samedi 3 février 2018

A lire absolument: 'La mort de Fernand Ochsé' par Benoît Duteurtre

"(...) puis de m'imaginer Fernand Ochsé en cet été 1944 sur le quai de la gare de Bobigny, aligné devant le train avec son épouse, tous deux réduits à rien et envoyés à la mort par une machine démente.  Voilà qui rend consternantes les discussions de comptables en regard de cette question lancinante: comment l'Europe civilisée a-t-elle pu sombrer dans cette barbarie?

Je n'aimerais pas, toutefois, que l'histoire de Fernand Ochsé se réduise à un épisode de la Shoah quand il avait consacré toute sa vie à la musique, à la littérature, à la peinture, aux joies de l'amitié et aux objets rares. Et je ne crois décidément pas que cet homme au sourire si doux eût aimé se voir réduit à une figure tragique.  C'est pourquoi j'ai voulu d'abord célébrer cette vie parisienne, cette légèreté et cette joie de vivre qui avaient donné un sens à sa vie: cet esprit qui ne l'a pas tué, mais qui a commencé à mourir avec lui."

Fernand Ochsé par Louise-Catherine Breslau

Présentation de l'oeuvre par Fayard:
"On a oublié combien Paris fut une ville heureuse : capitale des plaisirs où les plus grands artistes adoraient le café-concert, le music-hall et l’opérette aux mille succès repris dans le monde entier. 
De 1900 à 1940, Fernand Ochsé fut un personnage central de cette fabrique d'enchantements. Dandy proustien de la Belle Époque, tour à tour dessinateur, compositeur et décorateur, il allait contribuer à d'importantes créations théâtrales, mettre le pied à l'étrier du jeune Arthur Honegger, collectionner les tableaux rares et les objets étranges. 
Son goût de la douceur de vivre ne l'empêchera pas de se voir rattrapé par la brutalité de l'histoire et d'embarquer, comme juif, dans le dernier convoi pour Auschwitz. 
A travers son destin, c'est au basculement d'un monde que nous assistons. Basculement d’autant plus tragique que presque rien n'a subsisté de cette école de la légèreté souvent dédaignée dans la seconde moitié du XXe siècle. Artiste plein de charme dans l'ombre d'amis plus illustres, Fernand Ochsé est un guide idéal pour redécouvrir ces années modernes et joyeuses qui ont tant contribué au mythe parisien."
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2 commentaires :

Anonyme a dit…

Ce homme dont l''existence m'était parfaitement inconnue a donc été déporté dans le train qui a quitté la gare De Bobigny pour Auschwitz où se trouvait Eugénie la nièce de mon père , ce n'était pas le dernier convoi pour A. mais le dernier partant de Paris.

Anonyme a dit…

Merci pour la précision.