vendredi 28 septembre 2018

"Dans l'abandon d'Israël, c'est l'Europe qui s'abandonne" (GIlles-William Goldnadel)


Gilles-William Goldnadel est président d'honneur de l'Association France-Israël.
Tribune publiée dans Le Figaro, Conflit israélo-palestinien: «Le regard biaisé des Européens sur Israël»
[…] Contrairement aux Américains, les Européens demeurent quasiment mutiques sur la pratique de l'Autorité palestinienne d'indemniser les familles des terroristes. Pourtant, une partie de l'argent utilisé ne peut venir que des subventions versées par l'Union européenne. On peut comprendre que certains contribuables européens puissent s'émouvoir de cette situation.
Le même mutisme est à constater à l'égard de l'éducation à la haine des enfants de Palestine encouragée dans les écoles gérées par l'Autorité palestinienne. Le nouveau programme scolaire continue de prodiguer les vertus de la violence et du sacrifice de la vie dans le cadre d'une martyrologie antisémite et antisioniste inchangée. («Rapport Impact-se», 20 septembre 2018.) 
L'Union européenne, qui condamne théoriquement de sa main droite la mise à l'index de l'État juif, continue de verser de la main gauche des subsides à des ONG qui soutiennent le boycott d'un État d'Israël dont elles contestent l'existence. («Rapport Im Tirtsou», 25 mai 2018.) 
Par la voix de sa représentante, Federica Mogherini, la Communauté européenne a dit sa «préoccupation», au regard du droit des minorités, lors du vote par la Knesset d'une loi fondamentale proclamant Israël, comme l'État-nation du peuple juif. Une telle immixtion dans un processus législatif qui ne faisait finalement qu'entériner la décision onusienne de 1947 a ulcéré de très nombreux Israéliens, de toutes tendances. Ils ne se souviennent pas des protestations européennes à l'égard de l'Autorité palestinienne programmant un État de Palestine arabe et musulman, ou à l'égard de l'ensemble des États arabes qui proclament uniment la religion musulmane religion d'État, quand ils n'appliquent pas la charia. 
Dans les aréopages internationaux, de nombreux États européens (à l'exception notable du groupe de Visegrad) apportent leurs voix aux résolutions systématiquement et radicalement anti-israéliennes. L'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à son départ, avait déploré un tel systématisme et une telle outrance. Certains pays européens, dont la France, se seront mêmes égarés à l'Unesco en niant les liens historiques entre Jérusalem et le peuple juif. Plus récemment, à l'ONU, certains auront refusé de condamner les errements du Hamas terroriste à Gaza. 
Enfin, et en dehors même du drame complexe de la Palestine, le silence européen à l'égard de l'agressivité d'une République islamique intolérante qui inscrit «Israël sera détruit» sur ses missiles et qui vient de se voir accordée en août par l'Union européenne une aide financière de 18 millions d'euros est considéré par les Israéliens de toutes obédiences comme un abandon pur et simple.
À notre époque où les peuples européens eux-mêmes s'inquiètent de l'idéologie mortifère d'une Europe politique multiculturaliste, il n'est pas interdit de craindre que, dans l'abandon d'Israël, c'est l'Europe qui s'abandonne.
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