jeudi 12 février 2009

Amitiés France-Israël : besoin d'un rappel à l'ordre ?, Anica Pommeray

"Faisant référence à la partialité des médias étrangers, Peres a rappelé par ailleurs ce que les télévisions ne montraient jamais : "les familles israéliennes qui s'endorment sous les tirs de roquettes, les mères qui craignent pour leurs enfants (...). Dans cette guerre, il n'y pas de véritable champ de bataille. Tout se passe de manière sous-jacente (...). Et quelle réponse faut-il apporter à cela ? Moi, je vous le dis, la réponse n'est jamais disproportionnée", lance-t-il."

Article repris du site du Jerusalem Post

"Dirigée par le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, la délégation de 14 parlementaires venue prendre la température en Israël - après trois semaines de conflits à Gaza et à deux jours d'un scrutin national - a été reçue dimanche 8 février à la résidence du président Shimon Peres, à Jérusalem.

Une rencontre improvisée, venue confirmer - ou non - la position officielle : celle du président français Nicolas Sarkozy, "ami" d'Israël. Il y a quelques semaines, pourtant, les défilés contre l'opération "Plomb durci" se succédaient dans les rues françaises et les slogans n'étaient pas tendres. Profonde contestation de la politique israélienne, à laquelle se sont même joints quelques représentants de la scène politique française.

Poignées de mains et sourires figés précèdent les débats d'idées. Peres ouvre les discours : "Nous vivons des temps très importants. Des temps de changements permanents. L'investiture du nouveau président des Etats-Unis, Barack Obama, la crise économique... et le Proche-Orient. C'est un peu comme cette histoire des deux jumeaux qui préfèrent rester dans le ventre de leur mère. Aucun des deux n'est prêt à sortir le premier (...). Je ne pense pas que nous ayons à faire à un 'clash' des civilisations mais plutôt à un affrontement entre les modérés et les autres. Ceux qui fondent leur pouvoir sur le terrorisme et qui, lorsqu'ils s'en prennent à un Etat démocratique, deviennent un véritable cauchemar."

Faisant référence à la partialité des médias étrangers, Peres a rappelé par ailleurs ce que les télévisions ne montraient jamais : "les familles israéliennes qui s'endorment sous les tirs de roquettes, les mères qui craignent pour leurs enfants (...). Dans cette guerre, il n'y pas de véritable champ de bataille. Tout se passe de manière sous-jacente (...). Et quelle réponse faut-il apporter à cela ? Moi, je vous le dis, la réponse n'est jamais disproportionnée", lance-t-il.
L'allusion est sans équivoque. Et les commentaires de Nicolas Sarkozy, entre autres, aux lendemains du déclenchement des opérations militaires à Gaza, devaient visiblement être rectifiés.

Passant ensuite au rôle primordial du scrutin national du 10 février, le président israélien a souligné, d'une part, la difficulté avec laquelle un Etat démocratique doit "se mesurer à un peuple mis sous la coupe du terrorisme". "L'expulsion du gouvernement légal et légitime des Palestiniens à Gaza est le reflet d'une conception complètement distordue de la démocratie. On pense souvent que les élections sont ce qui caractérise une démocratie mais elles n'en constituent que le mécanisme. La démocratie commence précisément au lendemain des élections (...). Aujourd'hui, le danger ne relève pas du domaine politique mais bien du domaine religieux", affirme-t-il dans un second temps. "Le centre du terrorisme est en Iran et si nous lui permettons de se doter de l'arme nucléaire, le monde deviendra incontrôlable."

L'auditoire est imperturbable. Deuxième piqûre de rappel : "Gaza n'a jamais été assiégé. Nous avons uniquement fermé les points de passage lorsqu'ils servaient de zones de contrebande. Chaque jour, nous facilitons le transfert de l'eau, de carburant et de l'aide humanitaire. Nous recevons également un rapport quotidien de la situation dans la bande de Gaza (...). Toute ma vie j'ai œuvré pour la paix avec Gaza. Mais lorsque le 'sacré' commence à jouer, la logique cesse de fonctionner."

C'est néanmoins sur une note positive que le président a souhaité conclure son discours. "Jusqu'à présent, le monde arabe défendait la politique de Khartoum (celle des trois 'non' : non aux négociations avec Israël, non à la reconnaissance d'Israël et non à la paix avec Israël). Or, aujourd'hui, l'initiative saoudienne ouvre la voie à une paix régionale." Prenant exemple sur les ambitions fédératrices de l'Union européenne, "l'Europe des patries", rappelle Peres, Israël cherche à appliquer une formule similaire, sans frontières économiques, avoue-t-il.

"Il nous faut, nous aussi, un Jean Monnet"
, sourit le président qui ne cache pas, malgré quelques remontrances, son intention de poursuivre le "long flirt, entamé avec la France"."

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