Contexte: L'Eglise de Belgique diffuse sans vergogne de la propagande antisémite
Malgré communiqué du 23 mai 2018 de la Commission nationale catholique pour les relations avec le monde juif (CNCJ), qu'il faut saluer, aucune action n'a été engagée. On dirait qu'entre l'antisémitisme et la lutte contre l'antisémitisme, "antisémitisme qui tue encore aujourd’hui dans nos pays" prend toujours le dessus. (Merci à R.R.)
"La Commission nationale catholique pour les relations avec le monde juif (CNCJ) s’inquiète de la parution récente d’un livre intitulé: «Le Très-Saint Sacrement de miracle, 1370-2020. Un miracle eucharistique à Bruxelles méconnu – et son lien avec l’église Sainte-Catherine». Cet opuscule, publié sous la signature de Véronique Hargot-Deltenre par «Les Amis de Sainte-Catherine», présente de manière très détaillée le miracle eucharistique qui aurait suivi une prétendue profanation d'hosties perpétrée par des Juifs au XIVe siècle. Les vitraux de la cathédrale Saint-Michel et Gudule qui illustrent cette affaire y sont longuement commentés et illustrés. Mais l’auteur appuie sa recherche essentiellement sur les ouvrages d’auteurs anciens et manque clairement de recul critique par rapport à ceux-ci. Or la recherche historique a permis de contester sérieusement l’authenticité du miracle. En effet, même si, dès le début de l’affaire, il aurait été question d’une coloration apparue sur les hosties profanées, les premiers témoignages à cet égard apparaissent seulement trente ans plus tard (dossier établi par le doyen Jean de Saint-Géry en 1402, au nom de l’ordinaire de Cambrai) et se conforment à un schéma répété dans diverses villes d’Europe à la fin du Moyen âge. Il est particulièrement significatif que l’évêque de Cambrai, dans une sommation adressée en 1370 aux paroissiens de l’église de la Chapelle pour les forcer à restituer à la Collégiale Sainte-Gudule une partie des hosties maltraitées, ne mentionne aucunement le miracle. Quant à la culpabilité des Juifs accusés de la profanation – et qui, vraisemblablement sous la torture, auraient reconnu le sacrilège –, elle doit également être radicalement mise en doute. On sait en effet combien il était courant, à l'époque, d'accuser faussement des Juifs de profanations ou de meurtres rituels. Faut-il rappeler la lourde responsabilité historique de l’Eglise – ou du moins de certains de ses membres – dans la persécution et la mise à mort d’un nombre considérable de Juifs?
Même si l’intention, louable, de l’auteure est de nourrir la ferveur et la dévotion eucharistique, son ouvrage contribue à remettre en avant, comme parfaitement authentiques, des phénomènes hautement douteux liés à des événements qui sont, eux, malheureusement authentiques, à savoir la mise à mort, en 1370, de plusieurs Juifs bruxellois et l’expulsion d’un certain nombre de Juifs de la ville. Il faut rappeler qu’en 1977, le cardinal Joseph Suenens a fait apposer à la cathédrale de Bruxelles une plaque signalant que « … les autorités diocésaines de l’Archevêché de Malines-Bruxelles, après avoir pris connaissance des recherches historiques sur le sujet, ont attiré l’attention sur le caractère tendancieux des accusations et sur la présentation légendaire du miracle ».
Sans doute consciente de la charge d’antisémitisme qui entoure cette affaire, Véronique Hargot tente d’en atténuer la portée, notamment dans un chapitre intitulé «Un antisémitisme dépassé». Mais sa conviction l’emporte sur la vraisemblance, et le «miracle» illustré par les vitraux de la cathédrale échappe à toute suspicion. Or, est-il vraiment «dépassé», cet antisémitisme qui tue encore aujourd’hui dans nos pays? Quelque bonnes qu’aient pu être les intentions qui ont présidé à la rédaction de ce livre, sa publication est donc gravement inopportune, car elle risque de raviver l’antique hostilité antijuive dont beaucoup de chrétiens ne sont pas débarrassés et ainsi de nourrir un antisémitisme que l’Eglise ne peut que combattre résolument."
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