Extrait de l'article de Thomas Wieder "La France de Vichy" paru dans Le Monde
"Que démontre l'historien ? D'abord que la collaboration, loin d'avoir été une "exigence allemande à laquelle certains Français ont répondu par sympathie ou par ruse", fut en réalité une "proposition de la France, qu'Hitler repoussa en dernière analyse". Selon Paxton, le régime de Vichy bénéficia d'une marge de manoeuvre plus large que ce qu'en dirent ses défenseurs. Et Pétain ne fut donc pas le "bouclier" qu'il prétendit être, à la Libération.
Car pour le chef de l'Etat français - et c'est le second volet de la thèse - la collaboration fut bien un choix politique au service d'un projet de société. En acceptant l'armistice et en sacrifiant l'indépendance nationale, il pensait "opérer un bouleversement tel que la France n'en avait pas connu dans son histoire depuis 1870, voire 1789". Ce faisant, Paxton insiste sur la cohérence de la révolution nationale , rappelant au passage que toutes les réformes de Vichy n'ont pas été abrogées par la IVe République.
Le bilan est implacable. Beaucoup plus sévère que celui dressé par Robert Aron dans Histoire de Vichy (Fayard, 1954), jusqu'alors l'ouvrage le plus complet sur la période. Pour Paxton, qui étoffe certaines thèses déjà avancées (notamment par Yves Durand, Eberhard Jäckel et Henri Michel), il est fallacieux de distinguer entre un "bon" Vichy (celui de Pétain) et un "mauvais" Vichy (celui de Laval). C'est le régime qui n'a pas su "éviter le pire". Notamment vis-à-vis des juifs. "Il est indispensable de montrer que les premières mesures ayant frappé les israélites (dès l'automne 1940) sont bien le fait du gouvernement français, car dans nul autre domaine on n'a autant insisté sur les pressions de l'Allemagne et la passivité de la France", écrit-il."
La France de Vichy. 1940-1944
Robert Paxton, traduit de l'anglais (américain), par Claude Bertrand
Le Seuil "Le Point Histoire", nouvelle édition (1999), 470 p., 8, 50 €
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