mercredi 18 mars 2015

Comment une université belge méprise son propre principe quand il s’agit d’Israël

Ce texte nous a été envoyé par Watch : Antisemitism in Europe.  Il convient de signaler que ces incidents n'ont rencontré (VUB et ULB) aucune opposition publique de la part des milliers d'étudiants qui les fréquentent ni de la part du corps professoral.  On  pense tout naturellement à la situation que décrit Michel Houellebecq dans son dernier roman Soumission et qui pourrait devenir une réalité: "L'accord comportait-il une clause interdisant l'accès de la fac aux organisations juives?  Là encore ce n'était qu'un bruit, difficilement vérifiable, mais le fait est que l'Union des étudiants juifs de France n'était plus représentée, depuis la dernière rentrée, sur aucun campus de la région parisienne, alors que la section jeunesse de la Fraternité musulmane avait, un peu partout, multiplié ses antennes."
Des membres du projet «Watch : Antisemitism in Europe» ont envoyé un mail à la Vrije Universiteit Brussels (VUB) la semaine dernière afin de protester contre sa décision d’autoriser une vidéo-conférence avec Khalida Jarrar, représentante du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), une organisation considérée comme terroriste par l’Union Européenne et les Etats-Unis. Cette vidéo-conférence a été organisée par le mouvement de boycotte anti-israélien (BDS), dont des militants ont pris à partie la veille de la manifestation (le 3 mars) des étudiants juifs dans le campus de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), les traitant de « fascistes » et de « terroristes » dans un pays où des citoyens juifs ont pourtant été assassinés pas de vrais terroristes.

Dans sa réponse que le projet « Watch » a pu se procurer le 4 mars, l’université indique que la-dite manifestation publique concernait uniquement «la situation politique et sociale en Israël» et «non l’antisémitisme», niant ainsi le fait que les membres du mouvement BDS, dont le seul but est la délégitimation de l’Etat d’Israël, puissent avoir un lien quelconque avec l’antisionisme – une forme de l’antisémitisme contemporain, selon la «Définition de travail de l’antisémitisme». En outre, l’université s’est appuyée dans sa réponse sur son propre principe de la «libre recherche» (free inquiry) afin de se prononcer contre « la censure d’activités organisées par des étudiants ». En principe, la VUB ne souhaite adopter aucune position dans ce «conflit politique» mais dans les faits l’université a bel et bien pris parti en donnant carte blanche au mouvement BDS et au FPLP.

De surcroît, à lire le principe de la «libre recherche» de plus près, on ne peut que constater que celui-ci issu de la philosophie de Henri Poincaré est mal compris, voire méprisé par la VUB. Car Poincaré s’oppose clairement contre tous les dogmatismes, les parties, les intérêts et en général contre toutes les opinions préconçues pour ne s’intéresser qu’aux faits. Or les fanatiques du mouvement BDS et du FPLP représentent tout sauf les faits. Des spécialistes reconnus, à l’instar de Samuel Salzborn, ont déjà démontré que «la campagne BDS [est] une articulation d’intérêts palestinienne moralement imprégnée, au moyen de laquelle elle fait monter la pression politique sur Israël sur le plan international en encadrant la politique palestinienne». La campagne BDS réactive entre autres la parole nazie «N’achète pas chez les Juifs». Dans un rapport de 2013, le Centre Simon Wiesenthal a qualifié le mouvement BDS de «‘pilule empoisonnée’ anti-israélienne et antisémite à peine voilée, dont le seul but est la diabolisation, la délégitimation et la dissolution de l’Etat Juif». Est-ce cela la «libre recherche» qu’entend encourager l’université belge? Si les antisémites du BDS et du FPLP remplissent ses critères, pourquoi alors ne pas inviter Laurent Louis et Dieudonné M’Bala M’Bala?

La décision de l’Université Libre de Bruxelles de ne pas donner l’exemple en interdisant la haine antisioniste dans son propre campus dans le contexte de la violence antisémite actuelle en Europe est irresponsable et dangereuse. Elle contredit son propre mot en exergue «scientia vincere tenebras» et érige les opinions préconçues en vérité.

Texte disponible en anglais et en allemand 

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