A midi, des éditions spéciales, imprimées à la hâte, font connaître officiellement que Hitler a été nommé Chancelier. Le Führer regagne son hôtel, en proie à une émotion visible. Désormais, il n’est plus seulement le Führer du national-socialisme, il est le Führer du Reich. Treize ans d’efforts acharnés, d’idée fixe, de tension de la volonté, de dépense nerveuse, de résistance aux épreuves les plus diverses, treize ans d’audace, de patience et de ruse reçoivent, en cet instant, leur récompense, leur consécration! Hitler est arrivé à ses fins. Sa plus ancienne prédiction s’accomplit. Le vagabond, le raté d’avant 1914, l’homme de liaison, le "soldat inconnu" de la Grande Guerre, l’orateur à demi dérisoire des brasseries munichoises de l’après-guerre, l’adhérent d’un parti qui ne comptait que 7 membres est, aujourd’hui, au pouvoir et, avec lui, le mouvement qu’il a créé et qui groupe 13 millions d’Allemands. Il semble qu’une protection naturelle puisse, seule, expliquer cette prodigieuse fortune.
Hindenburg et les têtes légères qui l’ont influencé connaissent-ils bien l’homme aux mains duquel ils ont remis les destinées du Reich? Savent-ils quels sentiments, quelles ambitions, quelle moralité recouvrent cette figure aux traits si vulgaires, ces yeux opaques, ce front barré d’une mèche ridicule? Ils ne tarderont pas, en tout cas, à s’apercevoir qu’il a derrière lui des forces autrement puissantes que celles d’une sociale-démocratie sans ardeur, d’un Casque d’Acier poussiéreux ou d’une Bannière d’Empire essoufflée.
Souvenirs d'une ambassade à Berlin, André François-Poncet, Flammarion, 1951
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