Entourant Dieudonné, les avocats de Mehdi Nemmouche à gauche Sébastien Courtoy , à droite Henri Laquay |
Willy Le Devin, envoyé spécial de Libération à Bruxelles:
Jeudi à Bruxelles, les avocats du suspect de l’attaque du musée juif de Belgique en 2014 ont continué à plaider l’innocence de leur client, persévérant dans le complotisme qu’ils développent depuis sept semaines. Ce deuxième grand procès de l’ère jihadiste contemporaine s’achève sur un profond malaise.Lire l'article complet
La dichotomie donne le vertige. Alors que des milliers de personnes se sont réunies à Paris il y a dix jours pour combattre l’antisémitisme, des avocats ont défendu, à quelques centaines de kilomètres de là, une thèse complotiste chimiquement pure dans l’enceinte d’une cour d’assises. Se le seraient-ils permis si les victimes de l’attentat jugé - en l’occurrence la tuerie perpétrée le 24 mai 2014 à Bruxelles, dont Mehdi Nemmouche est suspecté - étaient autres que juifs? Jeudi, au cours de plaidoiries grotesques, les conseils du terroriste présumé, Sébastien Courtoy, Henri Laquay et Virginie Taelman, ont plongé leur robe et leur serment dans un abyme d’abjections. Certes, la morale n’est pas l’apanage d’une bonne défense. Mais l’épilogue de ce deuxième grand procès de l’ère jihadiste contemporaine (après celui d’Abdelkader Merah, frère de Mohammed Merah), laissera dans les mémoires le souvenir d’un immense malaise. […]
Mais l’audience va virer au cauchemar pour les familles. Par une insidieuse inversion des rôles, la défense de Nemmouche n’aura eu de cesse d’instruire le procès de Miriam et Emmanuel Riva. Ces touristes israéliens, férus d’art, étaient à Bruxelles pour leur anniversaire de mariage. Par le passé, les époux ont tous deux effectué des missions civiles pour le compte du Mossad, le plus connu des services secrets de l’Etat hébreu. Mossad ? Une aubaine pour les avocats du jihadiste. Et surtout leur passeport vers la bêtise. Durant les sept semaines d’audience, toutes les ficelles du complot juif mondial ont été savamment tirées. Une attitude «déplacée, indécente» pour le procureur Bernard Michel, qui impose «aux victimes le poids de leur propre mort».
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