vendredi 11 mai 2018

"Vu le climat d’antisémitisme, j’ai dû mettre mes filles dans une école juive"


Marie-Estelle Pech @ Le Figaro:
"[...] Si, dans le XVIe arrondissement de Paris, les élèves juifs sont souvent scolarisés dans le public «de bon niveau et bien fréquenté», c’est moins vrai dans l’est de la capitale où l’on peut être plus tenté par l’enseignement juif.  «J’ai fait mes études au lycée public Arago, place de la Nation», raconte Simon*, un informaticien du XIe arrondissement, «mais vu le climat d’antisémitisme, j’ai dû mettre mes filles dans une école juive». Très discrètes pour des questions de sécurité, ces écoles ont instauré des sas de sécurité impressionnants, avec vitres sans tain et code de sécurité à l’entrée.

Un arsenal renforcé après les assas­sinats commis à l’école Ozar Hatorah de Toulouse, en 2012. «Les enfants font tout pour se fondre dans la masse mais les faits les rattrapent. On les ramène à leur identité juive, on les insulte, ils sont pris à part. Plus rarement, ça va jusqu’aux coups. Parfois, ce sont les enseignants qui font des réflexions…», raconte Yaël *, mère de cinq enfants. «Une famille vient d’inscrire ses enfants chez nous car les camarades de ses filles, inscrites à l’école publique, chuchotent sur son passage: «Méfie-toi! Elle est juive!», raconte Elie Ebidia. [...]

Que deviennent les anciens élèves? La plupart de ceux de Yabné partent à Dauphine, en médecine, en droit et dans des écoles de commerce. Par crainte de l’antisémitisme et d’un avenir économique incertain, beaucoup partent à l’étranger. Et plus d’un tiers des bacheliers fréquentant les écoles juives partent faire leurs études en Israël, selon Patrick Petit-Ohayon, responsable du secteur éducation au FSJU - Fonds Social Juif Unifié. Une tendance induite par les lycées français eux-mêmes puisque beaucoup participent au programme «bac bleu-blanc», chaque année en décembre, coorganisé avec l’Agence Juive. Pour renforcer l’identité juive des élèves, ils visitent des lieux emblématiques de l’histoire d’Israël, pendant une dizaine de jours. Mais ils découvrent surtout ce qu’Israël leur propose après le bac: études universitaires, Tsahal, service civil. Certains reviennent. Mais beaucoup s’y installent aussi définitivement."
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* Prénom modifié, la plupart de nos interlocuteurs ont demandé l'anonymat.

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