vendredi 9 janvier 2015

Antisémitisme à l'école: l'athénée Emile Bockstael "judenrein" (Bruxelles)...

Et la petite victime se trouve sur le banc des accusés: "On peut toutefois imaginer que l'intervention de la LBCA [dont le président très actif est Joël Rubinfeld] et l'investigation du Vif/L'Express ne sont pas étrangères à cette réaction «rapide». Dans son courriel, l'échevine [Faouzia Hariche] s'inquiète de possibles «débordements médiatiques» (alors que pas une ligne n'était sortie sur cette affaire) au préjudice de la «mission pédagogique des enseignants de l'établissement qui travaillent pour une "école ouverte à tous"». Plus grave: elle prête à Sarah un rôle provocateur avec bien plus de force qu'elle ne condamne ses harceleurs présumés. « S'il est vrai que les faits reprochés aux camarades de classe étaient avérés, l'enquête a démontré, malheureusement, que Sarah a tenu des propos anti-palestiniens inacceptables.» D'où sort-elle cela? Sarah était discrète. Vu la configuration de sa classe, majoritairement pro-palestinienne, l'inverse eût été téméraire.


Par Marie-Cécile Royen @ Le Vif/L'Express, 09/01/15: L'athénée Emile Bockstael «judenfrei» (via Belgium Stands With Israel)

Victime de harcèlement, une adolescente juive a dû quitter l'athénée Emile Bockstael, à Laeken. Un échec à mettre au compte d'un antisémitisme ordinaire que les autorités bruxelloises sont impuissantes à maîtriser."

Dans cet établissement secondaire de la Ville de Bruxelles, à Laeken, il n'y a pas eu de manifestations ni de pétition pour s'inquiéter de l'absence de Sarah (prénom d'emprunt), lors de la rentrée de septembre 2014.

A 15 ans, elle aurait dû être en 4e latin-sciences avec tous ses camarades. C'était la dernière élève juive de l'athénée Emile Bockstael. Elle a rejoint la cohorte de ces jeunes juifs forcés, pour des raisons de sécurité, de migrer vers l'enseignement libre confessionnel. Le réseau public ne parvient plus à garantir le «vivre ensemble» entre ses murs. Du coup, les trois grandes écoles juives de la capitale sont submergées de demandes mais n'ont pas les moyens d'accueillir 30 ou 40 nouveaux élèves par an, surtout lorsque ceux-ci arrivent en cours d'année scolaire. La question se pose: doivent-elles s'agrandir alors que de nombreuses familles juives doutent de leur avenir dans le royaume de Belgique? L'opinion publique et le pouvoir politique se mobilisent-ils vraiment contre l'antisémitisme ? Beaucoup d'incertitudes planent.

Comme avant-guerre mais avec des variantes (l'existence de l'Etat d'Israël et le conflit israélo-palestinien), les membres de cette communauté représentent une toute-puissance fantasmatique: celle du lobby juif [opinion hélas partagée par certains enseignants sans que ça ne gêne personne], une sorte de gouvernement mondial. Mais une puissance toute théorique. Isolés, les jeunes juifs ne font pas le poids. Sarah l'a expérimenté, et ses frères avant elle. Sa famille habite – plus pour longtemps, la maison est à vendre – dans un quartier tranquille de Laeken, à deux pas de l'athénée. La décoration chaleureuse trahit l'origine marocaine du père. La mère est d'origine ashkénaze polonaise et française pied-noir d'Algérie. La famille est observante et très impliquée dans la communauté. Ce qui n'empêche pas l'ouverture aux autres. «J'aurais voulu que ma fille ait des amis de tout bord, confie sa maman. Moi-même, j'ai fait mes études à Bockstael. On était davantage de juifs, il n'y avait pas de problème. Aujourd'hui, j'en arrive à me culpabiliser de l'avoir laissée dans cette fosse aux lions.» Car, comme tous les enfants, Sarah ne lui avait pas raconté les petites vexations qu'elle subissait au quotidien de la part de certains camarades musulmans. [...]

Vint le Mundial. A 14 ans, on ne réfléchit pas. Sarah s'est affichée sur Facebook grimée aux couleurs de la Belgique, un drapeau tricolore sur les épaules et un autre, israélien, entre les mains. C'est l'époque de l'opération Bordure Protectrice: l'armée israélienne pilonnait la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquettes du Hamas, faisant des centaines de victimes. Un tombereau de 288 messages d'insultes et de menaces s'est abattu aussitôt sur le Facebook de la jeune fille, certains émanant de ses camarades de classe, d'autres d'amis de ceux-ci, que la gamine ne connaissait même pas. C'était l'incident de trop. Ses parents décident alors de la retirer de Bockstael, comme ils l'avaient déjà fait pour leurs deux fils, des jumeaux âgés aujourd'hui de 23 ans, et pour le même genre de raison: des intimidations à caractère antisémite.
Seul l'aîné de leurs trois fils avait pu terminer ses études dans cet établissement bruxellois en suivant le cours de religion juive. C'était une autre époque, une autre population scolaire. Les parents ont choisi la morale laïque pour les enfants suivants, par souci de discrétion. L'épisode Facebook a réactivé leur sentiment d'être victimes d'une injustice, abandonnés. Le 20 août, la mère de Sarah laisse parler son cœur dans un courriel adressé à l'échevine de l'Instruction publique. L'objet est dénué d'ambiguïté : «Changement d'école pour cause d'antisémitisme . Son appel reste sans réponse. [...]

On peut toutefois imaginer que l'intervention de la LBCA et l'investigation du Vif/L'Express ne sont pas étrangères à cette réaction « rapide ». Dans son courriel, l'échevine s'inquiète de possibles «débordements médiatiques» (alors que pas une ligne n'était sortie sur cette affaire) au préjudice de la «mission pédagogique des enseignants de l'établissement qui travaillent pour une "école ouverte à tous"». Plus grave: elle prête à Sarah un rôle provocateur avec bien plus de force qu'elle ne condamne ses harceleurs présumés. « S'il est vrai que les faits reprochés aux camarades de classe étaient avérés, l'enquête a démontré, malheureusement, que Sarah a tenu des propos anti-palestiniens inacceptables.» D'où sort-elle cela ? Sarah était discrète. Vu la configuration de sa classe, majoritairement pro-palestinienne, l'inverse eût été téméraire.
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Lire également: Prof belge s'en prend aux "babines haineuses" des Français qui défendent Charlie, s'attaque aux Juifs, défend Dieudonné etc..

1 commentaire :

Anonyme a dit…

"Comme avant-guerre mais avec des variantes (l'existence de l'Etat d'Israël et le conflit israélo-palestinien), les membres de cette communauté représentent une toute-puissance fantasmatique: celle du lobby juif. Mais une puissance toute théorique. Isolés, les jeunes juifs ne font pas le poids."
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Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage.

ps: c'est quasi impossible de "prouver que l'on est pas un robot" avec votre nouveau test : il faut s'y reprendre à 10 fois et parfois même on abandonne...