L'on se prend à songer à ceux qui sont morts dans la boue ou dans les chambres à gaz. Était-ce pour quelque chose?"
Pierre Goubert, Initiation à l'histoire de la France, Pluriel, 1984 (p. 372, Épilogue - Réflexions d'un historien du XIIe siècle sur la période qu'il a vécue).
La France, trente ans après cette réflexion de Pierre Goubert:
Un jeune fait une quenelle/crématorium |
Paris 2014 on crie "Mort aux Juifs" |
"L'idée de glisser ma petite quenelle dans le fond du fion du sionisme est un projet qui me reste très cher" Dieudonné. |
Une origine modeste
Pierre Goubert naît dans la ville de Saumur en 1915, dans une famille d’artisans et de commerçants. Depuis plusieurs générations, sa famille a la profession habituelle de cultivateur, de journalier, ouvrier agricole, domestique de ferme. Comme le disait Pierre Goubert lui-même, sa famille venait de la modestie mais non pas de la misère et aucun ne fut illettré. Il va à l’école primaire publique des Récollets à Nantilly, suivie du cours complémentaire qui était l’enseignement parallèle à celui du collège. Il passe son certificat d’études à douze ans. Mais ses parents n’envisageaient pour lui rien d’autre qu’une mise en apprentissage dans un métier manuel ou un emploi de petit coursier, ce qui à l’époque le désolait déjà. Le directeur d’école primaire intervient auprès de sa mère pour le laisser continuer les études. Suite Wikipédia.
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Cette violence, celle des actes comme celle des mots, n’est pas exceptionnelle. Elle est représentative d’un antisémitisme banalisé, normalisé, qui s’exprime prioritairement dans une frange de la population musulmane, mais aussi ailleurs – notamment dans les paris politiques.
Dans un fatras idéologique confus, mêlant djihadisme, défense de la cause palestinienne, détestation d’Israël et archétypes racistes les plus ignobles, c’est bel et bien la vieille théorie du "complot juif" qui est remise au goût du jour. Ce sont les mêmes stéréotypes judéophobes véhiculés à plaisir sur Internet, et qui finissent par tuer – d’Ilan Halimi, torturé à mort, en passant par les assassinats de Merah à Toulouse et à Montauban, ou, plus récemment, au Musée juif de Bruxelles.
La France a bel et bien connu une hausse des violences antisémites. Cependant, celle-ci ne se déclenche pas à l’amorce de la seconde Intifada mais dès 1999. Les éléments contextuels ne sont alors pas liés aux actualités géopolitiques: il s’agit des débats quant aux réparations des spoliations antisémites et de l’affaire Maurice Papon. En revanche, des explosions de violence ont ensuite lieu en 2000 (multiplication par six des violences antisémites, par quatre de l’ensemble des violences racistes), l’année de l’assassinat d’Ilan Halimi (+ 35%), ou après les crimes de Mohamed Merah (+58%).
Si on remonte plus haut dans le temps, on observe que la violence antisémite y avait également connu un système de pics indexé sur l’actualité. Il y eut ainsi des hausses en 1987, lors du procès de l’ancien nazi Barbie, en 1990, suite à la profanation néonazie de Carpentras, en 1991, dans le contexte de la première guerre contre l’Irak.
En somme, lors des trente dernières années, les violences se produisent lorsque leurs auteurs estiment qu’il existerait un contexte de légitimation de leurs actes, que le prétexte soit intérieur et lié au refoulé de la Seconde guerre mondiale, ou qu’il soit extérieur et lié au Moyen Orient.
Pour un tiers des délinquants, il s’agit de Français issus de l’immigration afro-maghrébine. Ils effectuent des justifications par identification au peuple palestinien. Néanmoins, ils disposent déjà pour l’essentiel de casiers judiciaires. Ce sont des petits délinquants dont la connaissance de la question moyen-orientale est frustre, et sans engagement politique.
Dans les manifestations interdites récentes, la présence de cette jeunesse issue de l’immigration était nette. Néanmoins, les profils des personnes arrêtées, ou des photographies au cœur des évènements, témoignent qu’il n’y a d’exclusivité ni sociale ni ethnique. C’est un fait qui n’est pas sans évoquer le public dieudo-soralien où, à côtés de jeunes des classes populaires issues de l’immigration, cohabitent de blancs bourgeois. La péjoration du juif retrouve ici sa classique fonction politique, toues classes confondues.
Le pas de l’agression antisémite est donc ainsi ouvertement franchi en France et ailleurs en Europe sous prétexte d’un conflit qui, en fait, libère des pulsions irrationnelles (néanmoins bien réfléchies par les idéologues de tous les extrémismes) : une haine ancestrale prend ainsi un nouveau visage (celui de jeunes de banlieues) tout en usant d’un vieux fantasme (celui de puissances occultes, coupables de la relégation et responsables de la misère du monde). On pouvait croire le grossier mécanisme, qui en appelle à la vengeance de Dieu par la violence du "glaive", en Europe relever de quelques attardés isolés, aux références moyen-âgeuses. Et bien, non : à Paris comme à Berlin, ils furent des milliers dans la rue à scander et à apprécier des slogans s’en prenant aux "juifs", à Paris comme à Berlin, des agressions ont visé des personnes et des lieux, parce qu’ils étaient juifs.
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