Lire le post @ le blog de Martin van Creveld

mercredi 22 janvier 2020

"Nous avons été 'la balayure du monde'. Contre nous chacun avait licence."


Dans l'émission Face-à-Face @ CNews (20/01/2020), animée par Christine Kelly, Alain Finkielkraut a cité avec beaucoup d'émotion la phrase de Rabi: les Juifs ont été "la balayure du monde" (vers la 27e minute).

Wladimir Rabinovitch, 1906-1981, connu sous le pseudonyme de Rabi, était un juriste et écrivain français:
"Non, jamais plus nous serons comme les autres.  Nous ne pouvons oublier.  Nous n'oublierons jamais. Nous avons été "la balayure du monde".  Contre nous chacun avait licence.  Et c'est cela, mes amis, qui nous sépare de vous dans la liberté retrouvée, comme nous avons été séparés de vous sous l'Occupation.  Nous sommes, désormais, des SÉPARÉS.  Et nous sommes aussi les martyrs, c'est-à-dire les témoins, les témoins de l'abjection humaine."
Revue Esprit, Les Juifs parlent aux Nations, Septembre 1945

samedi 18 janvier 2020

Menstruation and the Holocaust


L'article le plus lu de History Today en 2019.

Menstruation is rarely a topic that comes to mind when we think about the Holocaust and, until now, has been largely avoided as an area of historical research.

Jo-Ann Owusu, a recent History graduate from the University of Warwick, @ History Today:
Untitled drawing by Nina Jirsíková, 1941. Remembrance and Memorial Ravensbrück/SBG, V780 E1.
[…] Periods impacted on the lives of female Holocaust victims in a variety of ways: for many, menstruation was linked to the shame of bleeding in public and the discomfort of dealing with it. Periods also saved some women from being sexually assaulted. Equally, amenorrhoea could be a source of anxiety: about fertility, the implications for their lives after the camps and about having children in the future. 
[…] Upon entry into the camp, prisoners were given shapeless clothing and had their heads shaved. They lost weight, including from their hips and breasts, two areas commonly associated with femininity. Oral testimonies and memoirs show that all of these changes compelled them to question their identities. When reflecting on her time in Auschwitz, Erna Rubinstein, a Polish Jew who was 17 when in the camps, asked in her memoir, The Survivor in Us All: Four Young Sisters in the Holocaust (1986): ‘What is a woman without her glory on her head, without hair? A woman who doesn’t menstruate?’ […]

The reality of the camps, however, meant that menstruation was hard to avoid or hide. Its suddenly public nature took many women by surprise and made them feel alienated. An additional obstacle was the lack of rags and the lack of opportunities to wash. Trude Levi, a Jewish-Hungarian nursery teacher, then aged 20, later recalled: ‘We had no water to wash ourselves, we had no underwear. We could go nowhere. Everything was sticking to us, and for me, that was perhaps the most dehumanising thing of everything.’ Many women have talked about how menstruating with no access to supplies made them feel subhuman. It is the specific ‘dirt’ of menstruation more than any other dirt, and the fact that their menstrual blood marked them as female, that made these women feel as though they were the lowest level of humanity. […]

Rags could almost be considered to have their own micro-economy. As well as being stolen, they were given away, borrowed and traded. Elizabeth Feldman de Jong’s testimony highlights the value of second-hand rags. Not long after she arrived at Auschwitz, her periods disappeared. Her sister, however, continued to menstruate every month. Experiments involving injections in the womb were common, but if a woman was on her period doctors often avoided operating, finding it too messy. One day, Elizabeth was called to have an operation. There were no clean clothes as opportunities to wash were limited, so Elizabeth put her sister’s underwear on and showed the doctor, telling him that she had her period. He refused to operate. Elizabeth realised she could use her sister’s situation to save herself from experimentation and did so another three times at Auschwitz. […]

Doris Bergen’s classic discussion of sexual violence in the Holocaust includes an interesting example of two Polish-Jewish women assaulted by Wehrmacht soldiers:
On 18 February 1940 in Petrikau, two sentries … abducted the Jewess Machmanowic (age eighteen) and the Jewess Santowska (age seventeen) at gunpoint from their parents’ homes. The soldiers took the girls to the Polish cemetery; there they raped one of them. The other was having a period at the time. The men told her to come back in a few days and promised her five zlotys.
[…] Similarly, Lucille Eichengreen, a young German-Jewish prisoner, recalled in her memoir that during her imprisonment in a Neuengamme satellite camp in the winter of 1944-5, she had found a scarf and was thrilled: she planned to use it to cover her shorn head. Worried that she would be punished for owning a prohibited object, Eichengreen hid the scarf between her legs. Later, a German guard took her aside and, while attempting to rape her, groped her between her legs and felt the scarf. The man exclaimed: ‘You dirty useless whore! Phooey! You’re bleeding!’ His error protected Lucille from rape. In discussing these stories, we must discern the irony at hand: it is rape that should be viewed as disgusting and menstruation as natural and acceptable. 
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mercredi 27 novembre 2019

Des soldats wallons ont participé au massacre de 6000 femmes juives


"... nous commençons par contacter les historiens belges, les plus pointus. Ceux qui ont le plus écrit sur la collaboration militaire sur le front de l’Est. Dans un premier temps, le message est toujours le même: "Tout laisse à penser, que les Wallons ont fait une guerre propre en Russie. Il n’y a aucun indice de crime de guerre ou contre l’humanité"."
"Comment des gens pouvaient être venus de si loin pour tuer, à l’autre bout du continent, des femmes juives innocentes? Il était clairement indiqué dans ces documents officiels que des Belges, des Wallons avaient bien participé au massacre."
Gérald Vandenberghe @ RTBF. Extraits:
Durant la deuxième guerre mondiale, des soldats wallons, engagés aux côtés des Allemands ont commis un crime contre l’humanité. Ils ont massacré plus de 6000 femmes juives, détenues dans le camp de Stuthof, en Pologne. Un dossier de la justice allemande prouve leur participation. […]

Le massacre de Palmnicken 
En janvier 1945, les Russes avancent. Et les Allemands comprennent qu’ils ont perdu la guerre. Il faut donc faire disparaître les traces de leurs crimes, et notamment vider les camps de concentration de leurs détenus. 
A Stuthof, en Pologne, 6000 femmes juives sont gardées par des soldats flamands. Ce ne sont pas des SS, mais des soldats de l’organisation Todt. C’est un service de génie civil chargé de bâtir aussi bien des routes que des bunkers ou des camps de concentration… Les chefs sont des Allemands, des SS. Les hommes viennent de différents pays: France, Russie, Belgique. Il y a plusieurs dizaines de gardes flamands. 
Mais ce que Frank Seberechts [un historien du Cegesoma, le centre d’étude des conflits, à Bruxelles, publie, début 2019, un ouvrage qui fait date. "Drang naar Oosten", la marche vers l’est, décrit par le détail les exactions commises par les collaborateurs flamands engagés dans l’armée allemande, sur le front de l’est. Il ne manque rien. Il évoque des massacres de civils, l’élimination de prisonniers de guerre ou encore la pendaison d’enfants soupçonnés d’être des résistants], nous précisera aussi lorsque nous le rencontrerons, "c’est qu’il y a aussi des francophones, venus de Wallonie mais aussi de Bruxelles. Il n’y a vraiment pas que des Flamands… "
Fin janvier, les gardiens du camp de concentration reçoivent l’ordre d’éliminer les 6000 femmes juives qui y sont détenues. Ils partent, à pied, vers la ville de Königsberg, une centaine de kilomètres plus loin. Il fait extrêmement froid, 20 degrés sous zéro et les détenues sont peu vêtues. Elles meurent tout au long de la route, à petit feu. Une fois arrivé à Königsberg, le convoi bifurque vers la côte, vers le village de Palmnicken. Il est connu pour ses mines d’ambre, et les chefs du convoi envisagent d’y enfermer les survivantes et de tout faire sauter. Arrivées sur place, les autorités locales s’y opposent. Les cadavres risquent de polluer la nappe phréatique. 
Les gardiens de ce sinistre convoi prennent donc une autre décision. Ils emmènent les détenues jusqu’à la plage. Et là ils les précipitent dans une mer froide, partiellement recouverte de glace. 
Selon Frank Seberechts, "ils les mitraillent, ils leur lancent des grenades. Certains ne tireront pas, mais d’autres, en revanche, décrivent le plaisir qu’ils ont éprouvé à exécuter ces femmes, dans leurs écrits d’après-guerre. Leur haine n’a pas de limite." […]
Au cours de la conversation, [le journaliste] Alexys Chabounine mentionne un document qui nous apparaît immédiatement crucial pour notre enquête. Il est parvenu à se procurer un dossier de 1600 pages, rédigé par la justice allemande dans les années 60. Les enquêteurs de l’époque ont minutieusement compilé les témoignages de villageois qui ont vu passer le convoi, mais aussi de survivantes du massacre. Des policiers sont allés les interroger en Israël, où elles se sont installées après la guerre. Et elles confirment bien la présence des tueurs wallons.
Les Belges du convoi 
"Selon ce qu’elles décrivent, explique le journaliste, il y avait une vingtaine d’officiers allemands mais aussi entre 120 et 150 gardiens étrangers, venus de pays occidentaux. Elles précisent que ceux qui ont tiré parlaient Allemand, russe, lituanien mais aussi français et flamand. Pour nous c’était une découverte incroyable. Comment des gens pouvaient être venus de si loin pour tuer, à l’autre bout du continent, des femmes juives innocentes? Il était clairement indiqué dans ces documents officiels que des Belges, des Wallons avaient bien participé au massacre ". 
Lire l'article complet



mardi 8 octobre 2019

Joachim Hirsch, 7 ans, exterminé à Auschwitz il y a 75 ans. Souvenons-nous.


Joachim Hirsch (un petit garçon juif né le 13 mai 1937 à Breslau, Allemagne) fut exterminé dans une chambre à gas dans le camp de Auschwitz II-Birkenau le 6 octobre 1944.

Il y a exactement 75 years. Il avait 7 ans.  Que dire d'une telle barbarie?

Source: Auschwitz Memorial

Ayons également une pensée pour cette petite fille juive dont on connaît les conditions d'extermination grâce à Tadeusz Borowsky:
"D'autres portent une fillette qui a perdu une jambe. Ils la tiennent par les bras et par la jambe qui lui reste. Des larmes lui coulent sur le visage, elle murmure plaintivement: "Messieurs, ça fait mal, ça fait mal..." Ils la jettent sur le camion, parmi les cadavres. Elle brûlera vive avec eux."
Tadeusz Borowski, né le 12 novembre 1922 à Jytomyr en Ukraine et mort le 3 juillet 1951 (à 28 ans) à Varsovie, est un écrivain et journaliste polonais, survivant des camps de concentration d’Auschwitz et de Dachau, "Mesdames, Messieurs, au gaz, s'il vous plaît", Le Monde de Pierre (écrit en 1946 à 24 ans).

jeudi 3 octobre 2019

Les Allemands arrivaient à l'heure le matin pour tuer et repartaient à l'heure, indépendamment du nombre de Juifs à exécuter


Père Patrick Desbois, professeur à l’université de Georgetown (Washington DC), le père Desbois est investi dans de nombreux travaux de recherche sur la Shoah par balles depuis de nombreuses années:
"[…] Quand j'ai commencé cette enquête, je me suis posé une question: pourquoi les Allemands arrivaient-ils toujours à l'heure le matin pour tuer et repartaient-ils à l'heure, indépendamment du nombre de Juifs à exécuter? Je me suis demandé quel était le protocole dans leur tête. C'est pour ça que j'ai structuré le livre comme une journée. La maîtrise du timing et de la topographie étaient les deux clés de l'équipe génocidaire. Ils voulaient rentrer chez eux après la journée, ils voulaient rentrer pile à l'heure à midi. J'ai découvert que la lenteur était punie de la peine de mort: cela les retardait. Enfin, pour ces tueurs, la journée, c'est comme une barrière. Là-bas, il n'y avait pas la structure des barbelés des camps: l'organisation de la journée, ce timing, c'est le cadre qu'ils avaient. Le chronomètre est la clé d'un massacre: les gens arrivent à tel moment et repartent quand c'est fini. Autrement, ce n'est pas un massacre, mais une fusillade. [..] 
Même s'ils ne sont pas progénocidaires, un génocide se fait toujours avec les voisins et ne manque jamais de travailleurs. Il y a aussi le simple intérêt criminel de prendre les biens de l'autre... Ce que j'ai découvert, c'est que quand on autorise cette activité criminelle tout en la déclarant innocente selon la loi du moment, on ne manque jamais de main-d’œuvre."
Lire l'article complet @ La Vie

À lire
La Shoah par balles: La mort en plein jour, Plon, 2019

mercredi 7 août 2019

Shoah: "quoi qu'on en dise, les Allemands sont quand même un peuple civilisé"

Raoul Wallenberg (Photo de son passeport, datant de juin 1944)

Imre Kertész (1929-2016), écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et lauréat du prix Nobel de littérature en 2002:
"Hier matin, en descendant de l'autobus, je me suis arrêté devant la statue de Wallenberg.  Il y avait déjà un homme d'une bonne soixantaine d'années.  Nous vérifions qui a déposé la couronne avec un ruban bleu-blanc-rouge.  Il me demande tout de go si je sais qui était Wallenberg.  Cet homme, poursuit-il, a sauvé des dizaines de milliers de vies en 1944.  "Pourtant ce ne sont pas les Allemands qui l'ont arrêté, dit-il, alors qu'ils avaient des raisons de le faire.  Mais bon, ajoute-t-il, quoi qu'on en dise, les Allemands sont quand même un peuple civilisé."  Atterré, j'ai tout juste pu lui rétorquer que cette statue prouve le contraire; en effet, qui d'autre menaçait les vies que Wallenberg avait sauvées?  "En ce temps-là, c'était vrai, répond-il, mais depuis…"  Puis, sans se gêner et presque triomphalement, il conclut: "Ce sont les Russes qui l'ont arrêté, emmené en Sibérie et tué." - Interprétation assez originale, mais indéniablement marquée du sceau de l'époque."
Imre Kertész, Journal de Galère, traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Actes Sud, 2010, p.p. 215-216.

Lire également (Imre Kertész):
- L'Europe baisse le pouce en ce qui concerne les juifs
- "J'assiste pour la première fois dans toute sa splendeur à la désignation d'un bouc émissaire"
- Hitler divisa "le monde entre ceux qui tuent et ceux qui sont tués ou destinés à être tués"

jeudi 4 juillet 2019

L'Holocauste et ce qui est arrivé aux valeurs européennes (Imre Kertész)

Imre Kertész (1929-2016), écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et lauréat du prix Nobel de littérature en 2002:

Auschwitz: juifs prêts à être gazés
"L'originalité de l'Holocauste (au sens où il a été une culture) ne vient pas du fait que Mme Schwarcz a subi un préjudice ou que sa famille a été anéantie.  Tout cela est tragique, mais ceux qui relativisent l'Holocauste ont raison de dire que d'autres peuples ont aussi connu des génocides.  Je dirais même que le plus important n'est pas ce qui a frappé les juifs, mais ce qui est arrivé aux valeurs européennes.  En effet, la révélation de l'Holocauste, c'est que la crise des valeurs a abouti à la révocation définitive de celles-ci.  Le révélation du Sinaï a perdu sa validité avec l'accomplissement d'Auschwitz.  Tenter de voiler l'entrée en vigueur du chaos ou, si l'on préfère, de l'apocalypse, en partie par lâcheté, en partie par sentiment de culpabilité, n'a pas de sens."
Imre Kertész, Sauvegarde, Journal 2001-2003, traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Actes Sud, 2012, p.63.

Lire également (Imre Kertész):
- L'Europe baisse le pouce en ce qui concerne les juifs
- "J'assiste pour la première fois dans toute sa splendeur à la désignation d'un bouc émissaire"
- Hitler divisa "le monde entre ceux qui tuent et ceux qui sont tués ou destinés à être tués"
Ghetto de Varsovie

lundi 17 juin 2019

Edgar Hilsenrath: "les choses n'ont pas beaucoup changé: les Juifs restent des boucs émissaires" (Bruno Corty)


Bruno Corty, rédacteur en chef du Figaro Littéraire:  

Terminus Berlin d’Edgar Hilsenrath: revoir Berlin et mourir
"Traduction de l’ultime roman - très sombre et poignant - de l’écrivain juif allemand décédé en décembre dernier.
C’est l’histoire d’un vieux grigou habillé comme un clochard qui débarque à Berlin peu de temps avant la chute du Mur. Joseph Leschinsky, dit Lesche, est un écrivain en quête de succès, d’argent, de femme et d’un toit pour dormir. Il a vécu longtemps à New York mais a fini par se lasser d’une société qui glorifie les gagnants et enfonce les losers. […]

Avec Terminus Berlin, Hilsenrath se raconte une fois encore. Des forêts de Bucovine à l'après-guerre passé à Lyon, des États-Unis à son retour en Allemagne, il déroule une vie d'exil et d'écriture pour dire l'indicible et constater, finalement, que les choses n'ont pas beaucoup changé: les Juifs restent des boucs émissaires. Ce constat amer rend ce roman plus poignant que les autres, plus désespéré.  Si Lesche, double bukowskien de l'auteur, fait par moments sourire avec ses mauvaises manières et ses pensées crues, on voit bien que ce petit homme qui a survécu à tout n'a plus ni la force ni l'envie de poursuivre le combat."
Lire l'article complet @ Le Figaro Littéraire


Terminus Berlin
Roman
Traduit de l'allemand par Chantal Philippe
230 pages
9782370551580
Prix: 19,00 €

lundi 3 juin 2019

Mort de Semion Rosenfeld dernier survivant du camp d’extermination nazi de Sobibor

Semion Rosenfeld
BFMTV:
"Semion Rosenfeld avait réussi à s'échapper de Sobibor pendant une célèbre révolte. Seule une cinquantaine de détenus de ce camp ont survécu après la guerre. Plus de 250.000 juifs y ont été exterminés. 
Semion Rosenfeld, dernier survivant connu du camp d'extermination nazi de Sobibor, est mort ce lundi à l'âge de 96 ans en Israël, a annoncé le président de l'Agence juive, Isaac Herzog.

Né en Ukraine, ce soldat juif de l'Armée rouge avait été fait prisonnier par les Allemands. Il avait passé deux ans dans un camp à Minsk puis avait été envoyé à Sobibor vingt jours avant la révolte. 
Le 14 octobre 1943, une révolte éclate à Sobibor, la plus importante et la plus célèbre révolte dans l'histoire des camps de concentration nazis. 300 prisonniers, dont Semion Rosenfeld, alors âgé de 21 ans, avaient réussi à prendre la fuite en faisant une brèche dans les barbelés. Près de 170 révoltés avaient été capturés par les nazis et fusillés. Semion Rosenfeld était, lui, retourné se battre avec l'Armée rouge."
Lire l'article complet

vendredi 19 avril 2019

Anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, "le plus grand affrontement ayant opposé Juifs et Allemands" (André Kaspi)


"Dans le ghetto de Varsovie, quelques survivants opposent à l'occupant une résistance désespérée, donnant lieu au plus grand affrontement ayant opposé Juifs et Allemands."

Des enfants en train de mendier dans le ghetto de Varsovie

André Kaspi, historien:
"[Les résistants] construisent des casemates et se procurent armes et munitions, notamment auprès de l'Armée de l'intérieur.  En janvier 1943, il y a un premier heurt avec les Allemands à la suite d'une nouvelle vague de déportations.  Himmler ordonne alors la dissolution totale du ghetto.  Le 19 avril 1943, le ghetto, qui comptait encore 70.000 personnes, est encerclé.  Les Waffen SS y pénètrent et se heurtent à la contre-offensive immédiate des résistants. En mai, le ghetto est la proie des flammes.  La résistance est écrasée.  Plusieurs milliers de morts gisent sous les décombres.  Parmi ceux qui sont arrêtés, 7.000 sont abattus et 22.000 acheminés vers les camps d'extermination de Lublin et de Treblinka.  Les pertes allemandes s'élèvent à 16 morts et 85 blessés.

Des détenus aidés par des terrassiers polonais travailleront pendant plus d'un an à déblayer les 180 hectares d'immeubles éventrés et à démolir le mur.

5.000 à 6.000 Juifs ont réussi à s'évader du ghetto avant et pendant le soulèvement."
André Kaspi, La Deuxième guerre mondiale, chronologie commentée, Editions Complexe, 1995, p.p. 349-350