Fernando Pessoa |
"Dans l'imaginaire du métissage, le juif est un ancêtre inquiétant. Le désir de refoulement fut symbolisé par la violence avec laquelle la police secrète de Salazar se déchaîna contre deux pages d'un ouvrage paru en 1938 qui affirmaient l'origine néochrétienne du dictateur: elle se mit en quête des exemplaires vendus jusque dans les maisons privées pour les amputer de ces pages compromettantes.Carsten L. Wilke, Histoire des juifs portugais, Chandeigne, Collection Péninsules, 2007, p. 243-244.
Cependant, Salazar ne dédaigna pas pour autant d'inaugurer en personne le Musée luso-hébreu ouvert en 1939 à Tomar. A fortiori, le courant libéral a souligné l'apport des nouveaux-chrétiens à la nation portugaise, qui leur devrait notamment leur lucidité critique et leur faculté d'abstraction. Ce sont "des caractères vaguement typiques d'un juif portugais" que le poète Fernando Pessoa attribua, dans une lettre écrite en 1935, à Ricardo Reis, l'un de ses trois "hétéronymes", un médecin de Porto partisan d'une esthétique néoclassique et d'une politique monarchiste. Pessoa et d'autres ont attribué des origines juives à la mélancolie, au sentiment d'exil, à l'esprit messianique et à la nostalgie du passé (saudade) qui caractériseraient le tempérament portugais."
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Le marranisme (Carsten L. Wilke)
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