jeudi 3 octobre 2019

Les Allemands arrivaient à l'heure le matin pour tuer et repartaient à l'heure, indépendamment du nombre de Juifs à exécuter


Père Patrick Desbois, professeur à l’université de Georgetown (Washington DC), le père Desbois est investi dans de nombreux travaux de recherche sur la Shoah par balles depuis de nombreuses années:
"[…] Quand j'ai commencé cette enquête, je me suis posé une question: pourquoi les Allemands arrivaient-ils toujours à l'heure le matin pour tuer et repartaient-ils à l'heure, indépendamment du nombre de Juifs à exécuter? Je me suis demandé quel était le protocole dans leur tête. C'est pour ça que j'ai structuré le livre comme une journée. La maîtrise du timing et de la topographie étaient les deux clés de l'équipe génocidaire. Ils voulaient rentrer chez eux après la journée, ils voulaient rentrer pile à l'heure à midi. J'ai découvert que la lenteur était punie de la peine de mort: cela les retardait. Enfin, pour ces tueurs, la journée, c'est comme une barrière. Là-bas, il n'y avait pas la structure des barbelés des camps: l'organisation de la journée, ce timing, c'est le cadre qu'ils avaient. Le chronomètre est la clé d'un massacre: les gens arrivent à tel moment et repartent quand c'est fini. Autrement, ce n'est pas un massacre, mais une fusillade. [..] 
Même s'ils ne sont pas progénocidaires, un génocide se fait toujours avec les voisins et ne manque jamais de travailleurs. Il y a aussi le simple intérêt criminel de prendre les biens de l'autre... Ce que j'ai découvert, c'est que quand on autorise cette activité criminelle tout en la déclarant innocente selon la loi du moment, on ne manque jamais de main-d’œuvre."
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À lire
La Shoah par balles: La mort en plein jour, Plon, 2019

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